Les théories du complot

Ainsi, si un complotiste pense avoir prouvé que l’Homme n’est jamais allé sur la Lune, ce serait parce qu’il a étudié tous les documents disponibles sur la mission Apollo, qu’il a développé une expertise considérable dans l’analyse des images, les principes de l’astrophysique et l’ingénierie spatiale, qu’il est parvenu à recouper différents témoignages fiables, inédits et indépendants qui convergent tous vers la même explication de ce pseudo événement, et qu’il a mis le doigt sur un faisceau de présomptions qui explique beaucoup mieux l’ensemble des faits que l’hypothèse que l’Homme aurait réellement marché sur la Lune. De plus, un tel investigateur aurait également réussi à expliquer comment il se fait que la plupart des gens en sont venus à croire que l’Homme est véritablement allé sur la Lune, c’est-à-dire par quels moyens et dans quel but cette monumentale supercherie a été conçue et imposée au public. À côté de ce travail, l’habile théoricien en question se serait également penché sur l’assassinat de Kennedy, et connaîtrait donc sur le bout des doigts le contenu intégral des 26 volumes publiés par la commission Warren, aurait acquis une solide formation en balistique et en géopolitique, et serait parvenu, au passage, à faire le tri entre les centaines de théories rivales disponibles sur cet événement particulier afin de déterminer lesquelles expliquent mieux la thèse d’une conspiration que celle d’une intervention solitaire de Lee Harvey Oswald. Ne reculant devant aucun sacrifice de son temps et de ses moyens, notre intrépide investigateur aurait également découvert, indépendamment des centaines d’hurluberlus qui ne savent pas vraiment de quoi ils parlent sur Internet, que le certificat de naissance de Barack Obama est un faux, que l’accident de voiture qui a coûté la vie à Lady Di était une mise en scène, que la tuerie de masse de Sandy Hook n’a jamais eu lieu, que les vaccins sont à la fois inefficaces et dangereux, que les chemtrails sont une arme secrète visant à contrôler les esprits, etc.