Un titre de
Pascale Maupou Boutry intéressant à plusieurs niveaux, pour l'illustration d'une part, usant de quelques atouts artistiques ombre et lumière et par son histoire bien sûr d'autre part.
Les images distillent un vrai charme, rustique, surtout dans les intérieurs moyen-âgeux restitués de paysans, éclairés à la bougie comme dans les tableaux du Nord du XVI ème siècle, à la manière de Georges de la Tour.
Régis Delpeuch arrive à inspirer une scène du temps d'avant, juste avec une teinte ocre bien travaillée et pourtant sans mobiliers.
Nous sommes dans les campagnes et notre héroïne y filera régulièrement son chemin.
C'est une conteuse.
Chaque jour, elle sort sa flûte puis lit une des histoires collectées sur son carnet.
D'ordinaire, on l'attend avec impatience, les personnages du village sont nombreux mais l'illustrateur leur accorde une tout de même une réserve, pas d'expressions visibles d'enthousiasme.
Un peu sauvages mais à l'écoute.
La conteuse est un peu la télévision de l'époque, avec ses nouvelles véhiculées de villages en villages, avec ses divertissements qui vont nourrir l'imagination du quotidien, c'est aussi une invitée surprise, c'est certainement assez rare.
Sauf, qu'un jour et les jours suivants, dans une partie du pays, elle ne pourra plus gagner sa croûte, les regroupements y sont interdits.
Comment cela se fait-il?
La place d'un village est un peu aussi son coeur, n'est-ce pas chers lecteurs?
Si on prive une petite ville de son coeur et de son désir d'hospitalité, elle se meure, elle devient aussi sèche et aride qu'un lit de rivière désertée.
Et puis, elle s'oublie.
Quelle terrible mal pouvait nécessiter d'interdire les gens de se rassembler sur les places?
La vie semble être un peu bouleversée à cette limite du pays, les gens ont peur, nous le constatons à l'image et nous restons tout ouï, curieux de comprendre quelle autorité a pu décider de cela?
Ces gens ont c'est certain une terrible histoire à raconter.
La suite est surprenante et bien trouvée.
La fin nous prouve bien que de simples petites étincelles déclenchées peuvent générées de grands feux.
Ce fait, nous le concluons sans que cela ne soit montré à l'image, les auteurs laissent les lecteurs seuls juges de ce qui s'est passé après que notre conteuse se soit échapper de la prison dans laquelle on l'aura mise enfermée après avoir rassemblé autour d'elle.
Le pourquoi importe peu, ce qui est le plus important, c'est que les murs n'auront pas retenir ses histoires et également leur subtile pouvoir.
Ce que la Culture peut faire, nul ne peut le défaire, retenez bien cela, jeunes lecteurs.
Les jeunes lecteurs pourront profiter si ils le souhaitent de la lecture de l'histoire accompagnée de musique, un bonus.
Une belle surprise.