Au début de sa carrière de graveur, Daubigny exécute alors ses planches avec une conscience et une minutie extrêmes, offrant quelque monotonie dans l'aspect général : cette monotonie n'est toutefois pas sans saveur, en raison du respect, de l'artiste pour la nature, et son souci de la traduire de son mieux, sans rien devoir au hasard. Puis à cette période, petit à petit, en succède une autre. La pointe s'est libérée de certaines formules un peu désuètes ; l'artiste élague ce qui ne lui semble pas indispensable. Daubigny devient alors un paysagiste d'une rare attirance, traduisant avec une aimable ingéniosité l'air et la lumière spéciaux aux printemps et aux automnes du pays de France.
Enfin, à partir de 1860 environ, Daubigny complètement maître de sa pensée et de sa main évolue encore; il vise aux accents, à la simplification, et trace à larges traits sur le cuivre ses motifs de paysages, faisant le plus souvent abstraction des demi-valeurs pour atteindre à une intensité d'effet plus décisive.
A la faveur de l'argent gagné par ses illustrations, Daubigny put alors s'adonner à sa passion favorite, la peinture, sans perdre de vue toutefois la gravure qui avait — si l'on en juge par son oeuvre où on la retrouve à tout instant — également beaucoup d'attrait pour lui.