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sur 213 notes
A la manière de ce qu'il partage avec nous, j'avais des impressions sur mon histoire avec Philippe Delerm. Une impression juste, celle de l'avoir découvert il y a bien longtemps au moment de la sortie de la première gorgée de bière, à la fin des années 90 (il y a environ 25 ans, aïe ça fait mal !). Une impression fausse, celle d'avoir immédiatement enchaîné avec La sieste assassinée et de m'en être du coup lassé et de ne plus l'avoir lu. En fait, grâce à une liste que je me suis constitué (avant que des sites comme Babelio n'existent pour nous permettre de garder une liste de nos lectures), je me rends compte que j'ai lu La sieste assassinée près de 8 ans après La première gorgée de bière... et que j'ai lu 4 ans plus tard Traces (au moment de sa sortie, je me rappelle maintenant que c'était un cadeau qu'on m'avait offert).

Philippe Delerm n'imprime la mémoire que de façon fugace, sans précisions. Ses instantanés, sa marque de fabrique, sont pourtant plutôt bien trouvés la plupart du temps. Ils expriment parfois la nostalgie de moments, d'objets passés de notre enfance, retranscrivent parfois parfaitement l'époque (par le biais ici d'objets et comportements d'aujourd'hui, cigarette électroniques, selfies, scrolling et conversations sur portables). L'angle choisi pour aborder ses moments est toujours légèrement différent selon le livre. Des plaisirs minuscules du début, on passe ici aux gestes qui nous trahissent... ou plutôt qui nous disent comme le précise ici Delerm, la nuance est importante. Nos gestes ne sont pas toujours révélateurs de ce que l'on voudrait cacher, ils sont parfois position assumée, renforcement de la parole. Ou même remplaçant de la parole quand elle ne parvient plus à remplir sa fonction, comme ce doigt passé sur la joue délicatement pour consoler un ami dans la peine et que Delerm parvient à parfaitement décrire, tout en précision millimétrique et en nuances.

Le style Delerm, parlons-en. Il est étrange comme il semble parfois parfaitement en adéquation avec son objet et parfois en décalage dans une trop grande complexité qui perd le lecteur. Et je ne saurais pourtant dire qu'il est fondamentalement différent entre chaque petit geste dépeint, là encore plus une impression qu'un constat, comme si l'exercice qu'il s'impose ne permettait pas à ses phrases de garder une cohérence d'ensemble.

Il m'a semblé voir que Delerm avait également publié un ou deux romans outre ses livres au format recueil de moments. le temps est peut-être venu pour moi de m'y pencher pour me faire une idée plus complète de la voix littéraire que propose Delerm, pour savoir si les impressions peuvent enfin se graver en moi et ne pas que m'effleurer en surface.
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Dans son dernier livre, L'extase du selfie et autres gestes qui nous disent, qui sort demain en librairie, Philippe Delerm l'inventeur et le pilier de l'instantané littéraire, continue sur sa lancée et sonde certains de nos usages numériques avec poésie.

Une quarantaine de textes pertinents et gentiment caustiques qui montrent à quel point, nos petits gestes nous trahissent Philippe Delerm nous décortique ces petits gestes disent de nous..

Philippe Delerm, sait, comme nul autre pareil, décrire ces instants, avec pertinence et acuité.

Le père de Vincent se veut une nouvelle fois le témoin attentif et attentionné des défauts et autres travers de ses contemporains, et débusque avec son regard perçant nos gestes les plus quotidiens, parfois décriés, régulièrement critiqués.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Delerm nous livre une observation fine, précise et agréable des gestes banals ou des plaisirs quotidiens tels que fumer ou vapoter, boire un verre, déambuler dans un appartement, pianoter sur un clavier, se gratter, s'asseoir à la terrasse d'un restaurant, tous ces éléments sont passés au crible de l'oeil acerbe du narrateur.
C'est une sorte de regard que le narrateur pose sur les choses qui se déroulent sous nos yeux, pour peu qu'ils soient attentifs et patients, comme une pellicule ou qui se présentent un tableau dont on a envie de découvrir tous les détails.
L'écriture très imagée et analytique sollicite l'imaginaire, l'attention et la concentration du lecteur, on n'est pas dans un texte qui enjoint à tourner les pages rapidement, pas de suspense après lequel courir, la lenteur est exigée. On est dans une pause méditative, la respiration tranquille du texte s'impose. le découpage presque scientifique des gestes nous contraint à suivre le texte pas à pas, la mécanique du geste est rendue consciente et est embellie par l'écriture.
L'écriture est un éloge de la lenteur, une pause qui s'impose pour pouvoir savourer l'écriture du livre. C'est une invitation au rêve, parfois les souvenirs d'un lointain passé ressurgissent à l'occasion d'un acte comme une madeleine de Proust.
Le livre est aussi une sorte de mise en abyme de l'écriture des romans, une métaphore de la vie dans son déroulé, vraisemblablement ce que vit et ressent l'auteur dans ces moments-là. N'est-il pas « l'extase du selfie » ? selon ses propres termes, où l'on s'observe soi-même devenant ainsi l'objet principal de notre propre regard mais aussi celui des autres lorsqu'on le partage.
C'est un livre court dont l'écriture est littéraire, chaque chapitre court fait l'objet d'une observation minutieuse et d'une écriture concise, c'est un texte qui se savoure en gourmet de la lecture.
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Rendez-vous incontournable avec Philippe Delerm, j'aime retrouver ses petits textes du quotidien, où chacun s'y retrouve. C'est plaisant, décontractant, une vrai thérapie du simple. Laissez-vous bercer par cette douce mélodie des jours de tout à chacun, des gestes anodins mais ô combien révélateurs, laissez-vous emporter par les souvenirs, la mélancolie heureuse d'une vie qui passe sans chaos ni heurts, juste l'essentiel d'apprivoiser le quotidien dans la lueur du matin et parcourir son chemin, les mains dans le dos, et vivre de menus bonheurs à picorer ici et là.
Je suis toujours admirative du talent de pouvoir écrire sur un objet, un geste, une attitude, Philippe Delerm est le photographe poète de lambda.

Simple mais efficace pour une lecture toute en douceur, on aime pénétrer dans cette bulle à la Delerm, s'y lover et ne plus partir. Rester figée ici et maintenant plus que tout, oublier le reste, juste ce doudou froufrou qui nous rassure.
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Bonheur de l'autoportrait ?
On avait beaucoup aimé, par le passé, son ouvrage sur les prémices des boissons maltées. On en avait gardé le souvenir d'une ode aux plaisirs, à la curiosité, à l'intensité instantanée des choses.
C'est donc avec bonheur que l'on reprend un ouvrage du père de Vincent. Et comme la fois précédente on retombe sous le charme de ses chapitres courts, de son esprit d'observation. Il y a là quelque chose qui peut sembler facile. Mais non. le charme opère à nouveau. Les gestes qui nous disent, en disent parfois bien loin, tel ce génial adressé entre membres d'une équipe et signifiant, ta passe était nulle mais continue dans cette voie !
Un très joli petit livre, y compris en tant qu'objet. Et qui dresse le portrait en creux d'un provincial tourné vers les autres et amateur de sport...
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Quand on ouvre un livre de Philippe Delerm on sait toujours ce que l'on va trouver, pas de surprise et pourtant ce n'est jamais exactement le même ni jamais différent. C'est tout cela à la fois.
J'ai fait la connaissance de cet auteur, comme beaucoup, avec La première Gorgée de Bière qui fut en son temps une sorte de petit traité philosophique sur nous, sur nos attitudes et sentiments. Tous ces petits gestes, pensées et attitudes qu'il passe au microscope de son oeil et de sa plume.
Oui c'est exactement cela, il observe ses contemporains, mais il y apporte son regard, ses propres ressentis et traduit dans de courts textes tout ce qu'ils expriment à travers une façon de faire, de dire, d'être, de se mouvoir.
Avec l'extase du selfie, Philippe Delerm s'attache à nos gestes : prendre un selfie, tenir un verre de vin, enfiler un loden, danser en pliant les draps et même conduire un caddie, tous ces petits gestes de tous les jours que nous faisons sans réfléchir et que lui décortique pour y voir bien plus que les apparences.
Comment ne pas se reconnaître dans l'un ou l'autre de ces petites minutes de vie et de penser, il est partout dans notre intimité, dans les cafés, dans les rues, il observe et traduit, avec parfois un trait d'ironie, nos comportements.
Ce que j'ai apprécié c'est qu'avec l'évolution de la technologie, il s'adapte et continue d'observer ce que les outils du XXIème siècle révèlent de nous-mêmes, un kaléidoscope du quotidien, jamais différent, jamais le même, le monde évoluant Philippe Delerm s'adapte à la vie moderne et à certains de ses nouveaux codes.
Moi, Philippe Delerm, je ne le lis pas en une fois, je le lis, petites fables après petites fables, je les digère, je m'y reconnais ou y retrouve certains de mes proches et pense :
« Ah mais oui, c'est exactement cela » mais lui a les mots, le recul, pour en faire une sorte de pensées philosophiques sur nous humains et il m'arrive parfois, longtemps après d'y repenser. Notre gestuel révèle tant de nous, inconsciemment ou non, nous sommes ses animaux de laboratoire et c'est avec bienveillance ou ironie qu'il nous le restitue.
Lire Philippe Delerm c'est savoir où nous allons, accepter de se regarder par le prisme de son regard et parfois, y repenser à l'occasion de la répétition de la chose évoquée et se dire que décidément il a bien du talent.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Je ne connaissais pas Philippe Delerm jusque là (enfin juste de nom...), mais je dois avouer que je n'ai pas été séduite par sa plume, très certainement à cause du format court. En effet, le recueil se compose d'une quarantaine de chapitres ; autant de courtes réflexions sur nos petites habitudes et nos petits gestes du quotidien dans des domaines divers et variés comme l'habillement, les voyages en train, la pétanque, le ménage, l'alimentation, etc.

D'une écriture fluide teintée tour à tour d'humour, de tendresse ou de nostalgie, l'auteur évoque ces petits gestes, volontaires ou inconscients,qui nous trahissent en en révélant plus sur nous que nous ne l'imaginons. C'est souvent bien vu, mais la brièveté des textes fait qu'on en reste au stade de l'ébauche.

Enfin bref, il semblerait que je ne sois pas sensible à la poésie de Philippe Delerm, ou alors il faudrait que je tente un autre format...
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Difficile de ne pas penser à La première gorgée de bière qui m'a fait découvrir (et aimer) Philippe Delerm il y a maintenant quelques paquets d'années : l'auteur s'est fait une spécialité de ces micro-récits, "instantanés littéraires" comme dit l'éditeur, tranches de poésie du quotidien dans lesquels nous nous retrouvons... ou pas.

En l'occurrence, dans ce dernier opus, la magie n'opère pas vraiment. Sans doute parce qu'écosser les petits pois renferme un potentiel poétique plus puissant que de vapoter, qu'un couteau dans la poche renvoie à de plus belle expériences que le fait de conduire la main à plat sur le volant - sans parler de tous ces gestes censés "nous dire" alors qu'on peine à voir de quel geste il s'agit vraiment.

Ou alors il y avait la fraîcheur d'un style nouveau quand Delerm inventait le sien, un attachement au monde de l'enfance, et ça ne colle plus trop aujourd'hui, on a grandi, on est trop habitué. J'avais adoré la première gorgée de bière, cet extase du selfie me fait un peu l'effet du verre de trop...
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De petits textes sur la vie de tous les jours , nos manies , nos lubies , sur des moments de vie , des objets . J'ai , à ma grande surprise , beaucoup aimé .
Je mets un petit extrait ici :
" La cigarette électronique est par essence un ersatz . Avec elle , la dépendance ne saurait être triomphante . La vraie cigarette reste en encombrant et diaphane suspens au-dessus de sa remplaçante .
Elle s'incarnait , elle s'incarne encore dans des mythologies variées , des postures allant de la virilité la plus compacte à la féminité la plus mystérieuse .
Elle était , elle est encore à la fois Humphrey Bogart et Lauren Bacall .
Elle est pour toujours ce nuage atomique d'intelligence plannant sur les émissions de Bernard Pivot et de Michel Polac .
Elle est Gainsbourg glissant vers Gainsbarre , un fumeur de Gitanes provocant la mort .
Son style , son éloquence ont le charme du suicide savouré "

Je découvre ce genre de littérature , et j'ai trouvé ça trés beau .
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L'extase du selfie...ou comment des gestes - que nous ne percevons pas forcément- sont dignes de notre époque, ou bien encore disparus. On retrouve bien la patte de Philippe Delerm, avec son regard affûté, très fin, et très poétique.
J ai eu la grande chance d'être invitée à la rencontre dédicace de Philippe Delerm chez Babelio. Ou il nous a parlé du selfie notamment, ou comment se rapprocher de soi en s'éloignant. Ou l'un de ses grands plaisirs, avoir à la main un verre sans le boire, ou l'art d'être maître du temps.
"On peut trouver de grandes choses dans les petites", nous dit--il lors de Cette soirée Babelio. Cette phrase résume bien sa philosophie, et "l'extase du selfie".
J'ai beaucoup apprécié cette rencontre, un peu moins "L'extase du selfie", j ai trouvé qu'il y avait moins de relief que dans ses autres ouvrages. J'ai apprécié sa plume, mais moins que d'habitude. Je pense que je le relirai plus lentement, pour mieux apprécier la douceur des mots.
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