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EAN : 9782268076430
268 pages
Les Editions du Rocher (22/01/2015)
4.5/5   9 notes
Résumé :
Le « populisme » évoque un courant d'opinion fondé sur l'enracinement (la patrie, la famille) et jugeant que l'émancipation (mondialisation, ouverture) est allée trop loin. Si le « populisme » est d'abord une injure, c'est que ce courant d'opinion est aujourd'hui frappé d'ostracisme.

Cet ouvrage a pour but de montrer sur quoi repose cet ostracisme, ses fondements et ses arguments. Et les liens entre le peuple et l'enracinement, entre les élites et l'é... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Certains pays occidentaux s'illustrent par un refus d'appliquer réellement la démocratie que pourtant ils se targuent d'incarner et de défendre. Or, pour quelle raison ces démocraties viennent elles à se récuser en cette occasion, c'est-à-dire à refuser toute idée qui n'est pas conforme à leur volonté d'universalisme ? Tel est le thème du livre de Chantal Delsol, qui aborde ce thème contemporain sous plusieurs perspectives : historique, politique et sociale.
- Historique ; rappelant les travers rencontrés par les premières démocraties Grecque et Romaine, où les formes de populisme ont menacé la stabilité par l'accès au pouvoir de personnages peu respectueux des lois et à dire vrai peu éduqués. Cependant, la population avait un accès direct à la représentation, ce qui a également permis leur durée. Chantal Delsol éclaire aussi sur la différence entre deux ‘populismes' qui menèrent à la ruine : le communisme et le nazisme. L'un étant une volonté d'imposer par la force un universalisme, l'autre usant de la même démarche pour étendre un particularisme ‘aryen'. Tous les deux se rejoignant dans le crime contre l'humanité. L'auteur rappelle le rôle des Lumières dans l'émergence de l'universalisme progressiste qui s'oppose au traditionalisme conservateur. Attestant que les Lumières sont un jugement de l'histoire.
- Politique : on taxe de populiste pour mieux occulter le débat. Pourtant, les idées portées par le peuple doivent être débattues, car c'est la vocation même de la démocratie et c'est notamment grâce au peuple que les élus accèdent au pouvoir. Ce mépris rappelle la lutte des classes, entre le peuple jugé ignare et trop proche des réalités à court terme, et les dirigeants dont seul importe le dogme de l'universalisme, porteur du progrès qui garantit le bonheur de tous.
- Social : ce mépris de classe est aussi ignoble que le mépris de race. Une des distinctions étant que les classes populaires sont conservatrices en raison de leur cadre de vie plus provincial que citadin, et que l'autre est un alter-ego. Enfin, les classes populaires ont souffert du mondialisme et de l'universalisme, étant à la base plus fragiles que les classes supérieures. Ces dernières, essentiellement citadines, voient l'autre comme leur semblable ‘citadin', et ont profité de cet universalisme, étant plus apte à faire face aux déclassement économique inhérent au mondialisme et qui s'impose aux classes populaires.

J'ai trouvé ce livre très bien rédigé, accessible et clair. Les idées développées sont profondes et argumentées. Il permet de se rendre compte de l'inversion des valeurs qui est imposé dans le débat public où la tolérance d'opinion se révèle sélective. Je médite sur quelques citations, notamment celles-ci :
"Le passage de la grande particularité à l'universel représente un saut conceptuel de grandes dimensions. Il marque ma transition de la République démocratique à la République idéologique, de la politique de la tolérance à la politique, de la Vérité."
Hermann dira, regrettant que le nazisme ait acquis le pouvoir : « nous eûmes tort de tolérer, même provisoirement, l'atteinte portée au droit et à la justice, à l'humanité et à la liberté personnelle ».
Petit bémol, aucun aspect économique n'est abordé. Pourtant, un constat simple permet d'aborder ce thème : les classes populaires sont un fondement de l'économie, aucun pays ne pouvant se développer sans usine ou emplois dans le secteur secondaire, voire primaire pour espérer être souverain. Quel poids le peuple représente-t-il dans le PIB ? Et avec une meilleure adhésion du peuple à l'économie que peut on espérer ?
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Le titre de ce livre est trompeur. L'auteur le fait comprendre dans la quatrième de couverture et dans les deux premiers paragraphes de l'introduction.

Selon Chantal Delsol, le terme "populisme" est très souvent mal utilisé et même considéré comme synonyme de "démagogie". Démagogue serait plutôt le politicien qui, pour arriver au pouvoir, fait des promesses de satisfaction des besoins et même des caprices de ses électeurs sans avoir forcément l'intention de les honorer.

Le fil conducteur de ce livre, ce sont les oppositions en politique. Pas forcément de rapport entre gauche et droite.

La première opposition est celle de la proximité de l'action politique. Il y a ceux dont le but est sa personne et son entourage et ceux qui ont une hauteur de vue et ont pour but une satisfaction globale de la société. le premier groupe est celui du peuple, dont les populistes. le deuxième groupe est un produit des Lumières.

Il s'agit, donc, juste de deux points de vue différents. Ces populistes ne font que défendre un point de vue, ne sont pas forcément démagogues et ne méritent pas la référence péjorative qui leur est souvent attribuée. En fait, l'idéal n'est pas binaire et il y a juste un équilibre acceptable à trouver.

Et de la vient le sous-titre du livre "Les demeurés de l'histoire", et l'identification courante avec le mot "idiot" qu'elle précise le sens utilisé dans le livre : "L'idiot est pris ici sous sa double acception, moderne (un esprit stupide) et ancienne (un esprit imbu de sa particularité)." C'est-à-dire, le "demeuré" n'est pas forcément un idiot.

La deuxième catégorie d'opposition est temporelle : il y a ceux qui ont un but immédiat et ceux qui ont une vision à long terme. Il n'y a pas de rapport obligé entre ces deux côtés opposés et ceux de la catégorie précédente. Un exemple hypothétique, quelqu'un qui se proposerait de réduire l'âge de la retraite à 50 ans (c'est super) sans tenir compte des conséquences à moyen ou long terme (qui va payer ?).

Ce livre démystifie l'idée souvent fausse de ce que c'est le populisme et explore les détails de ces oppositions.

Ce que l'on peut retenir de cette lecture est que tout ça ce ne sont que des débats d'opinion et qu'il n'y a pas lieu de mépriser l'interlocuteur adverse, tant qu'il ne tombe pas dans la démagogie. La bonne solution est le plus souvent intermédiaire.

A lire aussi un autre petit livre de Chantal Delsol, "La Haine du Monde", où elle montre que toute conquête qui n'est pas obtenue par un consensus fini toujours par un système autoritaire.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
On peut se demander pourquoi la réaction contre l'idéologie des Lumières, contre la conceptualisation émancipatrice, surgit précisément dans les milieux populaires. Il faut dire tout d'abord que cette réaction surgit, en réalité, partout, y compris chez nombre d'intellectuels dont on pourrait citer une longue liste. Mais ceux-ci se heurtent immédiatement à la force irrépressible de la pensée émancipatrice qui, à la manière d'un torrent, fustige tout ce qui la renie d'un iota, et traite d'idiots ses détracteurs. Le courage ne caractérise pas généralement les intellectuels qui ne possèdent comme patrimoine que leur réputation, et le regard porté sur eux par leurs concitoyens. Aussi, si quelques voix s'élèvent dans ce sens, elles demeurent solitaires et vite marginalisées, donc bien incapables de fonder de véritables courants de pensée, encore moins de créer des écoles de pensée. Tandis que les milieux populaires ont la verve plus facile quand il s'agit de s'indigner contre les puissants, et ne payent guère tribut à la mode de la pensée. C'est pourquoi ils craignent moins de dire ouvertement ce qu'ils ressentent, et apparaissent vite comme les seuls trublions dans un monde dominé par l'hégémonie sans faille d'une seule certitude.
Mais derrière se cache une explication plus profonde. Jamais un peuple ne se soulève au nom d'un concept. Il est trop lié à la vie et ne comprend que la vie. Il ne peut défendre des idées que si celles-ci répondent aux exigences de la quotidienneté. Les concepts ne l'intéressent pas, ni les grands récits, et c'est seulement par tromperie qu'on peut les lui faire adopter. Les idéologues de l'universel ont dû constamment, pour se rallier les peuples, avancer des arguments particuliers derrière lesquels se dissimulait leur doctrine. Staline lui-même a usé et abusé de l'argument nationaliste, et Mao en a fait autant. Dans les pays où il n'était pas au pouvoir, et où par conséquent il lui fallait convaincre, faute de pouvoir terroriser, le communisme, pour s'attirer les peuples, a toujours fait mine de défendre les exigences quotidiennes, au prix de mensonges parfois extravagants.
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On l'a remarqué : dès qu'un leader politique est traité de populiste par la presse, le voilà perdu. Car le populiste est un traître à la cause de l'émancipation, donc à la seule cause qui vaille d'être défendue. Je ne connais pas de plus grande brutalité, dans nos démocraties, que celle utilisée contre les courants populistes. La violence qui leur est réservée excède toute borne. IIs sont devenus les ennemis majuscules d'un régime qui prétend n'en pas avoir. Si cela était possible, leurs partisans seraient cloués sur les portes des granges.
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De façon générale, les mouvements populistes combattent moins la démocratie dans son principe que dans ce qu'ils considèrent comme ses perversions : des ententes camouflées là où l'on attend le débat des opinions, une mise au pas du langage là où attend la transparence. Les partis populistes se développent pour réclamer une véritable alternance là où l'alternance démocratique leur paraît trahie. Ils ont le sentiment de se trouver floués par un monopole de fait, dissimulé sous un discours pluraliste. Ce qu'ils demandent, c'est un pluralisme de fait, qui leur permettrait d'exister. On ne peut donc pas dire que ces mouvements souhaitent sortir de la démocratie ni l'effacer : ils souhaitent au contraire y entrer. Ils n'espèrent pas, quoi que l'on dise, abolir les médiations : ils regrettent que les médiations ne leur permettent pas d'exister, et voudraient, eux aussi, être représentés, dans la mesure de leurs forces, et selon les lois du système démocratique.
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L'éveillé et l'endormi ne sont plus ceux que l'on croit. La pensée de l'émancipation, parce qu'elle est considérée comme un dogme et se déploie de façon univoque, produit l'aveuglement chez ses adeptes. Le détenteur de la culture et des manières, l'homme ouvert au grand large, est devenu un endormi. Car tout ce qu'il a acquis lui ferme en même temps les yeux sur certaines réalités fondamentales : il ne les voit pas parce qu'il pense qu'elles n'existent pas, et que c'est à lui, nanti de sa doctrine, de réinventer la réalité.
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L'idée même qu'il existerait une limite à l'émancipation sous-entend que l'humanité ne trouvera pas son bonheur dans une liberté et une indépendance poussées jusqu'aux extrêmes. Voilà ce que traduisent les rébellions populistes : l'émancipation se croit sans bornes, mais à son insu elle franchit des bornes, et au-delà se tient l'humanité libérée et souffreteuse. C'est ainsi qu'elle détruit.
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Vidéo de Chantal Delsol
Le massif des Écrins, au coeur des Alpes. Des sommets à 4 000 mètres. Un univers rude et escarpé, une nature hostile, exigeante, redoutable. Au coeur de la vallée, une amitié profonde s'est nouée, année après année, entre un « natif », Chris, qui rêvait depuis son enfance d'être guide de montagne, et Lorenzo, un jeune vacancier italien venant de Rome, devenu écrivain.
Un jour, ce dernier disparaît sans explication. Personne ne semble l'avoir vu et, même si Lorenzo connaît bien la montagne et ses dangers, Chris craint qu'il ne lui soit arrivé quelque chose. Inquiet pour son ami, le guide se lance à sa recherche. Alors qu'il arpente avec une anxiété croissante les cols, les sommets et les glaciers, il se remémore trente ans d'aventures et de souvenirs communs.
Une célébration magistrale de la montagne et de l'amitié.
Philosophe, professeur émérite des universités et membre de l'Institut (Académie des Sciences morales et politiques), Chantal Delsol a publié une trentaine d'ouvrages, dont quatre romans.
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