Cette fois
Guy Delisle ne raconte pas un épisode de sa vie, mais de celle de l'humanitaire Christophe André, enlevé et séquestré par des Tchétchènes lors de sa première mission dans le Caucase, dans la république d'Ingouchie, en 1997, durant presque 4 mois.
Avec son légendaire sens de la situation et du détail,
Guy Delisle nous place en immersion dans la tête, la vision, les pensées de Christophe André, qui presque 20 ans plus tard a conservé un souvenir très précis de sa captivité, permettant cette restitution si détaillée. Menotté à un radiateur, allongé sur un matelas, il ne voit que l'ampoule au plafond, les murs nus, la porte, la fenêtre condamnée, le plateau repas et le bref passage aux toilettes qui rythment ses journées. Il enregistre tous les détails qui sortent de cet ordinaire, toutes ses pensées connectées au décompte des jours. Nous avons tous les moments d'abattement et de ressaisie, les espoirs déçus, les stratégies pour tenir mentalement, la volonté constante de s'en sortir, le sens de l'observation et des réalités. C'est tellement touchant.
La mise en cases est simple, avec un quadrillage clair, une palette d'encrage sobre et terne dans les tons gris-bleu (le jour) à gris-brun (la nuit). La répétition des jours est bien rendue par la répétition des scènes, parfois muettes.
C'est encore une fois un témoignage captivant, clair, riche, précieux, du maître en la matière, le grand
Guy Delisle.