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Citations sur Georgia (7)

Un jeune homme entra, en uniforme clair. Presque un adolescent. Pour donner le change, le gamin bomba le torse, mais il était mal à l'aise, cela se manifestait par d'infimes détails. Le jeune policier s'approche et ordonna à Venance de se tourner sur le côté. Il obéit et on lui ôta ses menottes. Le flic, malgré sa matraque et son revolver, éprouvait une angoisse diffuse devant cet être en fragments, démantibulé. En aucun cas, il ne voulait recueillir le sang de cet homme, s'en voir éclaboussé. Sang nègre, vieux talisman. Venance se redressa du mieux qu'il put pour toiser le policier.

Je te salue, gamin-l'uniforme, je ne te maudis pas plus que je ne te bénis, je te salue d'homme à homme, toi debout, moi dos au mur.
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La pierre que l'on m'a jetée, je l'ai mangée, la boue sur mon visage, je l'ai dévorée, mais j'ai toujours sous la langue un éclat de soleil qui se refuse à fondre.
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Venance était mort, avant l'embarquement, devançant le sparadrap rituel sur la bouche, la piqûre amère dans le freux de la cuisse. Mort avant de subir le dédain blasé du pilote et de l'équipage. Il avait contrarié l'application de la peine pour s'enfuir vers des destinations non homologuées. Le macchabée restait impuni. Expulser un homme était une véritable gageure: il fallait mobiliser des renforts, affréter un avion, dédommager les compagnies aériennes, s'assurer la coopération du pays de destination, éviter la presse, les militants impétueux qui se jetaient devant les roues de la fourgonnette. Cela se calculait, s'estimait. Toute une équation complexe que Venance venait d'annihiler.
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La vie de Georgia commence à peine, que déjà les heures épuisent le sablier. Le bluesman reprend son souffle. La chanson passe de bouche en bouche. L’amour, l’amour nous déchirera à nouveau.
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Georgia est une chanson qui passe de bouche en bouche. Une chanson mille fois reprise. Chacun se remémore les violons de la complainte de Ray Charles : la route, le clair de lune effleurant les pins, l'amour étendu là, comme un pneu crevé, le parfum des résines brûlantes, le Sud qui n'en finit jamais. (...) Quand Louis Armstrong chante Georgia, un négrillon trébuche, s'entaille les jambes sur un tesson de solitude. La voix console le gamin, lui susurrant que le destin n'a pas de limite, que les rêves courent plus vite que les chiens et qu'au bout de la route, un refuge auréolé d'or pur recueille les fuyards sans leur demander de montrer patte noire.
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Je ne veux plus refléter votre monde, mon front n'a plus besoin de sources, il se nourrit à la moelle des fureurs. Je n'accepte plus le lait de vos néons, la bonté de vos draps secs, la commisération de vos plateaux-repas. Mes orbites appartiennent aux aïeux, au pus des blessures immémoriales. Mes yeux ne seront plus des fanaux pour que vous accostiez à mes rivages vos cargos de justice. Votre justice ne passera plus par mes yeux.
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Les discours militants l'exaspéraient. Il ne voulait plus lutter, juste frapper et détruire, ses larmes déjà s'étaient taries et sa colère seule dévalait la pente.
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