Clara était une nature à la fois frivole et passionnée, avide, en outre, de luxe, de plaisirs, d’une haute situation. Don Ruiz de Sorrès réalisait à ses yeux tous les rêves d’amour et d’ambition. Mais elle restait incertaine sur les sentiments du jeune hacendero à son égard. Il s’était un peu occupé d’elle, lui avait dit deux ou trois fois qu’elle était jolie, avait un jour glissé une fleur de cactus dans ses cheveux noirs – tout avec son air de nonchalance altière, nuancée d’ironie. Au fond, elle se rendait bien compte qu’elle n’occupait guère sa pensée, qu’elle n’était pour lui qu’une distraction fugitive. Toutefois elle se persuadait qu’une fois revenu à l’hacienda, il serait pris peu à peu au charme de la fille du 221 mayordomo, rencontrée chaque jour, et arriverait à faire d’elle sa femme, en dépit de la différence de situation sociale.