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EAN : 9782366245578
200 pages
Cambourakis (03/03/2021)
4.17/5   526 notes
Résumé :
Dans cette dystopie, se reflètent les crises que nous traversons aujourd'hui : une société totalitaire est mise en place après la disparition soudaine d'une partie de la jeune génération mobilisée pour le climat. Les livres sont interdits, les frontières fermées et les femmes appelées à procréer pour renouveler la population. Mais une communauté inspirée des Guérillères de Monique Wittig émerge pour résister à ce nouvel ordre imposé...

Un roman chor... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (78) Voir plus Ajouter une critique
4,17

sur 526 notes
Ce que j'ai ressenti:

Cette lettre, FEU, doit rester encore un peu secrète. Parce que quand tu viendras, -et c'est certain que Viendra le temps du feu-, je le sais, tu feras tout disparaître. Tu emporteras, tout avec toi: l'heure, l'utopie, le printemps, les mots, la chronique…Voilà, pourquoi, j'aimerai attendre un peu, même si il ne reste guère de temps…

Je me rappelle ta chaleur. Je me rappelle ces femmes qui venaient auprès de toi, FEU. Il y avait Eve, Louise, Rosa, Grâce, l'enfant…Raphaël, également. Il y avait leurs mots, leurs espérances, leurs pleurs, qui flottaient, tels des fantômes autour de moi, de Toi, de nous. Chaque matin qui passe, me rappelle que l'avenir est plus compromis que la veille, plus difficile aussi. Dans ce monde ou dans l'autre…Et pourtant, j'aimerai m'arrêter pour un hommage sincère à cette communauté de femmes. Elles ont travaillé d'arrache-pied à édifier un espoir de sororité qui mérite lumière et reconnaissance. Qui mériterait que celui-ci traverse les frontières, les murs, les mémoires, l'indicible. Il faudrait que leurs douleurs arrivent jusqu'aux Autres, jusqu'à vous autres, jusqu'à laisser une trace indélébile. Que cet espoir soit chaleur, résistance, puissance, comme toi, FEU.

Tout comme Elles, j'ai le désir. le désir d'écrire, de lire, d'aimer. le désir de transmettre amour, tendresse, valeurs, à mes Soeurs. Je sais que tu es là, feu, sous la chair, dévorant, réconfortant, fertile, résistant. J'ai lu à travers leurs écrits, le refus de se soumettre, de procréer, d'agir contre leurs volontés. C'était fort, incandescent, puissant. Ce régime totalitaire qui les restreint, est une horreur. Il est si intemporel, si contemporain, si archaïque, qu'il peut se glisser, partout à l'insu ou à la vue de touxtes, c'est pour cela que certain.e.s prient, écrivent, luttent, résistent, pour que quand Viendra le temps, iel.les soi.ent prêt.es…Et alors, cette lettre pourra s'enflammer, avec…Là, je serai Joie…

C'est le matin. J'espère juste que ce ne sera pas le dernier. Pour que vienne un autre monde possible, il faut des poètes et des visionnaires comme Wendy. Des personnes capables d'écrire des histoires aussi, percutantes, embrasées, furieuses, sublimes. Des pages d'amour, de combats, d'émancipations, de libertés. Des vibrations qui restent, qui résistent au temps, qui enflamment nos corps et nos esprits. Des instants précieux de souvenirs revisités, de souffrances partagées, de résiliences solidaires. J'aimerai que tout s'embrase, quand Viendra le temps du feu, comme en effet-miroir, à mon coup de coeur super-mega-giga-extra-exponentiel, que j'ai pu ressentir avec cette lecture!

Cette lettre, ne pourra pas être gravée, dans la pierre, mais pourvu, qu'elle égratigne la montagne! Cette lettre, c'est une déclaration enflammée, sincère, et potentiellement FEUx de joies, qui, j'espère arrivera jusqu'à vous. Maintenant, j'attends. Je rassemble les morceaux de mon être, l'air et les mots doux, la pluie et les caresses, la poésie et les nuits d'écriture. J'attends que tu viennes, FEU, car c'est certain, Viendra le temps du feu, et enfin, la liberté, je le sais, prendra son envol, nous mènera vers des terres plus accueillantes…

Bien à toi,

Stelphique.
Lien : https://fairystelphique.word..
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Roman remarquable, inventif et éminemment politique, Viendra le temps du feu (ré)active, par le biais de somptueuses voix qui heurtent autant qu'elles passionnent, la puissance de la communauté, de la sororité contre l'autorité et la tyrannie. Une dystopie vraisemblable, consciente mais qui jamais ne perd espoir.
.
Aux mots défendants, ceux qui se réclament d'un passé inavoué, dissimulé, le·a lecteur·rice suit la lutte nécessaire de six personnages, des indésirables qui provoquent des glissements à partir d'un territoire refoulé : leur corps, séquestrés dans une vie inhibée. L'exigence du roman chorale promet alors un rythme haletant et une réflexion fluide sur l'état oppressif, la violence policière mais aussi les amours marginales et l'amnésie des souvenirs douloureux. L'occasion pour l'autrice de nous inviter à poursuivre la lutte, survivre face au contrôle des frontières humaines et géographiques, au fond, plus fragiles qu'on nous le persuade.
.
Ces récits sont des cris poignants, l'éclairante échappée que provoque la littérature dont le caractère éternel concentre un héritage et insuffle une énergie frénétique : le langage comme résistance toujours fidèle, une révérence. Wendy Delorme -dont j'acclamais déjà les précédents romans- offre ici une oeuvre puissante, étourdissante qui décrit aussi bien qu'elle conteste la chute implicite vers une société autoritaire, surveillée. Entremêlé d'intimité et de solidarité, Viendra le temps du feu révèle une sombre beauté, une image fine et éclairante de nos esprits indomptables. Indispensable.
Lien : https://ohaby.wordpress.com/..
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Immense coup de coeur pour ce roman de Wendy Delorme !
Si contemporain, à en frémir, si proche, à en sourire. Bouleversant.
Ce roman doit être une rencontre, un croisement, une bifurcation, une reconnaissance, une source, un ressourcement, un refuge, une fugue. Un Roman signal.
Peut-être verrez vous, apprendrez vous, vous souviendrez-vous.
Peut être, comme moi, dans les rues, dans les supermarchés, sur des quais de gare, peut être chercherez vous des visages reconnus. Eve, Louise,Paul, Rosa, Raphaël, Louis, Paul, ou bien Grâce...
L'écriture de Wendy Delorme a cette force incroyable : elle donne vie.
Je ne doute pas qu'ielles existent, parmi les Autres. Je crois en la survie d'une force vitale qui échappe, et échappera toujours à la férocité d'un « monde » qui nous condamne.
C'est un espoir, une richesse pour notre humanité. Prenons soin de nous. Gardons espoir.
Il s'agit de mémoire. de qui nous étions, qui nous deviendrons, qui nous sommes toujours.
En chacun.e.s d'entre nous. L'écriture est là. Les voix, les corps, les souffles de Vie, les révoltes, les colères, les silences, les résistances, les choix, les renoncements. L'amour, et l'espoir.
La survivance, une danse de lucioles, gardiennes du Feu.
L'écriture, la langue, les livres, le partage, le soin, la bienveillance. Ce commun, ce commun fragile et sauvage, hors du champs de la barbarie, du fascisme, hors du champs de la destruction.
Roman incroyable, ensemencé d'âmes venues de passé, de toutes les graines futures que nous portons en nous, malgré tout, quelque soit la noirceur des nuages qui obscurcie les cieux.
Je garde ce livre en mémoire. Une chanson douce, un poème partagé, un regard échangé.
Merci à Wendy Delorme pour ce livre. Pour les rives de ce fleuve, pour le Feu qui nous réchauffe, nous éclaire.
Merco à Paul B. Préciado, à Monique Wittig, à Rilke, à tant d'autres, à toutes celle.ux ( connu.es, inconnu.es, oubli.és, résistant.es, combattant.es…. ) qui depuis toujours prennent soin de notre Feu.

Astrid Shriqui Garain
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Viendra le temps du feu nous plonge dans une société dystopique à bien des égards, en empruntant la forme originale d'un roman chorale.

Sur la forme,

Les chapitres, courts, se succèdent, donnant la voix à Louise, à Raphaël, à Grâce, à Eve, ...et à tant d'autres. Tous tentent de survivre à cette société qui étouffent les libertés, en empruntant divers chemins, dont certains s'entrecroisent.

La forme choisie confère au roman un ton à la fois réaliste et intime.
Réaliste, car les personnages s'épanchent sur leurs drames, leurs peurs, leurs façons de faire face au quotidien – tout cela est très concret.
Intime, car les personnages rédigent leurs textes à la manière dont on se confie à un journal – ce qui renforce l'empathie du lecteur.

Afin d'apprécier cette forme, je préconise des élans de lecture assez longs – qui permettent aisément de jongler entre les personnages, et qui aident à voir une vue d'ensemble. A l'inverse, une lecture, même régulière, mais souvent interrompue, est moins adaptée à ce roman choral, on se perd entre les personnages, on se focalise sur les individualités et on perd de vue le panorama global qui se dessine.

Sur le fond,

Je retiens de ce livre deux grands messages.
Le premier, le plus évident et le plus développé, concerne la dénonciation de la perte des libertés individuelles, sous toutes leurs formes, notamment : la liberté d'aller et venir, la libre disposition de son corps, la liberté sexuelle.
Le deuxième, s'étire plus discrètement en toile de fond, il s'agit du thème de la survie de la planète, de l'écologie. L'individualisme, l'hyper consommation, la pollution, ont conduit à l'épuisement des ressources, l'extinction des espèces, le réchauffement climatique.



En conclusion, un roman détonnant, solidement engagé.
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Dans une dystopie caniculaire, nataliste et anti-culturelle, enclose dans des frontières punitives et excluantes, chacun et chacune doit contribuer par son travail et sa progéniture. Plusieurs personnes prennent la parole pour parler d'avant, quand le Pacte national n'avait pas été voté. « Personne ne devrait, selon la loi des autres, vivre une vie emmurée. » (p. 57) Rosa, Grâce, Raphaël, Ève et Louise se souviennent soit de cette ancienne communauté indépendante composée de soeurs, soit du temps où l'on pouvait lire ce que l'on voulait, soit de leurs sexualités désormais condamnables. « Mon récit commence comme s'achève mon histoire. C'est celle d'un grand massacre. D'une foule prisonnière, cerclée par la police. » (p. 61) Toutefois, comme dans toute société dysfonctionnelle, la résistance est inévitable : l'humanité n'accepte pas indéfiniment d'être étouffée. « Une main qui se pose sur la peau nue d'un bras, une page que l'on lit, pour soi ou à voix haute, sont les seuls remèdes à notre aliénation. » (p. 168)
Je découvre Wendy Delorme avec ce roman qui ne cache pas les hommages qu'il rend à des monuments de la littérature : La servante écarlate, Fahrenheit 451, Les guérillères et bien d'autres cités en fin d'ouvrage. C'est une lecture forte et militante qui écrit avec intelligence et délicatesse sur l'homosexualité et les identités sexuelles. Je retiens une phrase que je trouve lourde de sens : « Pour se protéger du monde, il faut devenir invisible, transparente. Qui n'a pas de contours ne devient jamais cible. » (p. 27)
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critiques presse (2)
MadmoizellePresse
16 janvier 2023
Viendra le Temps du feu est un vibrant récit de révolte et d’espoir. Wendy Delorme y décrit un monde totalitaire qui en bien des points ressemble beaucoup trop à ce que nous vivons actuellement
Lire la critique sur le site : MadmoizellePresse
Telerama
14 avril 2021
Avec “Viendra le temps du feu”, sa dystopie aux accents utopiques, l’écrivaine et militante féministe pose une loupe sur les maux et la violence de notre société, qui laisse si peu d’espoir à sa jeunesse. Un cri de désespoir autant que de révolte.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (68) Voir plus Ajouter une citation
Il me reste des années passées au lit, malade, l'immense gratitude d'avoir été soigné, d'avoir été aimé, d'avoir repris des forces grâce à tes soins constants. Je n'en ai pas conçu le goût d'être puissant, mais la conscience aiguë que sans le soin des femmes, les hommes ne seraient pas ce qu'ils sont aujourd'hui, et pourtant la plupart méprisent où trouvent cela normal, puisque c'est un acquis, qu'on s'occupe ainsi d'eux, comme de leurs enfants. Je ne suis pas de ceux qui trouvent cela banal qu'une femme sacrifie son temps chaque jour de sa vie, sa santé, ses envies et souvent ses besoins les plus élémentaires, pour élever des enfants.
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Je n'en ai jamais vu, ce qu'on appelle la neige. Ma mère m'a raconté, c'est quelque chose de blanc, léger et vaporeux, qui fond lorsqu'on la touche. Il a neigé, une fois, quand elle était petite. Mais je connais la grêle, qui s'abat sans prévenir durant les mois d'hiver et décime les récoltes qui ne sont pas sous serre.
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Les outils du langage viennent fixer ce qu'ils peuvent de l'expérience humaine. Souvent, c'est moins le sens des mots qui rend pleinement ce qu'ils tentent de décrire, que le rythme qu'ils prennent à l'oreille qui entend, sans même qu'on les prononce.
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"Les outils du langage viennent fixer ce qu'ils peuvent de l'expérience humaine. Souvent, c'est moins le sens des mots qui rend pleinement ce qu'ils tentent de décrire, que le rythme qu'ils prennent à l'oreille qui entend, sans même qu'on les prononce. Car les mots qu'on écrit présentent ceci d'étrange qu'ils égrènent en musique résonnant seulement pour l'être qui les lit. Et c'est cette musique silencieuse et secrète qui dessine le mieux la forme de ce qu'ils disent." P100
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J'observe l'enfant qui a six ans et je m'étonne qu'il soit si facile d'être heureuse. Il suffit de vivre dans l'ignorance de qui a vécu là avant nous. De ce qui existait et n'est plus.
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Videos de Wendy Delorme (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Wendy Delorme
Un texte collectif dirigé par Charlotte Pudlowski avec Emma Becker, Marina Rollman, Joy Majdalani, Wendy Delorme, Laurine Thizy, Emmanuelle Richard
Éditions de l'Iconoclaste | septembre 2023
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