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Citations sur La peur en Occident (28)

Et si l’on parvenait tout de même aux pays exotiques,
quels êtres monstrueux, quels animaux fantastiques et terrifiants n’y trouverait-on pas ?

Le Moyen-Âge situa dans l’Inde des hommes à tête de chien qui grognaient et aboyaient ; d’autres qui n’avaient pas de tête, mais des yeux sur le ventre ; d’autres encore qui se protégeaient du soleil en se couchant sur le dos et en levant un unique et large pied – univers onirique qui réapparaît à la fin du XVe et au début du XVIe dans l’œuvre de Bosch.
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Rien n'est plus difficile à analyser que la peur et la difficulté s'accroit encore lorsqu'il s'agit de passer de l'individuel au collectif.Les civilisations peuvent-elles mourir de peur comme les personnes isolées ?
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Pourquoi ce silence prolongé sur le rôle de la peur dans l'histoire ? Sans doute à cause d'une confusion mentale largement répandue entre peur et lâcheté, courage et témérité.
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Pourquoi ce silence prolongé sur le rôle de la peur dans l'histoire ? Sans doute à cause d'une confusion mentale largement répandue entre peur et lâcheté, courage et témérité.
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Si la mort en mer est ressentie comme "dénaturée", c'est que l'océan a longtemps été regardé comme un monde marginal, situé hors de l'expérience courante. C'est, plus généralement encore, que l'eau dans ce qu'elle a de massif, de puissant, d'incontrôlable, de profond et de ténébreux a, pendant des millénaires; été identifiée comme un anti-élément, la dimension du négatif et le lieu de toute perdition. "Tout un côté de notre âme nocturne, écrivait G. Bachelard, s'explique par le mythe de la mort conçue comme un départ sur l'eau." D'où le Styx des Anciens, "triste fleuve d'enfer" (Marot, "Complainte" III), et la barque de Charon, navire des morts que connaissent aussi les légendes celtiques et celles d'Extrême-Orient. Les eaux profondes - mer, fleuve ou lac - étaient considérées comme un abîme dévorant toujours prêt à engloutir les vivants.
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Arrêt des activités familières, silence de la ville, solitude dans la maladie, anonymat de la mort, abolition des rites collectifs de joie et de tristesse : toutes ces ruptures brutales avec les usages quotidiens s'accompagnaient d'une impossibilité radicale à concevoir des projets d'avenir, l'"initiative" appartenant désormais entièrement à la peste. Or, en période normale, même les vieillards agissent en fonction du futur [...]. Vivre sans projet n'est pas humain. Pourtant l'épidémie obligeait à considérer chaque minute comme un sursis et à n'avoir d'autre horizon devant soi que celui d'une mort prochaine.
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Coupés du reste du monde, les habitants s'écartent les uns des autres à l'intérieur même de la ville maudite, craignant de se contaminer mutuellement. On évite d'ouvrir les fenêtres de sa maison et de descendre dans la rue. On s'efforce de tenir, enfermé chez soi, avec les réserves qu'on a pu accumuler. S'il faut tout de même sortir acheter l'indispensable, des précautions s'imposent. Clients et vendeurs d'articles de première nécessité ne se saluent qu'à distance et placent entre eux l'espace d'un large comptoir. [...] L'agitation familière de la rue, les bruits quotidiens qui rythmaient les travaux et les jours, la rencontre du voisin sur le pas de la porte : tout cela a disparu.
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L'accumulation des agressions qui frappèrent les populations d'Occident de 1348 au début du XVIIe siècle créa, de haut en bas du corps social, un ébranlement psychique profond dont témoignent tous les langages du temps - mots et images. Un "pays de la peur' se constitua à l'intérieur duquel une civilisation se sentit "mal à l'aise" et qu'elle peupla de fantasmes morbides. Cette angoisse, en se prolongeant, risquait de désagréger une société comme elle peut lézarder un individu soumis à des stress répétés. Elle pouvait y provoquer des phénomènes d'inadaptation, une régression de la pensée et de l'affectivité, une multiplication des phobies, y introduire une dose excessive de négativité et de désespoir.
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Car ceux qui diffusent les peurs apocalyptiques croient de bonne foi que c'est le Tout-Puissant qui va enfin faire vengeance. Mais ils ne se rendent pas compte qu'en réalité ils aspirent, eux, à une vengeance dont Dieu ne sera que l'exécuteur.

6. Un Dieu vengeur et un monde vieilli
Deuxième partie. La culture dirigeante de la peur.
VI l'attente de Dieu
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Quant au sentiment d'insécurité, lui-même proche parent d'une crainte de l'abandon, n'est-il pas explicité par les innombrables Jugements derniers et évocations de l'enfer qui ont hanté l'imagination des peintres, des prédicateurs, des théologiens et des auteurs d'artes moriendi ? N'est-ce pas parce qu'il redoutait le rejet dans les flammes éternelles que Luther s'est réfugié dans la doctrine de la justification de la foi ? Mais les thèmes de l'agression, de l'insécurité et de l'abandon ont pour inévitable corollaire celui de la mort. Or, l'obsession de celle-ci a été omniprésente dans les images et les paroles des Européens au début des Temps modernes : dans les danses macabres comme dans le triomphe de la mort de Brueghel, dans les essais de Montaigne comme dans le théâtre de Shakespeare, dans les poèmes de Ronsard comme dans les procès de sorcellerie : autant d'éclairages sur une angoisse collective et sur un civilisation qui s'est sentie fragile alors qu'une tradition trop simpliste n'a longtemps retenu que les succès de la Renaissance.

Introduction
L'historien à la recherche de la peur
3. Du singulier au collectif : possibilités et difficultés de la transposition
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