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L'ennemi principal tome 1 sur 2
EAN : 9782849501986
276 pages
Syllepse (22/01/2009)
4.59/5   17 notes
Résumé :
Ce livre en deux volumes rassemble la plupart des textes publiés par Christine Delphy à partir de 1970 au sujet de ce qu’on appelait jusqu’alors la «condition féminine» ou «la question des femmes», et qu’avec la deuxième vague du mouvement féministe du 20e siècle, elle a désigné comme l’oppression des femmes et la question du patriarcat.
L’oppression étant la situation des gens opprimés, les femmes étant le nom que l’on donne à ces opprimés-là, et le patriarc... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce livre rassemble plusieurs articles publiés par C. Delphy entre 1970 et 1990, sur le thème du système patriarcal qui oppresse les femmes dans la société occidentale de cette époque. Les concepts développés s'appuient sur une analyse matérialiste de l'économie et de la politique, dans la lignée de Karl Marx, tout en réfutant une partie de l'idéologie d'extrême-gauche selon laquelle les travailleuses seraient des travailleurs comme les autres.
La société décrite par C. Delphy est celle dans laquelle mes parents ont grandi, les données qu'elle utilisent concernant le taux d'emploi des femmes sont largement périmées, mais les mécanismes sous-jacents d'exploitation du travail domestique des femmes par leurs conjoints masculins sont toujours à l'oeuvre. Certes, les jeunes pères ont plus de temps à consacrer à leurs enfants, mais ils restent à l'écart des tâches ménagères ingrates et cèdent beaucoup moins facilement de leur temps de travail pour gérer la famille. le combat pour l'égalité pratique dans la sphère privée n'est pas terminé, et mettre les mots sur l'oppression permet d'avancer à l'échelle individuelle. Je vous recommande donc cette lecture si vous trouvez que la société est déséquilibrée mais que vous ne voyez pas forcément comment le formuler pour en débattre avec vos proches.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
La non-valeur de ce travail [ménager] est induite institutionnellement par le contrat de mariage et que le contrat de mariage est un contrat de travail. Plus précisément c'est un contrat par lequel le chef e famille - le mari - s'approprie tout le travail effectué dans la famille puisqu'il peut le vendre sur le marché comme le sien propre, comme dans le cas de l'artisan ou de l'agriculteur. Inversement le travail de la femme est sans valeur parce qu'il ne peut pas être porté sur le marché, et il ne peut l'être en raison du contrat par lequel sa force de travail est appropriée par son mari. Cependant, le tiers environ des femmes mariées travaillent à l'extérieure. On constate que ceci va de pair avec l'extension de la production industrielle - et donc du salariat - et la diminution de la production familiale, artisanale ou commerciale. Dès lors que la production destinée à l'échange (au marché) est effectuée hors de la famille, sur le mode du salariat, dès lors que l'homme ne vend plus un produit mais son travail, la production marchande ne peut plus incorporer le travail gratuit des femmes. Celui-ci ne peut plus être utilisé que dans la production destinée à l'autoconsommation : la production de services domestiques et d'élevage des enfants. (p. 123-124)
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Le retournement de l'accusation de racisme est une réaction classiquement défensive et une défense classiquement réactionnaire. Et cela fait quelque temps déjà que l'on voit les femmes accusées de sexisme par des gens qui souvent n'en connaissent même pas le sens originel, mais qui ont l'excuse de ne pas poser aux « révolutionnaires », encore moins aux « féministes ». L'accusation de « contre-racisme » ou de « sexisme à l'envers » est typiquement réactionnaire ; elle l'est déjà a priori, avant tout examen, en cela seul qu'elle pose implicitement une symétrie entre oppresseurs et opprimés. Il est incroyable qu'on ose proférer de telles choses à propos des Noirs, dont le mouvement est plus ancien, plus connu et plus reconnu, que celui des femmes. Il est incroyable que quiconque se prétendant non seulement au courant des luttes, mais de surcroît « spécialiste », fasse preuve d'une telle ignorance, au sens premier d'absence d'information ; et que quelqu'un qui ignore des faits élémentaires de l'histoire contemporaine ose aborder le sujet. En effet, le « concept » de « contre-racisme » a été démystifié depuis longtemps pour ce qu'il est : une tentative d'intimidation. (p. 161)
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L'« amitié » de nos amis est du paternalisme : une bienveillance qui comporte nécessairement une bonne dose de mépris, mieux, une bienveillance qui ne s'explique que par le mépris. Ils se mêlent de nos affaires parce qu'ils nous estiment incapables de nous en occuper. Mais « ce n'est pas tout » : la vérité - une autre vérité - c'est qu'ils ne peuvent se résigner, eux qui sont les premiers partout, à ne plus l'être aussi là ; or, là, ils ne peuvent manifestement pas l'être. Leur bienveillance n'est qu'une tentative de garder une place, de n'être pas exclus. Il existe une raison objective et majeure à leur tentative de contrôler la direction des mouvements : la peur qu'ils ne se dirigent contre eux ; mais de surcroît une tendance imprimée en eux dès leur naissance, et devenue une seconde nature, est plus forte qu'eux : il faut que cette place soit leur place, et leur place c'est devant. (p. 154)
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L'un des axiomes, sinon l'axiome fondamental de ma démarche, est que les femmes et les hommes sont des groupes sociaux. Je pars du fait incontestable qu'ils sont socialement nommés, socialement distingués, socialement pertinents, et je m'interroge sur cette pratique sociale : comment est-elle réalisée ? À quoi sert-elle ? Même si l'on donne un poids minimal à cet aspect social, même si l'on se contente de constater la pertinence du sexe pour la société, on est obligé de considérer que cette pertinence est un fait social, qui requiert donc une explication elle aussi sociale. C'est pourquoi une partie importante de mon travail est consacrée à dénoncer les démarches explicitement naturalistes, qui cherchent une explication naturelle à un fait social. (p. 22)
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On m'accordera que le premier empêchement à lutter contre son oppression, c'est de ne pas se sentir opprimée. Donc le premier moment de la révolte ne peut consister à entamer la lutte mais doit consister au contraire à se découvrir opprimée : à découvrir l'existence de l'oppression. L'oppression est découverte d'abord quelque part. Dès lors son existence est établie, certes, mais non son étendue. C'est à partir de la preuve qu'elle existe qu'on la cherche ensuite ailleurs, ici, là, en progressant de proche en proche. La lutte féministe consiste autant à découvrir les oppressions inconnues, à voir l'oppression là où on ne le voyait pas, qu'à lutter contre les oppressions connues. (p. 164)
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Vidéo de Christine Delphy
Il y a 50 ans, neuf féministes rendaient hommage à la femme du Soldat inconnu sous l'Arc de triomphe. Réprimées, médiatisées, elles écrivent sans le savoir l'acte de naissance du "Mouvement de libération des femmes" (MLF) qui structurera le mouvement féministe français. Des années plus tard, Christine Delphy s'en souvient.
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