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sur 102 notes
En général, lorsqu'on songe à une croisière, ce n'est pas l'image du cargo replet de conteneurs qui nous vient à l'esprit. Non, ce serait plutôt le paquebot grand luxe avec sa piscine sur le pont, ses joyeux animateurs et son brouhaha étourdissant. Pas l'idéal pour nous retrouver face à notre reflet, pour prendre le temps de la réflexion. Il ne me serait d'ailleurs jamais venu à l'idée de partir en voyage sur un cargo, cruelle erreur de ma part, parce que ce type de périple me conviendrait bien plus qu'une croisière classique. Avoir le luxe de voir défiler les secondes, le luxe de pouvoir se remémorer, le luxe de savourer les choses infimes, les rencontres, tout ce que le tumulte de la vie ne permet pas.

J'ai donc embarqué avec Nicolas Delesalle sur le cargo MSC Cordoba, « petit » porte conteneurs de juste 1269 boîtes hermétiquement fermées dont l'équipage bigarré ignore tout du contenu. Sa mission, amener sa cargaison à bon port, vivre la mer, la cohabitation avec les diverses nationalités et attendre avant de rentrer chez soi. Rien de plus. Mais tout cela malgré tout.

Au gré des flots, de ces voix qui s'élèvent sur le pont, dans la soute, de ces échanges avec des personnalités improbables, l'auteur va plonger dans son propre esprit pour ouvrir les conteneurs de sa mémoire.

L'image est belle, et ô combien vraie. Et c'est ainsi que, suivant le fil de ces boîtes que l'on ouvre, Nicolas Delesalle nous entraîne, dans ces courts récits qui ressemblent à des nouvelles, dans son vécu de journaliste. La plume est sûre, le mot est juste et l'émotion omniprésente.

Armé d'un humour qui évite tout pathos, l'auteur se remémore tantôt certains aspects marquants de son expérience, tantôt des anecdotes qui lui ont été racontées. le regard est lucide sur les drames humanitaires, politiques qui l'ont envoyé fouler de sol de la Côte d'Ivoire, de l'Ukraine ou de la Syrie et laisse au lecteur entrevoir ce qu'il veut y voir. Je suis convaincue que ce que j'ai entraperçu pendant la partie d'échecs ne sera pas la même chose que ce qu'aura vu un autre lecteur. Et nos deux lectures seront complémentaires, tout simplement parce qu'elles seront portées par les émotions ressenties.

Ce n'est pas un pamphlet politisé, un de plus, qui s'offusquerait de la pauvreté ou de la violence. C'est le regard d'un homme, profondément humain, qui se rend compte qu'il n'est que bien peu de choses face à un monde en branle, où la politique, le journalisme si rapide avec les nouvelles technologies, oublient parfois que derrière les drames, ils y a des hommes que la misère frappe de plein fouet.

J'avais déjà eu un aperçu du talent de Nicolas Delesalle dans Un parfum d'herbe coupée que j'avais adoré, et ce talent se confirme après cette lecture. J'ai suivi le fil d'Ariane des conteneurs avec un plaisir infini, chaque chapitre refermé en appelait un autre, différent, mais tout aussi intimiste. Les mots sont simples, sans fioriture, mais font mouche.

C'est décidément un auteur que je vais suivre...
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Sous prétexte de nous narrer un voyage de neuf jours en mer, Nicolas Delesalle nous propose un retour sur ses différentes expériences en tant que grand reporter. La forme du livre se rapproche du recueil de nouvelles, même si sa croisière en cargo reste le fils conducteur.

Je ne suis pas un adepte des récits de voyage. J'ai pourtant pris beaucoup de plaisir et ce pour plusieurs raisons :
Avec cet auteur, on voyage. Chaque nouvelle anecdote nous transporte dans les quatre coins du monde. Moi qui n'y connaissais pas grand-chose en géographie, j'ai souvent été perdu avec tous les noms de villes mais ce n'est pas rédhibitoire à la compréhension et le dépaysement a été total.
Lors de ses périples, le journaliste a rencontré des personnes représentatives de la condition du pays visité. C'est par ces indigènes et leurs discours qu'il nous fait découvrir l'atmosphère de l'endroit et qu'il nous confronte à ces existences souvent difficiles. L'humain est au centre de son initiative. Il échange avec ces gens pour mieux les comprendre et ainsi partager avec nous ces petits bouts de vie.
Chaque anecdote est abordée avec un soupçon d'humour. Les drames vécus s'en trouvent dès lors beaucoup plus accessibles sans perdre de leur impact pour autant. J'ai donc vécu des situations tragiques avec le sourire, sans jamais me sentir mal à l'aise. Certaines nouvelles auraient d'ailleurs mérité un peu plus d'approfondissement ou de longueur tant elles étaient intéressantes et divertissantes.

Sans jamais tomber dans le pathétique, Nicolas Delesalle nous ouvre des petites portes d'humanité qui ont transformé mes gros problèmes personnels en petits tracas insignifiants. En très peu de pages, il sait être percutant. J'ai trouvé ce texte instructif et je l'ai perçu comme une courte approche de la situation de la planète vue par les yeux bienveillants d'un amoureux du monde.
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Si vous avez envie de prendre la mer, de sentir les embruns sans forcément souffrir du mal de mer, de changer d'air sans quitter votre petit coin, ce livre est pour vous. Mais il emmène bien ailleurs que sur la mer. Ce sont des chroniques que l'auteur ouvre une à une comme il chercherait parmi le contenu des containers empilés sur le cargo qui le transporte des Flandres à Istanbul.

Au début du voyage, il se contente de regarder les docks, la côte, le vieil homme assis seul sur le rivage, mais très vite, plus de trace de terres nulle part, il peut laisser libre court à ses souvenirs de reportages, à Mourmansk, au coeur de l'Afghanistan, dans un petit village du Niger, dans une grotte du Causse noir, sur la place Tahrir du Caire… Et par la magie du conteur, on quitte un temps le navire sans s'en détacher vraiment, car lui seul peut faire affluer et mettre en mots, des mots qui coulent et bercent, des mots qui réveillent ou apaisent, les mots des histoires marquées du sceau de la sincérité, donnant à voir une image du monde pas dépourvue de tendresse, même dans les endroits les plus difficiles.
Je ne connaissais pas le premier livre de Nicolas Delesalle, Un parfum d'herbe coupé, j'ai découvert avec grand plaisir un ton, une voix, une écriture, et je le remercie pour ce voyage !
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le goût du large, un titre simple et beau. Une invitation au voyage, mais aussi, comme tout voyage qui se respecte, une invitation à l'introspection. Nicolas Delesalle, grand reporter à Télérama et déjà auteur du très beau parfum d'herbe coupée qu'on avait adoré l'an passé,, va passer neuf jours dans les entrailles d'un cargo, d'Anvers à Istanbul, neuf jours où le temps s'arrête, neuf jours à buller, neuf jours à penser.

Rencontre et échange avec l'équipage et souvenirs de grand-reporter. En attendant d'apercevoir le rayon vert au coucher de soleil, longeant le Golf de Gascogne, Nicolas Delesalle se souvient d'un match de foot au pôle Nord et d'un constat nostalgique : il y a beaucoup de jolies filles en Russie.

Au large du Portugal, c'est une douce rencontre, au coeur de l'Afghanistan, avec des étudiants Hazaras qui revient à sa mémoire.

L'ombre du rocher de Gibraltar plane sur la petite vie précaire d'Asma et Asmara.

Plus loin, un petit enfant Pygmée pleure son chien mort. Au long des côtes algériennes, au large de la Sicile, Nicolas Delesalle se souvient de Riad le James Bond tunisien et dans la mer de Marmara la douloureuse et merveilleuse Odyssée de Sari le réfugié Syrien nous met les larmes aux yeux.

En peu de mots, très rapidement nous sommes au large. Au large, quel joli mot, remercions l'auteur de ce beau livre, grave, drôle et poétique, il nous emporte si loin de nos vies parfois si étroites.

Alors, ca vous a plu cette petite virée au large pour ce milieu de semaine?
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Un témoignage intéressant de bout en bout, d'Anvers à Istanbul, au fil des pensées et des souvenirs de Nicolas Delesalle.
Le voyage sur un cargo marchand est ici propice à l'introspection et à la remémoration d'épisodes vécus par l'auteur, journaliste reporter aux quatre coins du globe.
Le récit alterne considérations personnelles et souvenirs, le fil conducteur étant le voyage, la mer, la vie à bord...
Les multiples histoires racontées par Nicolas Delesalle font sens et interrogent sur le monde et notre part d'humanité. Elles nous entraînent d'Indonésie en Afghanistan, de Côte d'ivoire en Syrie, et sont toutes pertinentes.
C'est une belle découverte pour moi que ce livre...
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« Cargo de nuit » chantait, voilà quelques décennies, Axel Bauer : c'est un peu l'expérience vécue par Nicolas Delesalle, grand reporter à Télérama. Cargo de nuit, mais pas seulement, puisque le trajet effectué au milieu des containers va durer une dizaine de jours. le temps pour le MSC Cordoba (porte-conteneurs allemand sous pavillon libérien, 1269 boîtes embarquées, dont les marins ne connaissent généralement pas le contenu), d'effectuer le trajet d'Anvers à Istanbul. Une croisière un peu particulière au cours de laquelle l'auteur va côtoyer l'équipage philippin, dont les membres vivent éloignés de leur famille la majeure partie de l'année, mais aussi Maité, seule autre voyageuse à bord.

Ces quelques jours au large vont être l'occasion pour l'auteur de se remémorer différentes histoires liés à ses déplacements précédents, généralement sur des zones de conflits. Comme si le fait de se retrouver sur l'eau, à l'écart de la terre ferme, offrait un recul suffisant pour mieux témoigner de la réalité de notre monde actuel.

Ces histoires mêlent les propres souvenirs de Nicolas Delesalle, avec ceux d'autres personnes rencontrées, comme par exemple une responsable des Nations-Unies en Côte d'Ivoire. Un regard lucide, sans concession, sur le monde d'aujourd'hui, émanant d'un homme qui, du fait de son métier, doit faire face à l'injustice, à la cruauté de la guerre, à la misère humaine.

Les passages très émouvants alternent avec d'autres plus légers, teintés d'humour. Certains récits sont poignants, très durs parfois (particulièrement ceux ayant pour cadre l'Afrique). J'ai terminé il y peu « Gringoland », un roman de Julien Blanc-Gras, dans lequel je trouvais que le personnage principal, absolument antipathique, portait un regard froid, plein de mépris, sur le monde auquel il souhaitait aller se confronter. Rien de cela dans ce document de Nicolas Delesalle, bien au contraire : celui-ci offre, à travers toutes ces rencontres, un récit profondément humain, plein d'émotion. Il y a toujours une flamme, un espoir, une étincelle de vie, chez toutes les personnes rencontrées, en dépit de leurs situations parfois dramatiques.
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Dans une période anxiogène et pleine de troubles comme celle que nous vivons présentement en France (pandémie du covid-19 et les restrictions qui en découlent, exacerbation des tensions nationales et internationales, etc…), rien de plus naturel que de vouloir « prendre le large » dans tous les sens du terme. Comme la situation mondiale actuelle ne nous permet pas de nous mouvoir et de voyager comme nous le souhaiterions, il nous reste les livres, les récits de voyages.

Nicolas Delesalle est un grand reporter travaillant pour le journal « Télérama ». de par sa profession, il a eu l'opportunité de bourlinguer un peu partout dans le monde. Mais ce qu'il nous propose, avec « le goût du large », c'est d'embarquer avec lui, à bord d'un cargo pour un périple allant d'Anvers (Belgique) à Istanbul (Turquie) et ce, pendant 9 jours.
Pour l'auteur, ce voyage est surtout l'occasion de s'extraire du monde des hommes, de la frénésie qui régit leur société et se laisser gagner par une sérénité que seul le désert liquide d'un océan pourra lui apporter. Durant cette parenthèse, à défaut de pouvoir se baigner dans l'Atlantique ou la Méditerranée, il plonge dans ces souvenirs de reporter en Afghanistan, en Indonésie, en Estonie, en Russie, en Egypte ou bien encore au Congo et il se remémore ces rencontres marquantes parfois drôles, parfois stressantes, parfois tragiques ou même incongrues avec les locaux. À l'image du bateau qui le transporte, Nicolas Delesalle voit sa boite crânienne comme un cargo et chaque souvenir est un conteneur.

En quatrième de couverture, Estelle Lenartowicz (journaliste au magazine « Lire ») fait l'éloge de ce récit de voyage en affirmant : « Une étonnante fenêtre sur le monde contemporain. ».

C'est vrai, Nicolas, nous ouvre une fenêtre sur le monde d'aujourd'hui et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'est pas beau. En effet, durant la quasi-totalité du livre, on passe de la tragédie du tsunami de 2004 en Indonésie aux massacres de masse en Côte d'Ivoire, en passant par les temps austères de la crise financière en Grèce et les guerres civiles du Printemps arabe. Si on souhaite s'évader de la réalité actuelle que nous vivons, ce n'est pas le livre à lire. À l'inverse, si l'on veut porter un regard lucide et donc désenchanté sur le monde, alors, « le gout du large » conviendra.
D'ailleurs, l'auteur écrit en fin du récit : « J'étais épuisé par le malheur des autres, projeté d'une tête à l'autre par le miracle de l'interview, la tête fardée de témoignages tristes, désemparés. »

Mais ensuite, à son arrivée à terre, à Istanbul, il écrit : « Cette bulle d'harmonie vient de crever. le liquide amniotique se déverse à mes pieds. Il faut respirer l'air vicié de la ville à pleins poumons, hurler en silence et renaître à la terre autant qu'aux hommes, ces grands primates que je hais à cet instant et que je chérirais de nouveau dans quelques heures, pour leurs failles, leur inconséquence, leurs paradoxes, leur grandeur et leur bassesse, le miroir qu'ils me renvoient à chaque instant au visage. »

Nicolas Delesalle a une manière assez poétique de décrire ce qu'il voit et cela se ressent dans la tournure des phrases qui sont agréable à lire. Mais comme je m'attendais à plus d'optimisme et de joie à la découverte de contrées lointaines, c'est un rendez-vous manqué.
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Dans de nombreuses critiques faites sur Babelio pour le goût du large de Nicolas Delesalle, revient la notion de récit de voyage. Je ne trouve pas que le livre soit un récit de voyage.
Sylvain Tesson quand il se pose en Sibérie , quand il revient de Moscou en moto ou encore quand il traverse les chemins noirs de la France nous fait un récit de voyage.
Nicolas Delesalle lui nous donne des fragments , des souvenirs de sa vie journalistique , des instants de ces reportages.
Si il y a un récit de voyage c'est un récit interne.
Et quoi de mieux qu'un porte container pour nous parler de lui.
Le porte container symbole de notre armoire à souvenir et émotion.
Tous ces containers colorés anonymes, juste marqués par une référence chiffrée qui vont d'un océan à l'autre avant d'être débarqués.
Ce long porte container , ces différents ponts , son équipage Multi-ethnique voguant au gré des océans. Un environnement spartiate , pas très stable.
C'est sur l'un de ces porte containers , le MSC Cordoba que Nicolas Delesalle va embarquer à Anvers pour atteindre Istanbul 9 jours plus tard.
Pendant 9 jours il va découvrir le goût du large. Mais pas le goût du large vécu lors d'une croisière avec cocktails , soirées dansantes et excursions dans des lieux paradisiaques.
Non il va découvrir le goût du large quotidien d'une dizaine de marins ayant laissés familles et proches pour travailler sur un porte container dont ils ne connaissent pas le chargement, mais dont ce chargement représente le monde économique actuel.
Le goût du large lors d'une croisière vous éloigne du monde ,dans une bulle de frivolité et de luxe surfait.
Le goût du large dans un porte container vous raccroche au monde.
Alors que l'on pourrait croire que ce voyage dans les flancs de ce bateau de fer et de rouille soit un enfermement , un moment hors du monde , et bien c'est tout le contraire.
Nicolas Delesalle est présent au monde et la pérégrination du MSC Cordoba est pour lui le moyen d'ouvrir ses containers d'émotion et de souvenirs.
Et l'ouverture de ces containers nous offre une écriture simple , émue , humoristique . Une écriture qui nous fait humer les embruns de l'Océan ,mais aussi les effluves de l'Afrique , de l'Asie ou encore l'humidité prégnante d'un coin du Causse Noir vers Millau.
Cette écriture nous fait entendre les cris , les détresses, les espoirs de ces pays , de ces peuples bordant la Méditerranée.
Comment ne pas être profondément touché par ce passage du porte container entre Tunisie et Sicile , "surfant sur une mer de cadavres " alors qu'aujourd'hui l'Aquarius a toute les peines du monde pour trouver un port accueillant aux migrants.
Par tous les souvenirs de ces reportages , Nicolas Delesalle nous instille la réalité de notre monde contemporain.
Ce monde que nous ne souhaitons pas toujours voir . Un container anonyme , coloré, mais bien fermé dont nous voulons ignorer le contenu.

Le goût du large est un beau roman de vie.

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le style est très agréable mais toutes ces guerres,
tortures, enfants massacrés, risquent d'amener la
déprime
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"Le cargo commence à me digérer. L'océan me dissout peu à peu. Je ne vérifie plus l'état du réseau sur mon téléphone portable. Je ne cherche plus à m'occuper l'esprit. le voyage commence vraiment maintenant".

Une parenthèse hors du temps, une pause dans l'éternelle course contre la montre, qui n'en a pas rêvé ? Certains ne se contentent pas de rêver, ils embarquent sur un cargo. Au milieu d'une mosaïque de containers. Loin du confort et de la foule policée des croisières de masse. Loin des sentiers balisés des voyages organisés. Sans autre distraction que le spectacle grandiose offert par la nature, l'immensité de la mer, les couleurs du ciel, le ballet des dauphins ou des baleines. Sans autre compagnie que celle d'un équipage de marins philippins aguerris à la solitude et à l'éloignement. Parfois celle d'un autre passager. On se côtoie sans se gêner, en respectant la bulle de l'autre. Pour le narrateur, le cargo s'appelle le MSC Cordoba, le port d'embarquement Anvers, la destination finale Istanbul et la passagère Maïté.

Neuf jours de navigation. Neuf jours de vagabondage pour un esprit enfin délivré des contingences quotidiennes. Neuf jours où les souvenirs remontent, inspirés par l'itinéraire du bateau. Souvenirs d'une vie de reporter de terrain entre conflits, débrouillardise, attente, danger et surtout rencontres improbables. Au fil de l'eau, les images prennent corps. de l'Afghanistan à l'Ukraine en passant par la Côte d'Ivoire, la Syrie ou la Sicile. Images de conflits modernes. Visages d'hommes et de femmes pris dans le chaos du changement, acteurs des révolutions pour les générations futures. Sur cette mer synonyme d'aventure et d'ailleurs, impossible de ne pas penser aux réfugiés qui jouent leur vie sur quelques kilomètres.

"Et puis je me suis miré dans le bleu hypnotisant de l'Atlantique. Regarder la mer pendant des heures est une activité mystique qui vous habille d'une robe de bure invisible. A la longue, l'océan se mue en écran sur lequel se projettent des images floues".

C'est avec beaucoup de finesse et d'humanité que l'auteur nous emmène à sa suite, tous les sens en éveil. Les moments de repos contemplatif alternent avec les escapades dans sa mémoire, riches en événements et en anecdotes. D'où émergent des figures inoubliables.

Le voyage que propose Nicolas Delesalle n'est pas hors du temps, au contraire. Il offre un panorama du monde dans lequel nous vivons, témoignage vivant d'un observateur attentif et privilégié. Et raconte la seule chose finalement essentielle : au bout de chaque voyage, seuls comptent et restent les hommes. Une incitation aux rencontres, à l'ouverture sur le monde. A vivre ensemble, tout simplement.
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