«
Clapton a tué ma femme ! », c'est le cri de Jacques Plissier devant le corps sans vie de sa femme, Rose Blondiau, tombée de la fenêtre de leur maison, à Tilff. La police conclut au suicide, l'affaire est bouclée. Et pourtant, Soeur Agnès, responsable du Couvent de la Miséricorde, demande à son ami,
Denis Lapierre de jouer les privés et d'enquêter sur cette mort tragique. Pour ce prof de religion pas très orthodoxe fan de
Joe Dassin, voilà l'occasion de se distraire de la platitude de sa vie de célibataire…
Voilà pour le résumé… A la maison, ça a donné à peu près ça…
« Chéri, ce soir, je ne cuisine pas... on va manger des boulets sauce lapin ! » Regard ahuri du mari devant cette affirmation qui ne laisse place à aucune réclamation : « M'enfin... qu'est-ce qu'il te prend?" Il me prend que j'ai passé l'après-midi à lire «
Clapton a tué ma femme ! » de
Guy Delhasse...
Guy Delhasse, vous connaissez ? Moi oui, je l'ai même rencontré, c'est un voisin. Mais c'est surtout un homme de lettres et de culture belgo-liegeoise. Chroniqueur, romancier, auteur de petits guides de promenades littéraires, animateur pour le
Centre Culturel de Huy, musicien, il pratique un genre qu'il définit lui-même comme du « Polar Sauce Lapin".
Le quoi ? Pour mes amis français qui ne comprendraient pas, la « sauce lapin », c'est ce qui accompagne les frites et les boulettes. C'est typiquement liégeois, ça ne se raconte pas, ça se goûte. Tout comme le roman de
Guy Delhasse d'ailleurs. Ambiance typiquement liégeoise, lieux bien connus de la Cité Ardente (la collège Saint-Jacques, la rue Monulphe, le parc de la Boverie, le Blue-Sphère…), allusions à des événements locaux (la destruction de la maison Rigo, la bataille des promoteurs immobiliers au Ry-Poney…), tout y est pour bien donner corps à un lieu que les Liégeois apprécieront pour son réalisme et qui pourra faire découvrir la belle Cité de Liège et ses alentours aux « étrangers ».
Le roman a toutes les caractéristiques du "bon polar noir mais pas trop" qui se lit vite, dans le train et dans le bus : peu de personnages, un enquêteur tout ce qu'il y a de plus banal et sans prétention qui tâtonne, quelques petits rebondissements, l'ambiance des lieux, … C'est truculent et les jeux de mots font sourire. Les nombreuses références musicales, au blues, au rock, à Clapton, à Antoine et surtout à
Joe Dassin dont les titres de chansons servent d'intitulés aux chapitres, apportent aussi un petit plus de réalisme encore à ce roman qui n'en manque déjà pas.
Et puis, il y a la touche encore plus locale de
Guy Delhasse, qui a glissé ça et là dans son texte, des personnages qui ressemblent, de très près ou d'un peu loin, aux amis qu'il côtoie. Bon, c'est vrai, seule une personne côtoyant les mêmes amis repèrera les allusions ou seules les personnes concernées se reconnaitront (ou pas…). En ce qui me concerne, j'ai apprécié cette petite touche clin d'oeil aux gens qui croisent la route de l'auteur.
Et là, pour le coup, en terminant cette critique, j'oscille entre l'envie de faire péter le volume des « baffles » en mettant un petit Clapton ou d'aller siffler sur la colline avec un bouquet d'églantine…