Voici un ouvrage qui a fait couler beaucoup d'encre dans le plat pays. D'abord parce que
Claude Demelenne connu comme intellectuel socialiste s'y associe avec
Alain Destexhe, parlementaire libéral. Ensuite parce qu'il est réellement tabou à gauche d'aborder la question de l'Islam. L'idée qui prévaut étant qu'une population discriminée ne doit pas être stigmatisée en plus pour ses pratiques religieuses, fussent-elles absolument incompatible avec la laïcité. Cette vision est d'ailleurs servie par les zélateurs gauchistes, trotskystes, maos et tout le toutim, prompts à traiter de fachos ceux qui réclament la vigilance en la matière.
Il n'en reste pas moins qu'en France, comme en Belgique, l'extrême droite s'est emparée du thème et qu'on assiste avec effarement aux discours mensongers de gros réacs qui, la main sur le coeur, en appellent à l'intransigeance de l'Etat lorsque la religion s'insinue dans la sphère publique alors qu'ils se prosternent publiquement devant la statue de Jeanne d'Arc ou la Tour de l'Yser et ne comprennent pas pourquoi nous sommes choqués lorsque le Roi des Belges embrasse l'anneau du Pape.
Bref, les auteurs se sont livrés à un exervice périlleux.
A mon avis, ils y sont assez bien parvenus. le bouquin n'est assurément ni antireligieux, ni raciste, ni outrancier. Il met le doigt sur de réels problèmes, montrant par exemple comment une certaine gauche en est arrivée à rompre avec une partie de ses idéaux fondamentaux au nom d'accomodements raisonnables, comme lorsqu'Ecolo milite contre l'interdiction du voile à l'école. Comme quand le MRAX, aujourd'hui déserté par tous ses militants historiques, tombe dans les mains de militants pro religieux. Comme quand le CDH, parti chrétien, fait élire une députée qui se voile à l'assemblée. Comme quand une représentante du Parti du Travail de Belgique (extrême gauche mao) déclare que l'alliance avec les islamistes est nécessaire pour lutter contre l'hégémonie américaine.
Je ne suis pas d'accord avec toutes les lignes du bouquin. Mais il a au moins le mérite d'ouvrir un débat dont nous privent quelques progressistes naïfs ou pervers.