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EAN : 9782350875460
240 pages
Editions Héloïse d'Ormesson (05/09/2019)
3.87/5   106 notes
Résumé :
En 1897, la publication de J'accuse... ! Et l'engagement d'Émile Zola dans l'affaire Dreyfus déclenchent des torrents de haine. Les attaques ne cessent de pleuvoir sur l'auteur des Rougon-Macquart, devenu la cible, entre autres, du fondateur de la Ligue antisémite de France et de La Libre Parole, Édouard Drumont. Lorsqu'en septembre 1902, Zola décède à son domicile d'une intoxication au monoxyde de carbone, sa mort, officiellement considérée comme accidentelle, ne p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (42) Voir plus Ajouter une critique
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Zola, l'incontournable écrivain de la littérature française, est décédé le 29 septembre 1902. D'une intoxication à l'oxyde de carbone. Ce sont les faits, établis, dument constatés par le médecin qui a tenté en vain de le sauver lorsqu'il le trouve agonisant dans sa chambre.

Ce qui est beaucoup moins clair, c'est l'origine de cette asphyxie létale. Et l'auteur prend le parti d'argumenter la thèse criminelle : un faisceau d'indices et le témoignage pré-mortem d'un fumiste vont dans ce sens.

On est plongé dans cette histoire, comme dans un roman de Zola, mâtiné d'une construction de polar. Zola, l'anxieux, l'hypochondriaque, pressentant peut-être une fin proche, fait le bilan de sa vie. Une réussite littéraire incontestée, même si ses dix-neuf tentatives d'accéder à l'Académie française se sont soldées par un échec. Une vie confortable, certes aux côtés d'une épouse peu amène, circonstances atténuantes pour tenter de justifier sa liaison avec une jeunesse à qui il laissera la charge de deux enfants?

Zola, ce soir-là ne va pas plus mal que les autres soirs. Il essaie même de mètre sur le dos de son angoisse le malaise qu'il ressent. Mais Alexandrine qui dort près de lui ne se sent pas très bien non plus , et ce n'est pas son habitude.

Parallèlement, on assiste aux échanges virulents des antisémites militants à l'influence croissante, et à la préméditation du geste criminel visant le défenseur de Dreyfus. La haine contre les juifs est féroce et profonde, étalée sur les pages de journaux incitant à la persécution, s'auto-stimulant par des effets de manche caricaturaux.
Des noms, et pas les moindres, surprennent dans l'évocation de ce parti pris de haine.

Le roman se lit comme un thriller, avec à la fois la hâte de découvrir le dénouement, ce qui est un comble pour des faits connus et datant de plus de cent ans, et l'envie de rester en immersion dans ces pages qui nous permettre de partager la vie quotidienne d'un auteur que personnellement je situe dans le top cinq de mes écrivains préférés.



Une lecture très appréciée, alors que j'ai parcouru à ce jour les deux tiers de la saga des Rougon-Macquart.
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Assassins, c'est le J'accuse de Jean-Paul Delfino.
Se basant sur des faits troublants entourant la mort du grand Émile Zola,  l'auteur nous donne ici sa vision de la fin de l'immense écrivain.
Alors qu'allongé sur son lit celui-ci vit ses derniers instants, il fait le point sur sa vie. Ses origines italiennes, son enfance avec un père qui rêvait de faire fortune et qui ne fera que ruiner sa famille, sa mort prématurée n'ayant rien arrangé il faut le reconnaître.
Bon, après,  Zola deviendra Zola...
Ce qui est bien chez Delfino c'est qu'il nous livre une biographie résumée plus qu'agréable à lire, vu le talent de l'écrivain il ne pouvait en être autrement, et dans laquelle on apprend l'essentiel sans se fader un pavé de 900 pages...
(Ceci dit, quand on referme Assassins, on a envie et de lire la bio de 900 pages et de lire toute l'oeuvre de Zola, d'ailleurs j'en profite pour dire que j'ai honte de n'avoir lu aucun des livres du maître et si monsieur Delfino m'incite ici à réparer cette lacune qu'il en soit remercié...)
Bref, revenons à  notre complot.
Parce que ce que développe notre romancier dans ce livre, c'est une thèse du complot accréditée à l'époque,  même si elle ne fut jamais confirmée.
Ce que nous présente l'auteur dans son Assassins c'est une France divisée qui trouve aujourd'hui une résonance troublante.
Delfino accuse, donc.
Le coupable ?
Édouard Drumont.
S'il faut à l'antisémitisme et au racisme de l'époque un porte-drapeau Drumont, sans aucun doute, peut le personnifier.
Quel odieux personnage.
Mais bon, ceci est mon avis et je ne ferais pas ici son procès.
Drumont représente cette France.
Celle de l'après affaire Dreyfus.
Celle qui conspua, insulta, voua aux gémonies, menaça du pire Emile Zola, lui qui prit fait et cause pour le militaire, accusé à tort d'espionnage, dans sa fameuse lettre "J'accuse" publiée dans l'Aurore du 13 janvier 1898.
Assassins est un roman.
Assassins relate les dernières heures de l'un de nos plus grands écrivains.
Mais, Assassins, c'est plus que ça. Plus qu'une explication de la mort du grand homme.
Assassins c'est des voix qui s'élèvent.
Assassins c'est des gens qui sont prêts à tuer par idéologie.
Assassins c'est la France d'après.
Assassins c'est la France d'aujourd'hui.
À l'époque déjà, certains ne se cachaient pas, ne se cachaient plus.
Quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage.
Zola dérangeait.
Il était Italien,  il a défendu un Juif contre vents et marées.
Il faut que la bête meure...
Dans sa lente agonie, Zola se dévoile sous la plume d'un auteur que je découvre avec plaisir.


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Nuit du 28 au 29 septembre 1902. Emile Zola et son épouse Alexandrine sont incommodés. Ils pensent d'abord à une légère intoxication alimentaire... le mal empirant, l'écrivain passe sa vie en revue : gamin désargenté à Aix-en-Province copain de Paul Cézanne ; lycéen boursier à Paris, rêvant d'écriture et de célébrité ; premiers pas dans le monde de la littérature en tant que coursier chez un éditeur ; jusqu'au J'accuse de l'affaire Dreyfus. Il s'interroge : qui peut bien vouloir sa mort : les anti-dreyfusards, ses domestiques, son épouse, sa maîtresse ?
Pendant ce temps, divers membres de l'extrême-droite française, Drumont, Barrès, Daudet et consort, se réjouissent d'avoir organisé son assassinat et armé le bras de Henri Buronfosse, un jeune fumiste.

Jean-Paul Delfino épouse ici clairement la thèse de l'assassinat d'Emile Zola par des fiers à bras d'extrême-droite. Il exploite la nuit d'agonie de l'écrivain pour revenir sur sa jeunesse d'orphelin pauvre, ses premiers pas en littérature, sa vie avec Alexandrine son épouse, et avec Jeanne sa maîtresse et leurs deux enfants, et le fin de sa vie, marquée notamment par l'affaire Dreyfus.
L'auteur imagine également le complot, ourdi par des anti-dreyfusards revanchards, conduisant à la mort de celui qui est devenu un écrivain célèbre et controversé.

J.P. Delfino nous livre un roman historique qui ne prétend pas à l'exactitude de l'historien, mais qui resitue la mort de Zola dans son contexte. Il le fait avec son style narratif assez particulier, que j'avais apprécié dans Les pêcheurs d'étoiles et que j'ai retrouvé ici avec plaisir.

Un très bon roman historique, donc.
Lien : http://michelgiraud.fr/2019/..
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Vingt tomes, mille deux cents personnages, au moins dix mille pages, il a bâti une oeuvre. À soixante-deux ans, il a transformé en or le plomb qui coule dans son crâne. Il a tout réussi, du moins presque. L'Académie française l'a méprisé dix-neuf fois.

La troisième République est à terre. Depuis longtemps, elle se traîne dans sa fange, il ne manque plus que le coup de poignard qui mettra un terme à son existence. L'assassinat de Zola, l'homme de l'affaire Dreyfus, le métèque, le rital, le Gorgonzola. La France aux Français, demain on marchera sur l'Élysée, le grand jour, le jour de la Saint-Barthélemy des juifs. Zola sera crevé. L'ordre reviendra, les juifs, les étrangers, les francs-maçons, les protestants feront leurs malles. Il n'y aura plus d'antisémitisme, car il n'y aura plus de juifs.

Edouard Drumont un polémiste aidé par un réseau de complotistes compte prendre le pouvoir et débarrasser la France de toute sa juiverie. Il a demandé à un fumiste de boucher la cheminée de Zola, le traite à la France, et de l'enfumer, un accident domestique en somme.

Jean-Paul Delfino nous raconte la dernière nuit de Zola et en parcourant ce roman, j'ai vraiment eu l'impression de lire du Zola, tant l'écriture est précise dans les descriptions des lieux, des situations et des caractères des personnages. Dans ce roman naturaliste, l'auteur sait à merveille nous plonger dans Paris, celui des politiques, des intrigants, mais aussi dans le ventre de Paris là où se trouvent les petites gens, le peuple si cher à l'auteur des Rougon-Macquart. Il nous dépeint avec force le climat délétère et rempli de haine de la France du tout début du XXème siècle. La peur de l'étranger, le rôle actif de l'Église dans cette montée de l'antisémitisme.

En alternance nous suivons les complotistes et Emile Zola qui, à l'heure de passer de vie à trépas, revient sur les événements de sa vie, tout en s'interrogeant sur qui aurait voulu sa mort. Une occasion pour l'auteur de faire une biographie de cet immense écrivain de son enfance jusqu'à son dernier souffle.

Ce roman est inspiré de faits réels et notamment de la mort suspecte d'Emile Zola asphyxié par du monoxyde de carbone, Jean-Paul Delfino nous dresse un portrait peu reluisant d'une France gangrenée par l'extrême droite où nationalistes, racistes, traditionalistes s'unissent sur des idées populistes et fascistes portées par une presse de caniveau. Un roman social avec une galerie de portraits sans concession, où l'on sent poindre les idées haineuses qui conduiront à la montée du nazisme et à ses horreurs. Un roman très bien documenté et d'un réalisme glaçant.
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Dans la nuit du 28 au 29 septembre 1902 Emile Zola meurt asphyxié à cause d'un poêle à bois défectueux, un accident d'après la police, peut-être pas d'après les historiens.

Depuis l'affaire Dreyfus, le grand écrivain s'est fait beaucoup d'ennemis.

Plongée suffocante dans la France des derniers jours de Zola, une France rance et moisie qui ne rêve que de repli sur soi, une France bravache et revancharde mais terrifiée.

Jean-Paul Delfino mène l'enquête, recoupe les témoignages, fouille des archives malodorantes pour mettre à jours les agissements d'une bande d'écrivains, de politiciens, de journaliste nationalistes et racistes et se pose les bonnes questions sur leur implication dans la mort d'Emile Zola.

« Assassins ! » est un vrai bon roman historique qui nous ramène dans une époque, un début de siècle qui pourrait ressembler au notre si nous ne prenons pas garde. "Restons vigilants", semble nous dire l'écrivain.

Au fait Henri Galli à encore un très joli square à son nom dans le quatrième arrondissement de Paris.

« Assassins ! » est un vrai bon roman historique qui nous ramène dans une époque, un début de siècle qui pourrait ressembler au notre si nous ne prenons pas garde. "Restons vigilants", semble nous dire l'écrivain.

Au fait Henri Galli à encore un très joli square à son nom dans le quatrième arrondissement de Paris.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Citations et extraits (62) Voir plus Ajouter une citation
"Dans un costume noir, lune maigre mèche raide battant sur son front bombé, Maurice Barrès se récria aussitôt: « Le discours que vous attendez de moi nécessite un minimum d’application et de méthode, je vous l’ai déjà dit. Vous, vous vous réservez les aboiements et la vindicte. Et moi… moi… – Vous, quoi? – Comment voulez-vous que j’explique à un public de déguenillés, de crève-la-faim, qu’il est à sa place et qu’il ne doit rien espérer de mieux dans l’avenir? Tout de même! – C’est pourtant bien ce que vous avez déjà écrit, non? –

Entre écrire et dire, la différence est de taille, ne vous en déplaise. Il faut que les pauvres aient le sentiment de leur impuissance, car c’est la condition première de la paix sociale. Mais le clamer à une tribune est une autre paire de manches. Et si j’étais mal compris? Et si l’on me huait? »
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Ce collège Bourbon fut pour lui l'apprentissage de la vie. Une suite de douleurs et de brimades que sa mère ne soupçonna sans doute jamais. Dans la grande cour carrée sordide, il avait espéré passer sans faire de vague. Les autres ne l'avait pas entendu de cette oreille. Il avait dû se battre. Ou, plutôt, recevoir des coups. Des volées de coups, sous l'œil suffisant et dédaigneux des pions. C'était un pauvre garçon qui ne passait jamais plus de quelques mois dans le même appartement parce que la mère, disait-on volontiers, ne payait pas les termes. Alors, les pions tournaient le dos. Avec tous ces étrangers qui envahissaient la France, il fallait bien que chacun restât à sa place.
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« Sévère, la voix d’Henri Galli venait de claquer dans la salle à manger. Á demi dressé sur sa chaise, l’index martelant chacune de ses phrases sur la poitrine de Buronfosse, il gronda : « Le plus beau jour de votre vie, ce sera lorsque tous les juifs seront chassés de France. Ce sera lorsque nous aurons nettoyé l’armée et toutes les institutions de cette engeance maudite. Ce sera lorsque nous pourrons ouvrir à nouveau le dossier Dreyfus. Ce sera lorsque nous pourrons réhabiliter nos amis injustement frappés d’infamie par la République. Ce sera lorsque nous serons au pouvoir. Et pas avant. »
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« Notre pays vient de vivre des temps troubles. L'annonce d'un assassinat possible de Zola aurait, sur les populations, un effet désastreux. Et, ni vous ni moi, nous ne désirons pareille chose, n'est-ce-pas ? Nous avons suffisamment de travail avec ces nouveaux voyous de la Roquette que les journalistes appellent, je crois, les Apaches. Et je ne dis rien des métèques, des maris trompés, des meurtres crapuleux et autres règlements de comptes. Le décès de ce Zola ne doit absolument pas devenir le prétexte à une nouvelle flambée de violence.
- Vous me demandez donc de... »
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Alexandre Justin Marie de Gallifet, dont le fils gagnerait, durant la Semaine sanglante de la Commune, les surnoms de Marquis aux talons rouges et de Massacreur en raison des trois mille communards qu'il ferait fusiller dans les fossés des fortifications
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Vidéo de Jean-Paul Delfino
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