Quand Camille prend son premier coup de poing en pleine figure, elle ne parvient pas à y croire. Impossible que son mari, le père du bébé qu'elle porte, se montre aussi brutal. Et pourtant... Cet épisode n'est qu'un prélude à une longue suite de malheurs : insultes, coups, brimades, absence lors de l'échographie. Camille décide de fuir cet enfer. La voilà dans un hôtel miteux et sa carte de banque est bloquée. Pas de panique. Elle va aller tirer un peu d'argent au distributeur le plus proche. Malheureusement, elle a laissé en gage tout ce qu'elle possède, on l'arrête pour vagabondage et elle retombe dans les griffes de son tortionnaire.
Désespérée, elle tente à nouveau de s'échapper. C'est alors qu'elle est kidnappée et séquestrée dans d'atroces conditions.
Le roman commence fort : ce texte à la deuxième personne du pluriel, est-ce à nous qu'il s'adresse ? Peut-être, car, parmi nous, certaines pourraient être victimes de tels sévices. L'interlocutrice n'est pas nommée. Et nous, nous assistons, impuissants, à une scène d'une rare violence : « Vous êtes là, assise sur le sol, le dos au mur, et vous ressentez la douleur lancinante qui part de votre joue et qui remonte jusqu'à votre oreille. C'est là qu'il vous frappée. Avec son poing. »
Ce n'est qu'un début . La protagoniste est en état de sidération. Elle ne mesure pas vraiment la gravité de ce qui s'est produit. Elle nie la réalité : « Vous n'êtes pas une femme battue. Bien évidemment. Les femmes battues (…) ont le visage tuméfié, les cheveux gras, le teint gris. » La pauvre a mis le doigt dans un engrenage qui va la broyer. « Vous tombez à la renverse et il s'en faut de peu que votre tête aille cogner la table de la cuisine (…) il vous prend par le cou et il se met à serrer et à vous secouer en disant : "Mais ta gueule Nom de Dieu, ta gueule, ferme-la, espèce de conne." »
L'atmosphère change au chapitre suivant, puisque nous faisons la connaissance de Camille, enceinte, heureuse. A peine une demi-page. Cette loque ensanglantée, c'est elle, Camille. Cette brute inhumaine, c'est Pierre, l'homme qu'elle aime, car, jusqu'à la fin du livre, c'est ainsi qu'elle le désigne : « l'homme que j'aimais ».
L'histoire nous décrit une femme qui, comme le suggère la couverture, est enfermée dans une cage virtuelle, puisque, quoi qu'elle tente pour y échapper, elle échoue et est ramenée à la case départ. En fait, à part Maëlle – on aimerait bien avoir des amies comme elle ! - , Camille n'a personne. Ses parents sont morts, son frère la déteste.
J'ai dévoré ce roman, à mon avis très différents des autres de l'auteur qui ne m'avaient pas (trop) plu.
Ce n'est que très tard qu'on découvrira le vrai sens de la couverture. Cependant, bien que je me sois laissé emporter, j'ai été déçue par la fin. D'abord parce que la situation me paraissait un peu trop semblable à celle d' «
Alex » de
Pierre Lemaître (d'ailleurs, l'héroïne porte le même prénom épicène que le commissaire Camille
Verhoeven). Ensuite, parce que, lorsqu'on y réfléchit, une fois la tension et le suspense apaisés, on se rend compte qu'il y a trop d'invraisemblances.
Une femme épuisée, qu'on n'a pas nourrie depuis plusieurs jours, arrive à bout d'un tueur professionnel. Elle a une cheville cassée, ou, pour le moins une entorse, mais elle parvient à courir. Elle est perdue dans un labyrinthe et réussit à retrouver son geôlier et à lui prendre la clef. le coupable surgit de nulle part. Un mur s'écroule sur lui en épargnant la jeune femme. Les ouvriers qui conduisent d 'énormes engins de chantier très bruyants repèrent in extremis l'être humain qu'ils allaient écraser en dépit de ses cris désespérés.
J'ai aussi regretté qu'on ne sache pas ce qu'il advient d'Antoine, auquel on s'était pourtant attaché. Malgré l'horreur du sujet, il y a quand même, de temps à autre, une petite touche d'humour qui allège l'atmosphère. Ainsi lorsqu'Antoine se fait arrêter : « Ne te mêle pas de ça, dit l'agent. Je suis sûr que tu as autre chose à faire que de chercher des ennuis. - Je ne savais pas qu'on se tutoyait, dit Antoine en se tournant vers lui. Mais ça me fait plaisir d'avoir un pote dans la police. »
J'ai été agacée par quelques pléonasmes : « prendre dans ses mains » ou « acquiesça de la tête ».
Si ce genre de détails ne vous arrête pas, foncez, car, globalement, l'histoire est intéressante, elle parle d'un problème crucial de la société, et surtout, il s'agit d'un vrai « page turner » qui se dévore très rapidement.