Heureusement il y a eu à toutes les époques, des hommes décidés à faire passer l'intérêt général au-dessus des intérêts particuliers. Dans la Chine impériale, un souverain éclairé était ce qu'on pouvait rêver de mieux. Puis vinrent les idées de constitution, de république, de démocratie et de socialisme. Comme partout, la Chine a eu ses expériences de contestation du pouvoir, d'organisation d'élections locales et de mise en place du droit, mais en tout cas, la démocratie n'est pas perçue comme une fin en soi. Quelques sujets ont juste été effleurés dans ce livre : comment un état de droit peut se mettre au service d'un totalitarisme économique - dans cette perspective, est-on à l'abri du développement du clonage humain - est-ce que la démocratie peut exister à l'intérieur d'un parti unique - quelle est la place de la morale confucéenne et de la spiritualité dans la société chinoise.
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Dans un courant d'expression libertaire à la fin des Ming, Li Sancai ( ?; 1623) un fonctionnaire résistant écrit des mémoires de ce type à l'empereur Wanli.
""""""[Que votre Majesté] y réfléchisse un moment dans le calme de la nuit et dans le confort de Son Palais : Son sage coeur peut-il supporter cela, ou est-ce impossible ? Etre en paix, ou est-ce impossible ? Votre serviteur sait qu'Elle ne peut le supporter, qu'Elle ne peut rester en paix. Il y a les désirs [litt. "le coeur", xin] d'un seul homme, mais il y aussi ceux de la multitude [de ses sujets]. Votre majesté aime les perles et le jade, mais les gens aiment pareillement être au chaud et bien nourris. Votre Majesté aime [l'idée que ses descendants se succèderont pendant] dix mille générations, mais les gens sont pareillement attachés à leurs femmes et à leurs enfants. Comment Votre Majesté peut-elle vouloir que Son or s'entasse jusqu'à l'étoile Polaire et empêcher que le peuple arrive à mettre en réserve un seul boisseau de balle de grain ? Comment peut-elle vouloir assurer à Ses enfants et petits-enfants un avenir de mille et dix mille années et empêcher le peuple de prévoir le matin ce qui lui arrivera le soir ? Consultez les documents du passé : a-t-on jamais vu la cour émettre de pareilles directives, l'Empire présenter un tel aspect, sans que ce soit la rébellion ?"""""
Chen Duxiu (1879-1942) : il prend part à la révolution de 1911, puis au mouvement du 4 Mai, à la création du PCC, dont il est le premier secrétaire général, et à la première collaboration entre le PCC et le Guomindang. Puis il est attiré par le trotskisme, qu'il dépasse rapidement pour retrouver la démocratie vers la fin de sa vie. Il écrit ainsi, en 1940 : """"""La dictature du prolétariat, ca n'existe pas. C'est la dictature d'un parti et, en fin de compte, celle d'un dirigeant. Toute dictature est inséparable de la violence, du mensonge, de la tromperie, de la corruption et de la pourriture morale.""""""
Vers la fin de la dernière dynastie, les Qing, se crée un espace politique local, les sociétés d'étude (xuehui). Une formule mobilisatrice trouvait son expression institutionnelle dans le concept d'"autonomie locale" (difang zizhi) qui symboliserait le dépassement des intérêts particuliers et des barrières identitaires entre groupe sociaux. ""Que les ressources locales servent aux affaires locales, que les gens du pays gèrent les affaires du pays"" (yi difang zhi cai ban difang zhi shi, yi difang zhi ren ban difang zhi shi)
Mireille Delmas-Marty : " Aucun état ne peut faire face, seul, au dérèglement climatique " .Politique migratoire : une affaire d?Etats ?Le Débat du Grain à Moudre sur France Culture avec Mireille Delmas-Marty, juriste, professeur honoraire au Collège de France et François Gemenne, politologue, chercheur à Sciences Po Paris et à l?Université de Liège.https://www.franceculture.fr/emissions/du-grain-a-moudre/politique-migratoire-une-affaire-detats