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EAN : 9782021056501
128 pages
Seuil (20/08/2015)
3.34/5   322 notes
Résumé :
Un recueil de nouvelles sur les plaisirs transgressifs du mojito, la surprise provoquée par l'averse, la perfection de la pastèque, la nostalgie, l'amour et le bonheur.
Elles sont nombreuses, les belles raisons d’habiter sur terre. On les connaît, on sait qu’elles existent. Mais elles n’apparaissent jamais aussi fortes et claires que lorsque Philippe Delerm nous les donne à lire.
Goûter aux plaisirs ambigus du mojito, se faire surprendre par une averse... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (92) Voir plus Ajouter une critique
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sur 322 notes
Regarder remuer les lèvres d'un petit garçon qui apprend tout juste à lire tout seul, se lancer au centre de la piste alors qu'on ne sait pas danser, s'improviser un apéro avec les voisins, s'abriter de la pluie, une soirée d'été qui s'éternise sur la plage, le pique-nique sur une aire d'autoroute, des cheveux relevés qui dévoilent une belle nuque, le goût transparent de la pastèque... et les eaux troubles du mojito.

Tous ces moments du quotidien, à la fois sucrés et salés, mélodieux, d'une infinie tendresse et empreints d'une certaine nostalgie, se rappellent à nous. Philippe Delerm nous offre un petit cocktail mélancolique, à la fois doux-amer et pétillant. Ce petit recueil d'une quarantaine de textes se picore, se déguste et se ressent à l'envi. Une écriture savoureuse, poétique et élégante qui dessert à merveille ces belles raisons d'habiter sur terre...
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Je me suis dit : dans une floppée de "nouvelles" rassemblées en un petit livre, j'aimerai bien, quand même, trouver un fil directeur !
Eh bien, je l'ai trouvé :
Philippe Delerm est un philosophe pratique : c'est un capteur de bonheurs, les petits bonheurs insignifiants que l'on entrevoit à peine si l'on est pas attentif comme lui.
Toutes ces petites nouvelles d'une page ou deux évoquent, dans la grisaille du quotidien, une minute ou une heure de bonheur, un rendez-vous du présent, du carpe diem à déguster, sur le coup d'une convivialité clanique, d'un imprévu, d'une solidarité occasionnelle, d'une atmosphère créée par la magie de l'endroit ou des circonstances, un compagnonnage, et même de la connivence virtuelle.
Ce sont ses mots, que j'ai pris au hasard des pages ; son style est très bon, il décrit avec intensité les petits bonheurs insignifiants, quand il s'attarde sur la première page de Tintin, ou qu'il a pitié d'Assurancetourix...
Il révèle toute sa psychologie des rapports humains quand il écoute quelqu'un prononcer une phrases bateau comme :
"Chez nous, c'est Guignolet !" phrase qui, la plupart du temps, casse la rigidité de mise, fait tomber les masques, fait communiquer ceux qui sont sur leur quant à soi ! Il relève plein de phrases de ce type, on dirait moi petit observant mon grand père.
En effet, il est de ma génération, la génération 68, il a gardé les cheveux longs, et les passages de convivialité au coin du feu, la création d'une atmosphère où l'on se sent bien, avec la famille ou les amis, et ceci me parle grandement !
.
Le passage sur la voix de Philippe Noiret, que j'adore également, est sublime ! D'ailleurs, j'hésitais à mettre un beau passage sur les femmes en citation, mais je vais mettre ces lignes sur Noiret :)
.
Et puis, en conclusion, une des rares nostalgies du livre, Delerm écrit une nouvelle philosophique sur le temps qui passe, ... à l'image de Barbara et tant d'autres :
Dis !
Quand reviendras-tu ?
Dis ! au moins le sais-tu ?
Que tout le temps qui passe
Ne se rattrape guère...
Que tout le temps perdu
Ne se rattrape plus !

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Comme je voulais passer pour un vieux con, je me suis dit qu'il fallait un jour que je lise Philippe Delerm. Voilà, c'est fait.

Est-ce que je suis plus vieux qu'avant ?
ou plus con ?

Après être sorti d'une eau trouble, celle de mon pastis, probablement, j'émerge tel un iceberg devant le Titanic. C'est que j'aime bien rajouter un glaçon dans le pastaga. Je sais bien que la mode ces dernières années est de boire un mojito en terrasse. Ou un Spritz. Mais voilà, j'aime pas le spritz, qu'il soit campari ou aperol, mon côté contre-culture. D'un autre côté, c'est la seule histoire de ce fascicule qui a retenu mon attention. Alors en terrasse, je commande toujours une pinte de Chouffe, et je regarde le soleil dans les yeux des filles qui ont un verre de Spritz ou de Mojito sur leur table, parce que les nanas ne s'assoient jamais au comptoir. C'est trop collant. Alors, voilà, le serveur me sert - normal c'est son taf - ma pinte, et là, tu vas me sortir la première gorgée de bière. Mais non, tu vois, je n'ai même pas envie. Je préfère la déguster en silence que la lire. La bière, c'est intérieur, chez moi, c'est silence, c'est certes un petit bonheur, comme celui d'ouvrir un roman. D'ailleurs il faut que je choisisse le prochain, avant que j'ai fini mon verre et sa dernière gorgée de bière.

Allez, les ami(e)s, aujourd'hui, c'est férié, alors je descends à la cave, voir si j'ai pas une bouteille de Saint-Joseph à déboucher. Au moins, ce roman m'aura donné cette envie...
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"Souvenons-nous du présent. Vivons dans le présent. Avec le sentiment que c'est presque impossible". Je crois que si il n'y avait qu'une seule citation que je retiendrais pour résumer cet ouvrage, c'est bien celle-ci. Vivons la vue au jour le jour, sans ne penser ni à hier ni à demain, savourons chaque petit plaisir de la vie tel qu'il nous est donné de les voire, de les entendre ou encore de les partager. le plaisir d'être en vie tout simplement, le bonheur qui va plus ou moins avec , s'émerveiller d'un petit rien...chose que l'on a trop tendance à oublier (moi la première), obnubilés que nous sommes par chaque petit tracas du quotidien. Et si nous vivions tout simplement pour commencer ? le reste suivra...assez tôt pour que l'on s'en préoccupe !
Philippe Delerm possède cet art de nous éblouir avec ses petits riens du quotidien, qui, noyés dans l'horreur de le monde environnant (et l'on peut dire que c'est on ne peut plus d'actualité en ce moment) peuvent encore, si l'on s'en donne la peine, nous éblouir et nous montrer que la vie sait être belle quand on sait la regarder !

Un petit bijou qui se lit très rapidement et qui nous fait beaucoup de bien ! Vous vous demanderez probablement pourquoi je n'ai pas mis la note maximale à cet ouvrage dans ce cas-là ? Tout simplement parce qu'il y a certains passages, qui, au vu de ma génération décalée avec celle de l'auteur, ne m'ont pas parlés et dans lesquels je me suis sentie un peu perdue. Je vous rassure cependant, ces derniers sont extrêmement rares et c'est la raison pour laquelle je ne peux que vous recommander cette lecture, quel que soit l'âge que vous ayez !
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C'est pas que je sois contre l'éloge des petits riens du quotidien hein, j'ai moi-même parfois tendance à poétiser n'importe comment sur tout et n'importe quoi (n'importe comment surtout).

Oui mais voilà, Monsieur Delerm et moi ne sommes vraisemblablement pas sensibles aux mêmes riens. C'est joliment écrit tout ça, mais mise à part l'évocation des pianistes de Saint-Lazare ("Les virtuoses du passage"), ses sujets ne me parlent pas.

Mes premières lectures de l'auteur il y a longtemps, période "première gorgée de bière etc", ne m'avaient pas plus inspirée. Je m'y risque une dernière fois, et voilà, encore raté.

« Trop de rien installe une réaction chimique qui nous dépasse »... Ah oui tiens, ça doit être ça, je me sens chimiquement dépassée. En outre la tendance mojito c'est pas trop ma tasse de thé, donc déjà c'était mal barré.


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Citations et extraits (77) Voir plus Ajouter une citation
On fête la convivialité de se retrouver en terrasse, de parler sans restriction. Prendre un cocktail c'est chaud. Il y a souvent des couleurs d'îles, des rouges tropicaux, des saveurs de noix de coco, un petit côté soleil club med à boire au deuxième degré, en se moquant de sa propre soif, d'une gourmandise enfantine que le rhum va créoliser.
Et puis il y a le mojito. Trrrrrr ouille ouille ! Le mot est sud américain . Mais on attend bien autre chose. On a beau continuer à suivre la conversation, feindre l'indifférence, quand le serveur dépose le verre sur la table, on sent qu'une aventure commence.
C'est tellement pervers, tellement trouble. D'emblée, une invit à plonger, à s'embarquer vers des fonds sous marins qu'on aura bien du mal à maîtriser. On va nager à la recherche d'une épave, peut être, ou bien pour caresser des algues étranges , qui veulent emprisonner ou caresser, l'équivoque est tentante.
Le mojito, c'est à la fois opaque et transparent. Dans les verts bien sur mais dans les noirs aussi, avec des zones un peu plus claires, à la surface et des mystères insondables tout au fond de l'apnée. On y trempe les lèvres, surpris de cette fraîcheur qui sait prendre les oripeaux d'une moiteur de marigot. Tout cocktail impose une consommation lente, entrecoupée de pauses, d'abandons et de retours. Avec le mojito on ne domine rien. La dégustation devient fascination et c'est lui qui commande. Le plus étonnant est cette persistance du sucre dans une mangrove aux tons si vénéneux. On se laisse pénétrer par une fièvre froide, on s'abandonne.
Au bout de cette errance glauque on sait que vont venir une chaleur et une euphorie. Mais il faut dériver dans la forêt de feuilles de menthe ne pas craindre de s'engloutir, abandonner l'espoir de la lumière. Nager toutes les transgressions , se perdre, s'abîmer, chercher infiniment, descendre. Alors montera le plaisir.
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Fin juin. On va dîner dans le jardin. On a mis des photophores un peu partout, sur l'appui des fenêtres, accrochés aux branches du vieux cognassier, du pommier. Sur le coup de dix heures il a fallu enfiler un pull, mais il ne fait pas froid, et puis tout le monde a envie de rester là. On a bu un peu trop, mais les amis habitent à cinq cents mètres, ils sont venus à pied. Des amis de presque toute la vie, aucune gêne. On déguste même quelques instants de silence, après le fromage et le dernier verre de saint-joseph - j'aime bien ce vin, il a une sorte de chaleur douce.
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Parfois, elles nouent leurs cheveux dans une salle de café, ou sur la plage. Elles ont le temps de préparer une épingle, et elles la gardent pincée dans leurs lèvres pendant qu'elles disciplinent leur coiffure. Il y a alors un joli décalage entre l'expression de leur bouche, tendue dans une moue presque grimacière, et la solennité royale de leur port de tête, de leur offrande à l'espace.
Rien de naturel dans tout cela. Elles font ce qu'elles veulent de leurs cheveux, et plus encore de nous, prisonniers éblouis. Elles savent.
Page 80 "elles savent"
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Spritz. Le mot jaillit avec un pétillement un peu abrupt, effervescent, comique. C'est presque par dérision qu'on le rattache à la matérialité languide de ces boissons couleur soleil qui donnent le ton à toutes les terrasses de café vénitiennes. Soleil orange ou soleil rouge ? Spritz aperol ou campari ? A chaque fois, on hésite. Pas seulement pour le goût mais pour le choix de la lumière. Le campari est plus amer, plus sauvage, plus absolu. Sa luxuriance appétissante cache une force inattendue. L'aperol ne glisse pas jusqu'au sucré, mais l'éclat de son orangé mène vers une douceur subtile. Ils semblent faits pour la comparaison, la liberté du choix, le plaisir absolu de les voir se côtoyer sur la petite table blanche. Dans les verres évasés, tous deux ont des volutes lourdes. Ils donnent envie de se taire, d'attendre avant de les goûter.
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Bien sûr, le mot spritz n'est pas italien. Ce sont les Autrichiens qui l'ont inventé, en envahissant la Vénétie au tout début du dix-neuvième. Ils ne supportaient pas la force des vins italiens, et les étendaient d'eau, ou plutôt les aspergeaient, sens de ce verbe spritzen, au dynamisme un tantinet ridicule. Par la suite, les autochtones épousèrent l'idée à leur manière, mêlant leur vin blanc prosecco à l'eau de seltz, et ajoutant surtout la magie de la couleur, l'essence du soleil, aperol, campari.
Au-delà des fondamentaux, chaque cafetier vénétien possède ses dosages, ses secrets. On ne boit pas "le" spritz, comme on dit "le" pastis sur le port de Marseille, avec l'article défini qui sacralise le rite. On boit "un" spritz, soumis à l'alchimie d'une décantation qu'on ne domine pas. A Venise, il faut se laisser faire.
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Rentrée littéraire 2023 - "Les Instants suspendus" de Philippe Delerm
« Ce n'est pas un éblouissement, pas une surprise. On est tout à coup dans cette lumière-là, comme si on l'avait toujours habitée. On vient de sortir du tunnel. le train n'a pas changé de cadence, il y a juste eu un petit crescendo dans la musique, moins un bruit de moteur qu'une tonalité nouvelle, offerte au vent. Une infime parenthèse entre deux talus, et d'un seul coup : le paysage. Montagne, lac ou forêt, château en ruine ou autoroute, on sait tout absorber, tout devenir. »
Comme on les chérit, ces instants suspendus dans nos vies. Passer le doigt sur une vitre embuée. La mouche de l'été dans la chaleur de la chambre. le jaillissement du paysage à la sortie du tunnel ferroviaire…
Philippe Delerm n'invente pas ces moments, il les réveille en nous. Il leur donne une dimension d'horizon infini. On ne savait pas qu'on abritait tous ces trésors, Delerm les met en écrin. Entre humour subtil et nostalgie, un recueil dans la droite ligne de ses grands succès, La Première Gorgée de bière, La Sieste assassinée ou Les Eaux troubles du mojito.
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