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Citations sur Madame Diogène (19)

"Elle est de nouveau cette vieille perdue, sale, puante, engluée dans les choses, qui ne sait plus ce qu'elle fut, qui ne sait plus que l'oubli et l'angoisse.
La travaille, comme parfois le plus désespéré des grands singes, le remords d'exister.
Elle a six fois six mille ans."
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page 97 [...] Elle retrouve sa merveilleuse boîte aux cinquante crayons de couleur, répartis sur deux rangées d'arc-en-ciel. Toutes les couleurs de l'univers y sont, l'univers entier en pourrait sortir ; un monde plus beau que le monde y dort : toutes les couleurs des ciels, des fleurs, de la terre, toutes les nuances des choses et des figures, des étoffes et des yeux. La pourpre impériale, le rouge vénitien, le rose géranium, le bronze, le vert émeraude, l'ocre brun, l'outremer et le jaune citron, le vert de jade et le jaune paille, le vermillon pâle, le bleu ciel et l'or. Il y a de quoi corriger les lumières imparfaites, les adoucir jusqu'aux limbes ou les forcer jusqu'à l'éclat ; il y a de quoi donner chair aux spectres, illuminer sa peur, transfigurer les remords. Humides sont ses joues, son menton, sa gorge fripée, et tout le haut de son crasseux chemisier. Sans ressentir le chagrin qu'épanchaient ses yeux, ont coulé d'abondantes larmes, tandis qu'elle tient dans sa serre cette longue boîte cartonnée qu'elle a ouverte, et dans quoi, la lâchant, elle laisse dormir de longues allumettes. [...]
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Elle s'est terrée dans le recoin des livres déchirés, quelque part dans ce qui fut jamais la chambre de personne. Elle y fait des miettes...
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Longtemps elle attendit, reste d'espérance humaine attaché au fond d'elle comme un morceau de beurre brûlé au fond de la poêle, qu'un inconnu entre chez elle sans frapper, qu'il la reconnaisse, l'appelle par son nom, l'apprivoise, la caresse, qu'il fasse chez elle sa demeure. L'attendit comme la plaine attend la neige.
Maintenant elle ne sait plus. Elle n'attend plus personne. Elle n'attend plus rien maintenant. Et les seuls hôtes qui prennent ici leurs aises sont les quelques fantômes qui peuplent ses nuits, dont elle reconnait par éclairs les figures.
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Elle relève la tête et jette un coup d’œil à ce qui reste visible du miroir et qui lui semble d'abord une autre eau, verticale.
Quelqu'un est là.
Elle y reconnaît la vieille. Encore là.
Elle la regarde dans les yeux. Elle en a peur. Elle a peur de cette présence furtive, qu'elle croise ici tous les jours, sans jamais vraiment s'y attendre. Après persistera l'impression que quelqu'un habite avec elle, la suit, d'un pas à peine, moins que d'un pas, que quelqu'un habite au-dedans d'elle, la suit, comme une ombre intérieure.
Elle a peur de ce regard qui, dès qu'elle passe là, dès qu'elle relève la tête, la regarde et la reconnaît.
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En vérité, quand ils se seront débarrassés d'elle, quand recommencera la guerre, quand tous se saigneront les uns les autres, ils s'endormiront dans les larmes, ceux-là qui chassaient l'araignée de leur séjour, mais dans leur cœur hébergeaient des scorpions. (page 110)
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Elle regarde le fond de la cuvette et s'y reconnaît, comme au lavabo. Elle s'agenouille, se caresse la joue. Elle appelle par l'épais tuyau les bêtes des égouts, où tout se rejoint, s'agglomère, où dorment les cauchemars de la ville.
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Elle pose sa paume contre la vitre froide, une buée légère s'imprime autour de ses doigts, qui s'efface rapidement. Elle aimerait que la nuit déjà revienne, et la toucher. Elle rêve au premier flocon de neige, qu'elle verrait seule, la première, sous quoi tout disparaîtra. Mais le ciel demeure une plaque grise ,sans aspérité, sans nuance, et que rien ne semble pouvoir crever.
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Des lambeaux de phrases s'accrochent à ses habits, qu'elle entraîne ici et là, qu'elle retrouve, qu'elle enfouit, qu'elle mange, qui se mélangent, qu'elle oublie. Autour, les mouches - comme la chair agglutinée des mots qui s'échapperait des pages déchirées. Elle en aperçoit deux, frétillant ensemble ; qui convolent, se séparent.
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