Alix Senator, tome 6 : La montagne des morts

Dans ce tome 6 d'"Alix Senator", intitulé "La Montagne des morts", le héros créé par Jacques Martin est toujours en chasse-patates entre Auguste et ses ennemis qui se livrent une course à la puissance et l'éternité, les agents de l'empereur semblant toujours avoir un coup d'avance et ceux de sa Némésis toujours un coup de retard...
Titus est rentré à Rome avec les Livres Sibyllins que l'empereur se fait une joie de brûler en intégralité : seul connaisseur de passé et de l'avenir, il devient ainsi le seul détenteur de la vérité... Pendant ce temps Alix le père adoptif et Enak le père biologique emmènent Khéphren en Égypte pour lui faire oublier les sévices irrémédiables qu'il a subi dans le tome précédent... Et ce dernier les emmènent à l'oasis de Siwa consulter l'oracle de Zeus-Amon, persuadé qu'il y trouvera la statue en orichalque de Cybèle (remember le Dieu Sauvage), et persuadé qu'elle lui redonnera ce qu'il a perdu avec la puissance et la gloire !
Tous les ingrédients du peplum d'aventure sont là : le gouverneur louche, la traversée du désert, les nomades vindicatifs, les autochtones revanchards, l'oasis perdue, le temple assiégé, les catacombes cachées et la nécropole oubliée... Mais malgré les beaux graphismes de Thierry Démarez, la mayonnaise ne prend qu'à moitié car Alix et Enak ont perdu de leur superbe, et leurs remplaçants ne sont pas à la hauteur : Titus toujours à la recherche de l'identité de sa mère n'est pas intéressant (attention foreshadowing : il a été prédit que c'est elle qui sera de sa mort prématurée, et Khéphren est plus détestable que jamais... Depuis le début il mesquin, moquer, querelleur, hautain, orgueilleux, imbus de lui-même et en quête de pouvoir juste pour être craint et adoré, mais ici il devient violent et obsessionnel au point de glisser lentement mais sûrement vers la folie... Sinon l'impression de « retour à la case départ » et de « tout ça pour ça » qui revient de tome en tome devient agaçante ! Après c'est la première fois que Valérie Mangin oeuvre sur une série aussi longue et on touche peut-être aux limites de son écriture, ou la série dérivée est peut-être victime de la même malédiction que la série mère (ce dont je vous parlerai quand je ferais une rétrospective sur "Alix").

Dans son délire mégalomaniaque, Khephren veut aller à l'oasis de Zeus-Ammon car Alexandre le Grand y aurait transporté la statue en orichalque de la déesse Cybèle, statue qui lui aurait annoncé à l'époque qu'il deviendrait le maître du monde. Khephren, lui, veut qu'elle accomplisse des miracles pour lui. Elle doit, d'une part, lui rendre sa virilité et, d'autre part, en faire un surhomme. Il pourra ainsi dominer le monde et humilier Alix et surtout Enak.
Pour le surveiller Alix, le centurion Quintus et ses légionnaires vont l'escorter lors de la traversée du désert. Il faut dire que le préfet Barbarus n'est pas des plus fiables et des mauvaises surprises sont à craindre. Alix avait heureusement auparavant renvoyé à Rome Titus et les deux soeurs, Camma et Ancyra, avec le dernier livre sibyllin récupéré lors du dernier épisode.
Mais tout se complique lorsque Enak rejoint la petite troupe. Considéré comme un porte-malheur par les locaux et les Romains, il est également rejeté par Khephren, son propre fils. Arriveront ils sains et saufs à l'oasis et que trouveront ils là-bas ?

C'est un album qui ressemble à quelques-uns de ceux écrits par Jacques Martin. Un peuple extrémiste ancien ou étrange qui se réclame d'une religion disparue, on a déjà vu cela dans "Le tombeau étrusque" (Alix 8) ou "Le dieu sauvage" (Alix 9) voire "L'île maudite" (Alix 3). Certes, ici, l'idée est traitée d'une manière beaucoup plus sombre car Alix et surtout Khephren ne sont pas ou plus des enfants de choeur.

Album dans lequel Enak effectue son "retour". Je mets retour entre guillemets car on ne peut pas dire qu'il crève encore une fois l'écran. Cela fait quand même depuis sa création en 1949 que ce personnage hante les pages de BD sans accomplir quoi que ce soit, à de très très rares exceptions près comme dans "Le prince du Nil" (Alix 11).
Après "Le hurlement de Cybèle" dans lequel il était absent puisque c'était une aventure accomplie par ses fils, Alix revient au premier plan dans ce tome. Et il prouve qu'il a bien changé. Il n'est plus le gentil blondinet boy-scout qui aide et qui aime tout le monde. Non, non, maintenant il est beaucoup plus dur et tue sans broncher son lot d'adversaires.

Au final, un album dans lequel se déploie un peu plus le vaste complot ourdi par Livie qui a réussi à mettre à mal nos héros favoris. Mais on ne doute pas qu'ils vont réussir à s'en sortir lors du tome suivant !

Kephren a payé cher sa soif de pouvoir et de reconnaissance, mais ce n'est pas ça qui l'arrête puisque le voilà en compagnie de ses deux pères, traversant le désert, afin de retrouver la Cybèle d'orichalque sensé lui apporté puissance et gloire mais qui ne lui apporte pour l'instant qu'ennui et désillusion.

Nous avons dans ce tome 6 tous les éléments pour faire une bonne histoire : recherche de trésor, traversée du désert, tribu hostile, traites rusés, oasis perdue et nécropole piégée. On passe donc un bon moment de lecture.
Les fils d'Alix ne sont guère mis en valeur dans ce tome. Titus n'apparaît quasiment pas, est inexistant et ne sert pas à grand chose. Tandis que Kephren tire le gros lot en devenant assoiffé de pouvoir, de gloire, et cédant de plus en plus à des pulsions violentes. On se demande bien ce que les auteurs vont faire de ces deux garçons, j'ai du mal à imaginer leurs routes...

Avec une nouvelle édition Premium, ce tome 6, La Montagne des morts, nous ramène en Égypte puis dans le désert de Lybie, ce que le dossier historique explique remarquablement.

Merci encore à Vincent pour me permettre de poursuivre les aventures d'Alix Senator.
L'album est réalisé par la même équipe que pour le tome 5.
Après un petit crochet par Rome, toujours en 12 av. JC, retour à Alexandrie pour Alix et Khephren qui refuse de revoir Enak, son père. le Préfet Barbarus confie à Alix la plus grosse émeraude sortie des mines impériales pour le dieu Bélier, pierre précieuse offerte de la part de Rome et d'Auguste.
Les voilà donc partis vers le temple de Zeus Amon ou Ammon pour les Grecs, de nuit, guidés par Aba, afin d'échapper à l'énorme chaleur du jour. C'est long de cheminer dans le désert, surtout quand le guide ne parle que de menaces, menaces, vous vous doutez bien, qui finiront par se concrétiser.
Interviennent alors les Siwis qui tentent de reprendre l'oasis aux Romains, cette oasis qui se nomme aujourd'hui Siwa. Située dans le désert lybien, elle est à plus de 300 km de la Méditerranée, à 600 km d'Alexandrie. Cette oasis, longue de 80 km sur 20 de large, est à 20 m au-dessous du niveau de la mer. de nombreuses sources alimentent ses habitants qui produisent figues, dattes, vin, blé, natron (roche utilisée lors de l'embaumement, pour désinfecter les blessures et conserver les aliments). On extrayait aussi du sel ammoniac, le salmiac.

Tout cela et bien d'autres choses encore se trouvent dans le dossier historique qui rappelle aussi les rites funéraires égyptiens car la nécropole où se déroule un passage décisif de l'histoire, existe bel et bien.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..

Un nouveau tome d'Alix Senator. Toujours agréable à lire.
N'ayant jamais lu la série mère, je ne sais pas si ça la respecte bien. Mais je trouve que chaque tome manque un peu d'envergure. Je n'ai pas bien saisi le conflit et les mythes religieux. Même le complot me parait flou. J'ai trouvé ça un peu confus. Et la recherche du cube de Cybèle n'apparait comme un élément uniquement fait pour relier au tome précédent. Ca n'apporte pas grand chose, c'est survolé. La fin nous laisse entrevoir une suite qui peut être passionnante.
Alix est toujours charismatique, il est un peu plus présent que dans le tome précédent même si ça tourne autour de Khephren. J'ai encore du mal à m'attacher à lui malgré ses malheurs. Sa personnalité de petit con n'aide pas à l'empathie.
Les dessins sont très agréables, mêlant parfaitement la modernité avec une petite touche qui donne cette impression de dessins plus anciens.