La journée d'un sniper

Si vous cherchez sur internet la biographie de Sonja Delzongle et la genèse de ses livres, vous lirez très probablement qu'elle a commencé par rédiger « une nouvelle, développée en un court roman », intitulée « La journée d'un sniper » publiée en 2007. Puis, le biographe enchaînera sur les romans et thrillers de l'auteure, laissant ainsi sur ce premier écrit toute une aura de mystère… qui a fini par me titiller :)

J'ai alors choisi de suivre Sacha, un soldat serbe camouflé dans une des maisons en ruine d'une ville assiégée par les Croates, en plein coeur de la guerre des Balkans. Dans cet enfer apocalyptique, sous la menace des tirs ennemis, le jeune homme se remémore en instant les beignets de poivrons rouges que lui préparait sa maman. Dans les temps d'avant ; quand il était jeune et innocent. Vivant.
C'est ce souvenir qui va le soutenir sur cette journée, qui pourrait très bien être la dernière, pour lui ou pour un autre ; un souvenir contre l'absurdité d'un conflit sans fin dont il ne se souvient pas même du début. À moins que ce soit la folie qui le guette, rattrapé qu'il serait à son tour par celle qui anime tous ces hommes aux combats…

C'est bref, c'est tranchant, c'est efficace. le style est déjà là, présent.
C'est tendre aussi, touchant.
Le contraste en est d'ailleurs troublant, remuant.
Alors oui, assurément, il ne faut oublier de citer ce très court roman dans la bibliographie de Sonja Delzongle, mais il faut surtout le lire.

Un court récit, écrit avant ses romans à succès, où Sonja Delzongle décrit une période vécue par un sniper en ex-Yougoslavie. Quelques faits banals, quotidiens, subis avec résignation par les habitants de cette région, dans une guerre qui leur est tombée dessus et s'est terminée comme elle avait commencé, sans que personne ne leur ait demandé leur avis.

Histoire courte écrite à la première personne pour donner toute l'ampleur du ressenti.
C'est la journée d'un sniper, avec toutes les horreurs qu'il peut voir ou faire, là, à quelques mètres de lui.
Et c'est la balle.
Il ne le sait pas encore, mais il est entrain de mourir. Il voit sa mère lui parler, but ultime du chemin tracé par l'odeur des beignets de poivrons rouge qu'elle était la seule à faire comme ça. Toute cette nostalgie en si peu de temps ...
Et puis soudain, le sourire de l'infirmière et cette odeur, là , à nouveau, comme un printemps épicé.
C'est magnifique, ça parle au coeur et aux sens.
On lit ce texte comme une nécessité, comme si, nous aussi, nous ne devions nous souvenir que des belles sensations de notre vie, comme si ce sniper, au final, ça aurait pu être vous et moi ...
Loin d'être la banalisation d'une violence, c'est l'histoire d'une magnifique résilience grâce à une odeur et un sourire.
Même sur du court, décidément, Sonja Delzongle est une auteure à lire, relire ou à découvrir d'urgence !