Aliénor d'Aquitaine

D'Aliénor d'Aquitaine, j'avais souvenance de la reine flamboyante, amoureuse et cultivée. Elle aimait particulièrement la fin amor, amour courtois chanté par les troubadours de son Aquitaine natale.
Le roman biographique que lui consacre Marie-Noelle Demay nous révèle une reine âgée - elle a 75 ans, ce qui est un exploit pour l'époque ! – qui se confie sur les évènements marquants de sa vie durant le long voyage qu'elle entreprend en l'an de grâce 1200 alors qu'elle vient de perdre son fil préféré, Richard coeur de Lion. Elle va traverser les Pyrénées et chevaucher en plein hiver avec sa petite fille Blanca qu'elle est allée chercher en Castille pour la ramener à Bordeaux. La jeune infante rejoindra ensuite la cour de France pour y épouser Louis le capétien. Cette union, c'est l'idée d'Aliénor afin de mettre fin aux discordes et luttes entre Plantagenets et Capétiens. C'est l'occasion aussi pour l'autrice de nous montrer que cette deux fois reine avait un talent incontestable pour les affaires politiques.
Le contraste est saisissant entre la vieille reine qui s'est retirée dans son abbaye de Fontevrault et la jeune et insouciante Blanche qui sera choisie par son aïeule à la place de sa soeur aînée pour épouser le dauphin.
Ce long voyage sera propice aux discussions et à l'évocation des souvenirs, ainsi Aliénor va-t-elle initier à son futur rôle de reine la jeune infante qui découvrira ainsi l'attachement profond de la reine pour son fils Richard coeur de lion, mort sous les murs d'une citadelle assiégée. On découvrira aussi l'aventure des croisades auxquelles participa Aliénor et sa complicité amoureuse avec Raymond de Poitiers prince d'Antioche.
J'ai aimé le parti pris de Marie-Noëlle Demay de nous décrire une Aliénor humaine, généreuse et intrépide alors qu'on l'a souvent décrite comme une reine infidèle et dévergondée, lui prêtant une liaison avec son oncle Raymond de Poitiers. Rien n'est jamais venu corroborer cette hypothèse et j'apprécie que l'autrice nous montre le courage et la ténacité de cette femme incroyable qui a oeuvré pour la paix tout en subissant le pouvoir des hommes. Elle a tout de même pris l'initiative de faire annuler son mariage avec Louis VII, puis épousé Henri Plantagenêt qui, grâce à cette alliance sera sacré roi d'Angleterre sous le nom de Henri II.

Duchesse d'Aquitaine et comtesse de Poitiers à la mort de son père, elle restera toujours fidèle à son Aquitaine natale lorsqu'elle deviendra reine des francs en épousant Louis VII et reine d'Angleterre après son mariage avec Henri II.
Tout en mêlant fiction et histoire, Marie-Noëlle Demay a su merveilleusement nous faire cheminer aux côtés de la reine au soir de sa vie et de la future reine Blanche de Castille. C'est un roman profondément humain qui raconte le destin prodigieux d'une femme de caractère que la vie a malmenée mais qui est toujours restée digne et droite. C'était aussi une femme érudite et qui aimait les arts. Á l'Abbaye de Fontevrault où elle est enterrée, on peut voir son gisant tenant un livre entre ses mains.

Aliénor est aux côtés de son fils Richard Coeur de Lion, en train d'agoniser à la suite d'une blessure de l'épaule par arbalète qui s'est gangrénée. C'est un immense chagrin pour elle car c'était son fils préféré. Geoffroy est mort, et c'est Jean Sans Terre, le plus jeune de ses fils qui va devenir roi. C'est l'occasion pour elle de revenir sur son passé : reine de France, épouse de Louis VII, elle s'ennuie à la cour avec ce mari trop dévot à son goût et tombe sous le charme d'Henry Plantagenêt qu'elle épousera après avoir obtenu l'annulation de son mariage (consanguinité !). Elle a été une reine brillante, douée en politique, ce qui ne lui a pas attiré que des sympathies.

Ici, nous la retrouvons donc, en l'an de grâce 1200, alors qu'elle a franchi les soixante-dix ans et a comme mission d'unir sa petite-fille au futur Louis VIII, fils de Philippe Auguste qu'elle déteste allègrement. Elle se rend en Castille, chez sa fille

La Duchesse d'Aquitaine avait prévu de choisir l'aînée de ses petites-filles, Urraca, mais après des « interrogatoires » astucieux, comme elle les aime, elle comprend vite que c'est Blanca qui fait la meilleure candidate : elle est curieuse de tout, attentive à l'étude, alors qu'Urraca est trop superficielle pour elle, s'intéresse trop aux plaisirs, aux toilettes…

Blanche fêtera son douzième anniversaire le 4 mars 1200 au cours du périple.

Après un dernier banquet, elles prennent toutes les deux la route en direction de Bordeaux, via les Pyrénées, avec un long cortège de litières, gardes, chars à boeufs contenant nourriture et cadeaux. Elles chevauchent côte à côte et un lien se tisse entre elles, Aliénor répondant aux questions de Blanca sur sa vie, son histoire, celle des Plantagenêt, etc...

En plus d'être une habile politicienne, (elle a un sens inné de la politique,) sa compréhension des tenants et aboutissants et son intuition sont reconnues mais elle est une femme et à cette époque on préfère lui demander de faire des enfants, les élever tenir la maison. Sa carrière impressionne Blanche qui se demande si elle sera à la hauteur de sa tâche de future reine de France. Il est vrai qu'Aliénor à mis la barre très haute dans ce domaine !

Le long périple vers Bordeaux où elle doit épouser le futur roi de France est périlleux, on connaît la dangerosité des routes à l'époque, et il s'apparente à un voyage initiatique, Aliénor faisant office de mentor à Blanche, tout en lui enseignant la culture, la poésie, la danse, elle qui est férue de troubadours, toute cette belle langue d'Oc qui a bercé son enfance.

J'ai beaucoup aimé accompagner Blanche et Aliénor dans ce long voyage, qui m'a permis d'en savoir plus sur cette période de sa vie. Cette reine m'a toujours fascinée ( ce n'est pas la première fois que je parle d'elle dans mon blog) par son intelligence, sa culture, et là on découvre la fragilité derrière sa carapace de Dame de Fer, elle se consume de l'intérieur depuis la mort tragique de Richard, et ce qu'elle considère comme l'incurie de son fils Jean.

Ce livre se lit très facilement, qu'on aime l'Histoire ou non, je tiens à le préciser, tant l'écriture de Marie-Noëlle Demay est vive, s'envole d'un thème à l'autre, donnant la parole à tour de rôle à Blanche et Aliénor. Blanche est encore une petite fille en quittant la Castille, elle a acquis la maturité nécessaire à une future reine, tant les récits et les péripéties du voyage vont l'enrichir. Comme le précise son éditeur, ce livre est un roman.

Je ne reviens pas sur la couverture, que l'on peut interpréter de diverses façons, avec ces deux visages, deux profils l'un loir l'autre blanc, unis sous une même couronne, l'une est au soir de sa vie, l'autre la commence à peine…

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Presse de la Cité qui m'ont permis de découvrir ce roman et son auteure dont j'avais noté le précédent livre dans ma PAL démente : « le crocodile devenu le sac de Karl Lagerfeld »

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Aliénor, 75 ans, part en Castille chercher la future Reine de France, qui épousera Louis, fils de Philippe Auguste. Son choix va se faire entre ses deux petites filles Urraca et Blanca de Castille. Nous allons alors suivre leur chemin de retour vers la France.

Je dois bien avouer être mauvaise élève en terme d'Histoire et de la royauté, mais Aliénor d'Aquitaine est une Reine qui a marqué l'histoire. Reine de France, puis Reine d'Angleterre, elle est aussi la mère de Richard Coeur de Lion, son fils préféré.
A travers ce roman, nous allons replongé dans le passé d'Aliénor, qui commence à la mort de Richard, qu'elle a veillé jusqu'à son dernier souffle. L'année suivante, elle entreprend le voyage jusqu'en Castille pour ramener sa petite fille Blanche jusqu'à Bordeaux, pour que cette dernière rallie ensuite la Normandie, où seront célébrées ses noces avec le futur Louis VIII.
L'autrice alterne les points de vue d'Aliénor et de Blanche, et nous narre son histoire à la première personne.
Cette lecture m'a donné envie d'en savoir un peu plus sur la vie d'Aliénor, une femme forte, belle et qui sait jouer sur l'échiquier politique, tout en finesse. C'est une femme de caractère et respectée pour son époque.

Un grand merci aux éditions Presse de la Cité et Netgalley France pour ce roman historique, qui m'a donné envie de me plonger dans la trilogie écrite par Elizabeth Chadwick.
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An 1200. Aliénor d'Aquitaine, deux fois reine, vient quérir en Castille la future reine de France, promise à Louis VIII. Si au départ, il semble que ce soit Urraca qui est pressentie pour ce mariage, Aliénor va lui préférer sa soeur Blanche. Commence alors un long voyage pour arriver en France, durant lequel Aliénor va s'ouvrir peu à peu à Blanche et se remémorer ainsi les grands événements qui ont jalonné son quotidien.

Marie-Noëlle propose ici un roman qui se déroule en une année, et pourtant, grâce aux nombreux retours en arrière, elle tissera l'histoire d'Aliénor d'Aquitaine. C'est donc un petit roman historique très intéressant, qui permet de revenir sur beaucoup d'événements historiques.

J'ai beaucoup aimé cette lecture et j'ai apprécié le lien qui se tisse entre Aliénor et Blanche. L'auteure réussit à créer un roman historique qui revient sur beaucoup d'événements, mais sans jamais créer d'ennui.

Je n'ai pas vu défiler les pages. Il faut dire que le roman est très court, mais malgré tout, beaucoup de densité apparaît tout au fil des pages.

La plume de l'auteure est d'une grande élégance. J'ai beaucoup aimé le style recherché. Les chapitres sont courts, et chacun débute par une indication spatio-temporelle qui permet au lecteur de situer les endroits par lesquels passent Aliénor et Blanche.

Un roman historique très intéressant, retraçant l'histoire d'Aliénor d'Aquitaine et servi par une plume délicate et très élégante. À découvrir.
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Il y a deux personnages féminins du Moyen-Age qui me fascinent : Anne de Bretagne (qui n'est pas tout à fait du Moyen-Age, certes), et Aliénore d'Aquitaine, et je ne résiste jamais à un livre qui met en scène l'une ou l'autre. Me voilà donc lancée avec une Aliénor d'Aquitaine vieillissante (80 ans tout de même, c'est un exploit à l'époque) sur les chemins de Castille pour aller chercher celle de ses petites filles qui deviendra la future reine de France. En plaçant son histoire à la fin de la vie d'Aliénor d'Aquitaine, Marie-Noëlle Demay nous invite dans la mémoire de cette grande femme de pouvoir, reine de France puis reine d'Angleterre, mais surtout duchesse de la très puissante Aquitaine, épouse et mère de rois, faiseuse de dynasties… Mais le roman fait aussi entendre la voix de Blanche de Castille, future reine de France qui elle aussi sera un personnage politique important et exercera la régence, même si elle apparaît plus effacée et surtout caractérisée par sa piété dans l'historiographie usuelle (mère de roi, certes, mais mère de saint surtout, puisqu'elle est la mère de Louis IX).
Marie-Noëlle Demay a pris le partie de narrer son histoire à la première personne, faisant alterner le « je » d'Aliénor et le « je » de Blanche. C'est un procédé intéressant qui permet de confronter d'une part l'expérience de l'une qui, au soir de sa vie, se remémore ses triomphes mais aussi ses douleurs, une vie qui a l'air d'être plus faite de pertes que de moments heureux et d'autre part les appréhensions d'une jeune fille d'à peine 12 ans qui commence seulement à imaginer le destin qu'on lui a tracé.
Le roman est bien mené, même si le besoin de remettre dans leur contexte certaines allusions de l'une ou de l'autre alourdit le style et ne fait pas très naturel (par exemple la précision de la fonction d'amis chers est nécessaire pour le lecteur, mais redondante pour celle qui parle). Ce que le roman dit de ses deux personnages principales n'est pas particulièrement nouveau : Aliénor impérieuse et fine stratège, Blanche douce et avisée, mais tout cela est bien écrit, avec le souci de rendre l'atmosphère et les us de l'époque.
Un roman historique sans prétention, donc, qui fera un roman de plage comme je les aime, agréable et facile à lire, tout en offrant une lecture intéressante, pour découvrir ici des personnages historiques dont on ne connaît souvent que le nom. C'est un peu tôt pour ce genre de recommandation, mais voilà un livre parfait pour les beaux jours qui s'annoncent, à mettre sans hésiter dans sa valise pour faire passer plus vite un long trajet ou pour agrémenter quelques jours de repos.

Merci aux Presses de la Cité de m'avoir permis de lire ce livre, via netgalley.