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Critique de Yandiawish


Ébranlée après mon voyage dans la Tempête de Marie, je me suis aussitôt empressée d'aller vérifier si Marie était parvenue enfin à Rallumer ses étoiles. Quelle ne fut ma surprise de renouer avec son univers et de la retrouver telle qu'elle est devenue, si femme, qu'il m'aura fallu lire quelques chapitres avant d'apprivoiser toute sa maturité acquise, avant de reconnaître la Marie d'antan, aussi, non sans une certaine nostalgie. C'est sans nul doute les métaphores sublimes dans la plume de l'auteure, unissant la nature aux ressentis de l'Être qui m'avaient tant réjouie dans Marie Tempête et que j'ai retrouvé – mais pas autant – dans ce deuxième tome, qui m'ont permis de replonger et de me laisser aller plus légèrement dans ma lecture.

L'alternance des chapitres, nous faisant entrer tantôt dans la vie et les songes de Marie, d'autres fois dans ceux de son fils Gabriel, qui mènent tous deux une vie en parallèle, sans se parler, sans se toucher, sans se voir, est tout simplement somptueuse et habilement maîtrisée par Dominique Demers. Bien que nos deux personnages aient été séparés pendant plus de seize années, ils sont liés d'une quelconque manière, on le ressent, chapitre après chapitre, ce magnétisme indéfinissable qui unit ces deux personnes à travers l'invisible, au-delà des sens. Et c'est exactement là que se trouve l'essence même de ce roman : la force inexplicable qui subsiste entre ces deux Êtres, liés par la génétique. On ne peut qu'espérer – parfois impatiemment – que leurs mains s'effleurent enfin...

Citant ce sublime passage de Guillaume Apollinaire : « Il est grand temps de rallumer les étoiles » – qui aura assurément influencé l'auteure pour le titre de son roman –, Marie et Gabriel tentent chacun à leur manière de garder vive leur lumière intérieure, pour ne pas que leurs espoirs s'éteignent complètement, afin de parvenir à trouver une réponse cachée qui leur permettrait de mieux avancer, de mieux briller, d'accepter l'absence qui leur fait parfois ombrage. Pour l'un, le questionnement tourne autour de ce très grand « Qui suis-je », tenter d'y répondre devient une quête absolue. Pour l'autre, il est question d'apprendre à Revivre, sachant qu'une partie d'elle-même est égarée, détachée d'elle, il lui faut apprendre à se pardonner, à chasser la culpabilité qu'elle éprouve.

En partageant l'intimité des deux personnages principaux, le lecteur est indéniablement poussé vers de nombreuses réflexions intérieures. à savoir ce qui est essentiel pour chacun d'entre nous et à reconnaître quelles forces en soi nous permettent de garder élevées et scintillantes les étoiles de notre propre ciel. Cette intrusion à travers les thèmes que le roman véhicule – les liens qui nous lient aux autres, ce qui nous définit en tant qu'Être unique, l'abandon, le regret, l'acception, la quête de la vérité, la compréhension de soi, la recherche du bonheur et les voies pour l'atteindre – nous permet de voyager simplement, sans entrer dans une trop grande lourdeur, en demeurant objectif, sans sentir non plus une once de jugement de la part de l'auteure, bien que ces deux êtres soient magnifiquement imparfaits.


Je conclus sur ce passage du roman qui m'aura sans doute le plus émue, dialogue entre Gabriel et son professeur ( et quelle référence sublime et subtile au Petit Prince ! ) :

« – La notion d'imprégnation ne nous donne pas à réfléchir seulement sur les premiers instants de la vie. le mot même est fascinant. Imprégner, c'est pénétrer, imbiber, influencer. Et ça, mon ami, c'est l'affaire d'une vie. Ça m'a pris bien du temps avant de comprendre. Ça ne tient pas à un apport unique, aussi fort et déterminant soit-il. À mes yeux, maintenant, les découvertes de Konrad Lorenz sont fascinantes surtout parce qu'elles soulignent merveilleusement la puissance et la diversité des influences. Une oie peut suivre un humain. Un humain de race blanche peut en suivre un autre de race noire. Un chien peut suivre un loup, un humain un ours... Tu vois, le phénomène d'imprégnation nous rappelle surtout la présence d'un autre être vivant, quel qu'il soit, peut être encore plus déterminante que l'héritage génétique. le plus important, c'est le temps, l'énergie et l'amour que l'on accorde à quelqu'un ou qui nous sont accordés. Comme dans l'histoire de la rose et du Petit Prince.

– Alors vous regrettez d'avoir retrouvé vos parents ? demanda Gabriel

– Je regrette surtout d'y avoir investi autant d'énergie et de n'avoir pas compris avant que la réponse à toutes mes questions, à tous ces « qui suis-je ? », n'était pas dans ces retrouvailles. »
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