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EAN : 9782925114154
268 pages
Pow Pow (20/01/2023)
4.28/5   99 notes
Résumé :
En 1990, Julie Delporte n’a encore jamais vu de butch, mais sa tante préférée chasse et fume le cigare. Presque vingt ans plus tard, elle publie un livre sur Tove Jansson dans lequel elle raconte avec joie que cette artiste finlandaise est la première femme à qui elle s’identifie, seulement elle était lesbienne et pas Julie. À 35 ans, après avoir surligné de toutes les couleurs son exemplaire de La pensée straight de Monique Wittig, Julie Delporte arrête de porter d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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C'est la norme d'être affecté, tout le monde l'est.
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Ce tome contient un témoignage d'une artiste ayant découvert tardivement son homosexualité, une bande dessinée qui se suffit à elle-même. Sa parution date de 2023. Elle a été réalisée par Julie Delporte, pour le texte et les dessins. Il s'agit d'un texte illustré, plutôt que d'une bande dessinée. Il comprend cent-quarante-sept pages de récit. Il se termine avec quatre pages de notes revenant sur les sources d'inspiration de certains dessins.

L'autrice se fait la réflexion suivante : ce qui ne l'a pas tuée ne l'a pas rendue plus forte. le temps n'a pas guéri toutes ses blessures. Mais elle peut constater que, malgré tout, elle est encore vivante. Sachet de sucre avec une cuillère : la première fois qu'elle a fait l'amour avec une femme, elle n'avait pour références que des dessins et des films réalisés par des hommes. Deux femmes nues allongées et enlacées dans un lit : pour remédier à cette situation, elle a regardé deux ou trois fois de suite la scène finale de Je tu il elle, de Chantal Akerman. Deux femmes nues allongées et enlacées dans un lit : elle était fière de sa nouvelle orientation, mais elle mourait de honte qu'elle lui arrive si tard. Elle avait peur d'être une femme hétérosexuelle qui expérimente et s'enfuit aussitôt. Les lesbiennes autour d'elle semblaient se plaindre d'un tel scénario. Les deux femmes se caressent tendrement : elle a attendu longtemps avant de se lancer. Il y avait eu une première fois, maladroite, en partie parce qu'elle avait trop bu. Puis une deuxième où tout était joyeux et léger. de petite taille, d'apparence douce mais masculine, Anna ne ressemblait à aucune des lesbiennes fantasmées par les hommes. Elle disait que Julie avait l'air plutôt gay, ce qui faisait rire cette dernière. Ce jour-là, Julie était presque étonnée de se sentir normale. C'était toute sa vie d'avant qui était anormale.

Des roches avec des veines de couleur : son amie Kate lui a demandé si la pénétration n'allait pas lui manquer. Julie a répondu que c'était une affaire de reproduction, non ? Luc a pensé qu'elle était bisexuelle, mais à vrai dire, elle était épuisée d'aimer les hommes. Elle voulait qu'ils soient amis rien de plus. Guillaume lui a demandé si elle avait toujours été comme ça, ou si elle avait changé. C'était une très bonne question. Presque tous les témoignages de lesbiennes tardives qu'elle avait pu entendre se résumaient par : Un jour, je suis tombée amoureuse d'une femme. Est-ce une manière de simplifier ? Un jour, Julie est tombée amoureuse d'une femme, mais son histoire ne commence pas là. Elle ne commence pas non plus avec l'apparition d'un désir physique. Les papillons dans le ventre étaient là bien avant qu'elle désire une femme. Images d'insecte dans un bocal : Elle s'en souvient, à douze ans, avec son cousin. Ils la paralysent et l'empêchent de quitter la pièce. Puis à quatorze ans, quand un garçon plus vieux qui lui répugne se colle à elle sous la table, faisant réagir son corps. C'est ce qu'on appelle un fantasme. Elle a mis du temps à comprendre le geste de Jeanne Dielman.

En découvrant les premières pages, le lecteur se rend compte de la nature de l'ouvrage. Il s'agit de l'histoire personnelle de l'autrice qui a pris conscience de son homosexualité à trente-cinq ans et qui évoque son entrée dans le pays qu'on appelle Gouinistan, avec des questions sur ses relations sexuelles avec les hommes, son caractère, sa façon de se comporter, ce qui relève de sa nature intrinsèque et la part d'elle qui a été modelée par la société, soit de manière explicite (les modèles de féminité), soit ce qui est implicite ou même inexistant (l'absence de représentation de femmes lesbiennes à son époque). Cela se présente sous la forme d'une ou deux phrases par double page, avec une écriture cursive manuscrite très agréable à l'oeil. En vis-à-vis dans cette double page se trouve un dessin, parfois sur la page de gauche, parfois sur celle de droite, de temps à autre sous le texte sur la même page. Pour le chapitre introductif, il s'agit de huit dessins à l'encre de Chine inspirés du film Je tu il elle (1974) réalisé par Chantal Akerman (1950-2015, réalisatrice). Dans les notes en fin de volume, Delporte précise que la même année, Barbara Hammer (1939-1919) réalisait Dyketactics, un court métrage mettant lui aussi en scène un érotisme lesbien, mais de manière plus expérimentale. Avant cette date, elle ne connait pas de scène érotique lesbienne tournée par une réalisatrice lesbienne (ni même tourné par une femme hétérosexuelle) qui ait été retenue dans l'histoire du cinéma.

De fait, le lecteur s'attache plus au texte qu'aux dessins, car l'autrice raconte son histoire, et les dessins viennent au mieux présenter une mise en situation de la relation lesbienne, pour le chapitre introductif, ou souvent accoler des représentations de la nature (roches, coquillages, fleurs, végétaux) et de rares fois un objet manufacturé ou une personne. le texte est rédigé dans un français très accessible, avec des phrases courtes, sans vocabulaire spécialisé ou complexe, très agréable à lire avec sa graphie. La construction de ce témoignage se révèle simple et naturelle. Julie expose sa son parcours de vie sous l'angle de sa préférence sexuelle. Sa première expérience homosexuelle l'a amenée à s'interroger sur la normalité imprégnant la société. Une fois sa prise de conscience opérée, elle s'est demandé si elle avait toujours été comme ça, c'est-à-dire homosexuelle. Elle est passée par différentes phases : la culpabilité de ne pas avoir d'activité sexuelle, comment érotiser le corps d'une femme (et sa vulve en particulier), le fait que personne ne l'a jamais forcée mais qu'elle se forçait elle-même pour se conformer, les contraintes sociales à l'hétérosexualité et l'absence d'images positives de lesbiennes, les contraintes de la perfection des normes sociales imposées à des êtres humains qui sont intrinsèquement imparfaits (deux états irréconciliables), la question de Judith Butler (Comment vivre une vie bonne dans un monde mauvais ?), et un regard en arrière sur ses relations avec les femmes avant de se reconnaître lesbienne. L'autrice se montre honnête, réfléchie, dans une réflexion sans acrimonie, sans volonté de vengeance ou d'accusations, sans militantisme ou agressivité, avec un ou deux points d'amertume, ce qui rend la lecture aussi intéressante qu'agréable.

Dans le fil des pages, le lecteur jette un coup d'oeil aux dessins : agréables à l'oeil, réalisés avec des crayons de couleur, parfois pastel, avec des traits de contour en couleur quand il y en a. Une fois passée l'introduction, il n'est pas toujours très sûr de ce qu'il est en train de regarder. de temps à autre, un dessin apparaît en relation direct avec le texte : un portrait de Monique Wittig en vis-à-vis d'une citation d'elle, des dessins de robe et de tissu quand Julie évoque ce qu'elle a fait de ses robes après avoir assumé sa nouvelle identité sexuelle, un facsimilé de Tofslan & Vifslan regardant leur pierre secrète en provenance d'une histoire des Moomins, de Tove Janssen (1914-2001), un appareil photographique argentique, la couverture du livre Peau (1999, À propos de sexe, de classe et de littérature) de Dorothy Allison (1949-), etc. Puis arrive la page quatre-vingt-huit dans laquelle l'autrice dit que cette forme est maintenant sa préférée, elle la voit partout, en parlant de la forme de la vulve. le lecteur comprend alors que chaque dessin porte en lui le regard sexualisé de l'artiste, une façon de regarder le monde en ayant à l'esprit le sexe féminin. Cette tournure d'esprit ne saute pas au visage du lecteur ; elle reste sous-jacente. Si son esprit fonctionne de manière plus cartésienne que poétique, il apprécie de pouvoir découvrir dans les notes, la nature de ce qui est représenté pour les dessins qui l'ont laissé perplexe : des roches photographiées sur la côte de l'île Verte dans le fleuve Saint-Laurent, des scènes du film Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles (1975) de Chantal Akerman, des agates tranchées, des algues et roches photographiées à Maria en Gaspésie, des fleurs du Jardin botanique de Montréal et un colibri venu les visiter, des lichens accrochés aux roches dans le parc régional du Poisson Blanc, l'érosion des falaises aux îles de la Madeleine, et plusieurs créatrices lesbiennes ou personnages dans des films.

La lectrice ou le lecteur ressent les émotions et les interrogations de Julie Delporte, avec son point de vue qu'elle expose sans l'imposer. Il effectue le constat des références culturelles féministes ou lesbiennes : Adrienne Rich (1929-2012), Chantal Akerman (1950-2015), Lauren Beerlant (1957-2021), Annie Ernaux (1940-), Tove Janssen (1914-2001), Monique Wittig (1935-2003), Courtney Barnett (1987-), Dorothy Allison (1949-), Adèle Haenel (1989-), Judith Butler (1956-), sans se sentir exclue ou exclu. Elle ou il ressent que ces interrogations prennent comme point de départ la prise de conscience (que l'autrice qualifie de tardive) d'être lesbienne, et qu'elles s'appliquent également à chaque être humain quelle que soit sa condition. La pression de se conformer aux injonctions et normes sociales explicites ou implicites, le syndrome de l'imposteur, le besoin de se sentir normal, l'impossibilité pour l'être humain d'être parfait, l'impulsion de faire plaisir pour éviter le rejet par l'autre, la façon inconsciente de considérer le monde avec un point de vue sexualisé, l'habitude de se forcer, la démarche de consoler l'enfant qu'on a été, etc. En page cent-vingt-sept, l'autrice déclare qu'elle a voulu être une lesbienne avant d'avoir du désir pour des femmes, une sorte d'essence qui précède l'existence, pour reprendre la formule de Jean-Paul Sartre (1905-1980).

Une lesbienne tardive s'interroge sur son parcours de vie, son orientation sexuelle, ses relations hétérosexuelles passées, les obstacles pour prendre conscience de ses préférences, la manière dont elle s'est forcée inconsciemment à être normale, en agrémentant chaque page d'un dessin sur la manière dont elle perçoit la nature, mais aussi les autrices ou créatrices qui lui ont permis de comprendre sa situation, son chemin. Outre le témoignage d'un cas particulier, il s'agit également d'un regard sur son environnement aussi bien naturel que mental. Un partage bienveillant d'expérience de vie.
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Cet album de Julie Delporte est pratiquement trop intime pour en faire une critique. Je salut son audace, son ouverture, sa confiance envers les lecteurs car ce récit autobiographique est son histoire, très personnelle.

« Longtemps, je me suis retrouvée à exercer ma sexualité pour me sentir normale ou obtenir l'affection dont j'avais besoin, et non depuis un désir qui m'appartenait. Je me disais que je n'étais sûrement pas la seule à avoir vécu cela et que c'était un bon sujet. »

L'autrice offre un album graphique de haut niveau. Des dessins harmonieux, aux couleurs pastels, certains un peu osés, la plupart remplis de tendresse. Elle s'inspire de voyages au Québec, plus précisément à l'île Verte, à Maria en Gaspésie; et de visites au jardin botanique pour faire des parallèles élogieux avec des parties d'anatomie. Une légère mise en scène d'érotisme lesbien

« J'ai eu la chance de pouvoir me rendre en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine. J'ai petit à petit reconnu dans mes dessins d'algues, de roches, de coquillages et de champignons des évocations de la peau, des organes humains et des organes sexuels… »

Elle met en lumière quelques femmes inspirantes pour son art et pour son évolution dans sa sexualité. Rosa Bonheur, Chantal Akerman, Tove Jansson Zanele Muholi, etc…
Je me dois de répéter une partie d'une critique écrite sur ce livre : «  Corps vivante est un acte d'amour directement relié à la connaissance de soi, une évolution avec indulgence par rapport à un passé embrumé. » Je crois que ça résume tout. Bravo pour ce cheminement pas si évident!
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Un ouvrage aux frontières entre plusieurs genres : entre bande dessinée et carnet personnel, entre recueil de poésie et album illustré. Une lecture qui pourrait être parcourue rapidement mais dont chaque image oblige à s'arrêter. Toujours les dessins au crayon de couleur, qui peuplaient Moi aussi je voulais l'emporter, et qui jouxtent les textes sans nécessairement s'y rapporter de façon directe, mais souvent avec subtilité. Je pense ici à tous les dessins d'éléments naturels : croquis de paysages colorés, détails fragmentés de ceux-ci, à la manière de planches botaniques ou anatomiques, bribes d'éléments vus et parcourus, de lectures ou de films que Julie Delporte évoque parfaitement. On a plaisir à retrouver les sources dont proviennent toutes ces illustrations dans les notes à la fin du livre, comme une bibliographie qui recenserait les films et les jardins d'où se sont échappées les images, et les références propres à chaque portrait, portraits de femmes auxquelles Julie Delporte fait allusion ou auxquelles elle lie son histoire. Cette histoire est celle d'une femme qui met du temps à trouver les mots qui la définissent et qui définissent ce qui lui est arrivé. Ce livre évoque le parcours qui la conduit à comprendre qu'elle est lesbienne, et le parcours tout aussi difficile pour comprendre sa légitimité à se définir ainsi, et les illustrations accompagnent merveilleusement cette progression. Ce livre parle aussi de violences sexuelles subies dans l'enfance ou l'adolescence, et peut en cela être une lecture éprouvante, dont on ressort différent'es. Si ce thème est abordé, c'est tantôt de façon allusive tantôt en s'appuyant sur des faits concrets de l'expérience personnelle de l'autrice - dont l'oeuvre semble revêtir, pour une part aussi grande que dans Moi aussi je voulais l'emporter, une dimension autobiographique - mais toujours dans une perspective qui ouvre sur le temps de se reconstruire, et sur le temps de guérir les blessures. Les mots qui débutent l'ouvrage, placés dans l'intérieur de la couverture, annoncent le constat qui conduit à l'oeuvre et dont elle déploie le cheminement : “Ce qui ne m'a pas tuée ne m'a pas rendue plus forte. le temps n'a pas guéri toutes mes blessures. Mais je peux constater que, malgré tout, je suis encore vivante.” qui résonne avec le titre de l'ouvrage.
J'ai adoré cette dernière parution de Julie Delporte, une très douce lecture qui mérite d'être réitérée, tant les illustrations sont belles et invitent à un regard attentif, et les mots puissants, donnant envie de noter des bribes du texte au long de la lecture.
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et les femmes de croire qu'il est cruel d'avoir des limites
que la sexualité se mesure à l'aulne tendresse
qu'il faut qu'on doit
sans entendre le plein vivant
et dire l'acte dégénéré pour guérir
les fictions autorisées diffusent l'orientation admise
le scrabble pour le recul
l'identification pour grandir
Et la psychanalyse d'exprimer à travers siècle ses modèles dominants
les femmes sont hystériques dit la légende (ou Freud)
devenir ou être soi
des roses au crayon papier pour le désir
belle et libre
les robes placards
les cheveux compost
la trahison au bras de l'homme
dans l'abnégation
faire semblant à valeur dépassée
le non de l'enfance jamais entendu
pour le bien disent les adultes pour le reste se souviennent les effractées
une place au chaud pour le trauma
des montagnes à consoler
l'enfant est indigne d'amour
la honte dans les doigts
les limites non apprises
la survivance cadeau
et de s'adapter au peau même la sienne
devenir authentique même bancale
une pieuvre "trouble la norme"
les tentacules roses desserrent le noeud sous seins
le corps peut être affecté dissocié pourtant vivant
l'escargot tantôt dedans tantôt dehors si une main
la coquille solide contre agression mais la peur toujours solitude pleine
l'apprentissage du lien en phase avec ce qui est arrivé sans réduction
la longue histoire du soi biaisé en bord de mer
le pied des vagues
un refuge

Un très bel objet que ce livre intimiste. Les illustrations crayonnées sont délicates et sensibles, elles font face à des propos parfois rudes et crée symbiose entre les deux.
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Quelle incroyable perle que cette BD. C'est une sorte de journal intime avec des dessins magnifiques, des confidences de l'autrice qui raconte sa sexualité. Ses débuts, difficiles et tâtonnants, avec des relations non consenties, de la domination. le sexe est lié à la culpabilité, l'anxiété, la recherche de tendresse. Elle narre ses tâtonnements, son désintérêt parfois, une année de "décroissance sexuelle", la fatigue des hommes... et puis un jour, elle est tombée amoureuse d'une femme. À + de 30 ans. Mais elle précise que son histoire ne commence pas là. Elle aurait aimé être lesbienne depuis longtemps...
Elle partage avec nous son histoire d'amour, mais aussi son entrée en Gouinistan comme elle l'appelle, qui change tout. Les réactions de ses ami•es, de sa famille, la transformation de sa sexualité, de sa féminité et les traumas bien sûr qui ne disparaissent pas du jour au lendemain. le tout avec des références qui ont marqué sa vie, dont certaines que j'adore comme Dorothy Allison, Annie Ernaux, Paul B. Preciado ou Monique Wittig.
C'est donc l'histoire intime d'une lesbienne tardive, qui montre l'évolution de sa sexualité, de son genre, de son corps. de son désir. Après tout, elle est en-corps vivante.
C'est subtil et somptueux, j'ai adoré.
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critiques presse (4)
Bibliobs
02 janvier 2024
Julie Delporte couche sur le papier son introspection de manière poétique, délicate et honnête. Elle l’accompagne de magnifiques dessins au crayon de couleur, représentant des coquillages, des pierres ou des fleurs qui font parfois penser à la peinture de Georgia O’Keefe.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Bibliobs
12 juillet 2023
Une introspection délicate et poétique sur le coming out tardif
Lire la critique sur le site : Bibliobs
BoDoi
17 avril 2023
Elle retrace enfin, fragments par fragments, comment elle s’est autorisée à aimer les femmes, à entrer en lesbianisme – et les liens que cela lui permet de tisser.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Bibliobs
07 mars 2023
Dans le très beau « Corps vivante », publié par les éditions québécoises Pow Pow, l’autrice raconte son « refuge » tardif, à l’âge de 35 ans, au « pays des lesbiennes ».
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
J’ai mis longtemps à comprendre le geste de Jeanne Dielman. Jeanne Dielman, 23 quai du Commerce, 1080 Bruxelles (encore Chantal Akerman), est un film de trois heures pendant lesquelles Jeanne (Delphine Serig) fait le ménage et se prostitue. Un jour, un client la fait jouir pour la première fois : son quotidien se dérègle et elle finit par tuer l’homme. La première fois que j’ai vu le film, j’ai cru que Jeanne n’en pouvait plus d’éplucher des patates et de se prostituer. La deuxième fois, j’ai imaginé qu’elle ne supportait pas l’irruption du plaisir dans sa vie ordonnée. Mon professeur d’histoire du cinéma avait probablement induit cette interprétation. La troisième fois, j’ai eu une épiphanie. J’ai ressenti sa jouissance comme une violente trahison de son corps. Comme celle du mien, enfant. Et plus tard, toutes ces fois où je ne voulais pas. Penser au nombre de fois où j’ai fait l’amour sans le vouloir me fait peur. Ce n’est pas sale ni immoral. Mais vraiment, j’ai la sensation de m’être fait avoir. Les garçons étaient toujours dans mon pantalon avant que j’aie le temps de me demander s’ils me plaisaient. Je pratiquais ma sexualité dans la peur de n’être aimée de personne. Elle était le prix à payer pour une peu de tendresse. Je croyais que c’était cruel pour l’autre de m’arrêter en plein milieu. Je croyais que c’était égoïste de ne pas aimer les fellations.
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Il m’arrive encore d’être traversée par la voix de Freud qui me dit que j’ai une sexualité de petite fille, à cause des orgasmes clitoridiens. J’ai laissé tomber la psychanalyse quand j’ai compris qu’elle ne reflétait pas la réalité, mais qu’elle pouvait aussi la modeler, un peu comme tous les clichés sur les genres au cinéma.
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La première fois que j’ai fait l’amour avec une femme, je n’avais pour références que des dessins et des films réalisés par des hommes. J’étais fière de ma nouvelle orientation, mais je mourais de honte qu’elle n’arrive si tard. J’avais peur d’être une femme hétérosexuelle qui expérimente et s’enfuit aussitôt. Les lesbiennes autour de moi semblaient se plaindre d’un tel scénario. J’ai attendu longtemps avant de me lancer. Il y a eu une première fois, maladroite, en partie parce que j’avais trop bu. Puis une deuxième où tout était joyeux et léger.
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Je veux qu’on me laisse tranquille, qu’on arrête de vouloir réparer mon corps. Qu’on l’aime, qu’on en prenne soin comme il est : parasité. C’est la norme d’être affecté, tout le monde l’est. Depuis très longtemps, mon corps, ce point de contact avec le monde, représente une possibilité d’agression. Pas étonnant que je m’en sois dissociée. Comment faire pour que ce corps redevienne celui de l’enfant qui découvre le monde ?
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C’était facile. Je me laissais faire depuis toujours, depuis avant mon cousin, depuis cette enfance où le Non n’est même pas possible – aux vêtements qu’on n’a pas choisis, aux intrusions des thermomètres, des médicaments, des mains des orthodontistes. À tout ce qui était Pour notre bien. Les rares fois où j’évoquais un manque d’intérêt envers la sexualité, on me disait prude. J’ai pourtant eu plus d’amants que la moyenne des humains.je me demandais même si je jouissais vraiment, s’il n’y avait pas un étage d’extase supérieur que j’aurais manqué, tant la chose me semblait banale en comparaison avec l’enthousiasme qu’exprimait les autres. Personne ne me forçait. Je me forçais. Ce n’est pas que je n’osais pas dire que je n’en avais pas envie, c’est que je ne pouvais même pas me l’avouer. Il n’y avait pas de place pour mon ambivalence.
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Vidéo de Julie Delporte
1,2,3 BD ! Chez les libraires ! présente les BD coups de coeurs de Léa et la librairie Super-héros à Paris. - Baby Blue de Bim Eriksson chez Cambourakis - Corps Vivante de Julie Delporte chez Pow Pow éditions - le Demi-double femme de Bonne chez Mosquito 1,2,3 BD c'est le jeudi à 18h30 sur la chaine Youtube et les RS. Trait pour Trait parcourt toujours les librairies de France pour des conseils de lecture. #GALERIE #BD #POPCULTURE #BANDEDESSINEE #COMICBOOKS #9EMEART Retrouvez 1,2,3 BD ! Chez les libraires! sur : https://www.youtube.com/TraitpourtraitBD https://www.facebook.com/TraitpourTraitBD
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