Je ne vais pas vous mentir , j'ai adoré .
A travers une cinquantaine de courtes nouvelles, Delerm nous fait partager sa passion du sport.
Lui même ancien sportif , on sent dans chaque récit l'étincelle du passionné. Et , à travers une langue belle et maitrisée, il arrive à nous communiquer cette flamme et surtout à faire passer des émotions et à réveiller des souvenirs .
Si j'avais dû écrire un livre , j'aurais aimé regrouper moi aussi quelques anecdotes sportives. Moi aussi, plus jeune, je voulais être titreur à L Equipe !
Comme Delerm , le multiplex de foot m'a transcendé à une époque où le cathodique n'avait pas infesté ce sport, comme lui, j'ai subi les tournois de ping-pong du petit :)))).
Moi aussi Zidane, Jean Pierre Rives, Roger Couderc, la finale de coupe Davis gagné par la bande à Noah avec Leconte et Forget,le 8 juillet 82 à Seville (j'avais 11 ans et je m'en souviens comme si c'était hier !), la gentillesse de Doucouré, les frasques de Cantona ou la chevauchée de Pantani , moi aussi tout cela m'a fait rêver.
Peut être faut il avoir un jour , comme Delerm ou moi plus modestement, enlevé son survet et s'être dirigé vers la chambre d'appel d'une compet d'Atlhé pour goûter pleinement ce livre .
Pourtant, allez une dernière. "Au départ de la balle , j'suis pas sûr"... Même si l'on n'est passionné , on a bien un tonton qui l'a sortie cette phrase mythique de l'aficionado de football qui étale sa connaissance de la règle du hors jeu.
C'était l'avant dernière, en fait.On ne peut occulter non plus le regard acerbe de l'auteur sur les travers de ce sport: Sa tristesse devant ce qu'est devenu le rugby, son dégoût devant un pourri comme Amstrong...
Voilà, c'est beau, c'est bien écrit, ça fait bouillonner le sportif qui sommeille en , presque , chacun d'entre nous.
C'est intelligent , et c'est déjà beaucoup.
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VOLUPTÉ [vɔlypte] n. f. (lat. voluptas). 1. Plaisir sensuel, intense et raffiné ; vive jouissance, délectation : boire avec volupté. 2. Plaisir sexuel. 3. Caractère sensuel, lascif de quelque chose : la volupté d'une danse.
Malgré le contexte des célébrations du moment, "tranchée d'Arenberg" ne signifie pas qu'il s'agit d'un livre de plus sur la guerre de 14-18. Même si on n'y connaît rien en vélo, on s'en doute un peu. Ne serait-ce parce que celui qui associerait la "grande guerre" et ses horreurs à des voluptés, même sportives, ferait montre d'un esprit on ne peut plus démoniaque ou, au mieux, complètement masochiste qui ne ferait que renforcer la pertinence du classement de "Cinquante nuances de Grey" dans la même catégorie que "T'choupi reçoit une fessée" !
Toutefois, à un degré différent, on ne peut pas exclure totalement le masochisme. Car associer dès le titre la notion de volupté et la "tranchée d'Arenberg", partie pavée du parcours de la course de vélos Paris-Roubaix, également surnommée "l'enfer du Nord" par les "forçats de la route" que sont les cyclistes, n'est peut-être pas si innocent que cela.
En tout cas, le mot "sport", lui, est bien celui qu'il faut retenir comme majeure du bouquin. Et plus particulièrement une collection d'instants sportifs.
Ceux-ci ne sont pas forcément historiques ou remarquables, mais toujours perçus sous un angle très personnel, et offrent le plus souvent une vision filtrée et décalée du sport. Cette profusion d'anecdotes, déconnectées les unes des autres et toutes racontées sur deux petites pages, ainsi que la variété des situations, des époques, des activités, des héros, veulent exprimer tout l'amour de l'auteur pour le sport et les aventures humaines associées, et ainsi tentent d'esquisser tout cet univers humain de l'effort et de la conquête physiques en un panorama très impressionniste.
Mais dans tout ceci, finalement la volupté manque. En effet, les deux pages par histoire ne permettent pas à celle-ci de pouvoir y glisser suffisamment de plaisir et de sensations pour être au rendez-vous des promesses du titre. Résultat l'émotion passe mal, n'arrive pas à se diffuser (peut-on parler d'onanisme littéraire pour de telles voluptés non partagées ?). C'est probablement dû à des textes trop courts ! Car une certaine idée de la volupté paraît difficilement compatible avec la rapidité, la synthèse, le global.
Finalement, l'explication serait peut-être à chercher dans la proposition d'une approche stoïque du sport (on est là pour en baver scrogneugneu !) et du texte (deux pages et pas une de plus !). Et les voluptés proposées seraient celles résultant de l'atteinte de cet idéal !? Mouais… Mais, au bout du compte, c'est pas très jouissif !
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J'aime le sport et j'aime la littérature et les belles écritures, autant dire que j'ai été heureux à la lecture de ce livre.
J'ai surtout apprécié de pouvoir revivre des moments de vives émotions, car le sport au dela des performances sportives, c'est avant tout des émotions et des souvenirs marqués au fer rouge, merci à l'auteur de nous permettre de les revivre.
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C'est un Nord indécis, aux marches de l'enfer, dans une glaise mentale qui prend à contre-pied les velléités pascales du sous- bois. S'y enfoncer,ne pas s'enliser pour faire partie des rescapés, ceux qui se trouveront en tête au presque bout du bout: le carrefour de l'Arbre. S'il pleut , la boue, s'il fait beau, la poussière. Les cuissards, les maillots fluo vont s'effacer dans le brun cendre, le sépia ; les photos seront d'autrefois.
Ca n'a l'air de rien, mais ce n'est pas évident de descendre rapidement d'une chaise d'arbitre quand tout un central, quand toutes les caméras de la télévision se focalisent sur vous. Il faut se lever, se retourner, aborder les échelons sans se casser la figure. La silhouette a beau être honorablement déliée, elle fait contraste avec les chassés-glissés des virtuoses de la terre battue.
Les sauteuses en hauteur ont la réponse, le secret. Elles portent souvent des noms slaves, l'idée de blondeur leur va bien, et celle d'une maigreur sublimée qui devient la beauté parfaite. Mais il y a des lianes brunes aussi, qui ôtent leur bandeau juste à la fin du saut, secouent leur chevelure quelques secondes, pour nous faire croire qu'elles sont de jolies jeunes femmes comme les autres. Mais personne n'est dupe. Lorsqu'on sait voler aussi longtemps, on ne fait que semblant de vivre sur la terre.
Et puis l'excitation, l'emphase des journalistes sont délicieuses. C'est la dix-huitième journée du championnat, il en reste vingt, mais chaque but est commenté comme si la face du monde allait en être changée. Tout ce cérémonial de voix apoplectiques, d'engouements pathétiques pour célébrer le presque prévisible, le tout à fait infime...
Et toutes les choses que l'on a manquées de justesse sont tellement pus grandes que celles qu'on a réussies.
https://www.laprocure.com/product/341705/delerm-philippe-new-york-sans-new-york
New York sans New York
Philippe Delerm
Éditions du Seuil
« Tous ces films regardés, toutes ces photos, tous ces albums, tous ces livres, non pas pour aller à New York un jour, mais un peu bizarrement pour ne pas y aller, pour préserver le secret d'une ville essentielle qui ne supporterait pas d'être tant soit peu violée par la réalité. »
Inventer sa vie, la rendre plus authentique et plus forte que la réalité, c'est la proposition que nous fait Philippe Delerm. Trouver dans les cartons des brocantes, sur les murs d'une chambre, dans les recoins de sa mémoire tous les trésors qui font les vrais voyages. Les tenir bien au chaud dans la main, les admirer quand on le veut. Se réjouir de vivre si fort avec si peu de choses. ©Éditions du Seuil
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