Et sa vie n’était qu’angoisses, depuis quelques mois. Ce François !… Comme il ressemblait à tous ceux de son sexe, race de faibles et d’égoïstes ! « Vous ne savez pas ce que vous me faites souffrir ! » Il osait dire cela à cette mère qu’il laisserait de côté, dans trois ou quatre ans, quand viendrait pour lui le moment de s’unir à Sybil Welson. Pas un instant, il ne songerait à faire le sacrifice de cet amour, qu’il savait cependant déraisonnable, de toutes façons, car Sybil n’avait pas caché, dans un de ses récents poèmes, son nihilisme en matière religieuse. Qu’importait tout cela, pour lui ! Qu’importait tout, et sa mère elle-même, devant sa passion pour cette étrangère !
Si j’ai conservé la foi ? Mais naturellement ! Cela ne se perd pas ainsi. On la laisse sommeiller, pendant des années, on veut se persuader qu’elle est morte à jamais. Puis un jour, on s’aperçoit qu’elle est vivante, très vivante… Ah ! Denise, combien y en a-t-il ainsi, qui ont voulu l’étouffer, pour courir à leurs passions, pour repousser le devoir ! Ils ont dit — comme moi : « Je ne crois plus ! » Mais ils se mentaient à eux-mêmes. Un moment arrive où il faut bien se l’avouer…
La toilette, à laquelle, autrefois, elle s’intéressait beaucoup, lui devenait maintenant presque indifférente. De même, les compliments, les hommages dont les hommes saluaient encore sa beauté penchant vers l’automne, et que le mal sournois dont elle souffrait commençait de flétrir seulement depuis deux ou trois mois, par petites touches insidieuses, dont s’apercevaient à peine ceux qui vivaient constamment près d’elle.
Le manque de forte culture religieuse, l’influence de lectures amorales tolérées par la faiblesse maternelle, l’indulgence qui excusait, autour d’elle, tant de graves manquements à la loi divine, affaiblissaient cette âme de jeune fille appelée à se trouver bientôt en face des responsabilités, des souffrances, des sacrifices de la vie d’épouse.
C’est très pénible, à certains moments, de se dire qu’on ne peut plus revenir en arrière, et que si une… circonstance fâcheuse, inéluctable se présentait, rien ne viendrait vous aider, adoucir ces terribles instants, apporter un peu d’espérance… et le pardon.