Ce n'est pas facile de chroniquer ce titre. J'étais prévenue que ce yaoi avait une histoire assez dure et pourtant même ainsi, ce fut une lecture difficile car très dérangeante par moment, je ne peux donc pas la recommander à tous. Pour autant, il y a pas mal de qualités à ce titre avec une construction intelligente du récit, une ambiance malsaine mise en place peu à peu qui prend à la gorge et des dessins fins et soignés.
Un peu comme dans Sakuragari de
Yuu Watase, que je m'étais plu à suivre il y a quelques années, La cage de la mante religieuse relate l'histoire d'une famille bourgeoise japonaise mais occidentalisée dans les années 20-30. Tout commence lors de la mort du patriarche, son fils Ikuro semble hériter de tout mais en fait cela cache une réalité plus sombre, celle d'un étrange fils aîné, caché dans les recoins de la demeure à qui son père a tout légué. Si l'histoire s'arrêtait là, elle ne m'aurait pas tant dérangée, mais l'autrice y ajoute de multiples couches de perversion et manipulation qui viennent nous retourner la tête et l'estomac...
Elle peint petit à petit par touche une ambiance très malsaine autour de cette vieille, riche et estimée famille où tous les personnages semblent dérangés. Il y a le mystérieux fils aîné qui a l'air d'avoir un sérieux handicap mental, puis le second qui a été traumatisé par la froideur de son père et la folie de sa mère, ce fameux père n'était pas très net avec son fils caché dont il se plaisait à lécher les pieds (!), et leur mère a fini complètement folle. Ajoutez à cela un mystérieux domestique qui aime bien semer la zizanie en manipulant tout le monde, vous voyez un peu le tableau. le titre est sombre et l'autrice se plait à bien accentuer le trait.
Les personnages dérangent mais touchent également le lecteur et là c'est une vraie force du titre. J'ai été émue par ce pauvre fils handicapé et incompris par son entourage. Il faut dire que le handicap mental n'était pas du tout étudié donc considéré comme il fallait à l'époque. le cadet est touchant également par son mal être palpable. Il ne se sent pas bien, pas aimé dans cette famille, et il va donc chercher de l'affection d'une façon complètement tordue auprès de la personne qui ne faut pas et qui va bien le manipuler. C'est assez glaçant.
L'autrice construit son récit de façon très astucieuse. Elle joue sur les trames temporelles passées et présentes, alternant les deux pour faire monter la tension et le drame. On se croirait en pleine pièce de théâtre tragique. Elle creuse de plus en plus les personnages au fil des chapitres et en ajoute tranquillement certains qui auront probablement des rôles importants par la suite (la future femme d'Ikuro, le serviteur de Ranzo). le décor est également bien planté dans cette famille élitiste bourgeoise où la succession est au coeur de toutes les manigances. L'ensemble crée un tableau qui m'a beaucoup plu, je l'avoue.
Non, ce qui m'a vraiment dérangée, c'est le côté très malsain, nocif, pervers de la relation entre Ikuro et son serviteur d'un côté, parce que ce dernier a une vraie emprise mentale sur lui ; et la relation violente entre Ikuro et son frère parce que j'ai eu vraiment mal et peur pour ce dernier. Ce sont deux éléments qui sont un vrai frein pour moi, même si je comprends que pour l'autrice ce sont des ressors scénaristiques au coeur de ce qu'elle veut écrire ici.
Du coup, mon avis sur le titre est partagé et je vais avoir besoin de lire la suite (la bonne excuse ^^) pour confirmer ou infirmer certains points.
Lien :
https://lesblablasdetachan.w..