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EAN : 9782259310451
208 pages
Plon (03/02/2022)
4.31/5   8 notes
Résumé :
À travers le récit littéraire et poétique d'une famille française d'origine arménienne affleurent les questions d'immigration, d'intégration, de transmission, mais aussi d'enfermement et de déterminisme social, ainsi que le choc culturel entre Orient et Occident, les rapports hommes-femmes, la place des femmes dans une structure clanique, mais aussi les chrétiens d'Orient.

Ce récit sonne comme un retour à la matrice, aux origines, arméniennes ici, à l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique

Anaïd Demir nous offre un récit à l'image d'une quête labyrinthique et identitaire dans la maison de son enfance, héritage de ses parents, en banlieue Parisienne. Elle porte sur elle par son prénom Arménien et son nom Turque toute la complexité de l'histoire Arménienne, de l'histoire de sa famille, c'est la ligne conductrice de son récit.

Elle s'installe dans cette demeure avec son matelas et ses cartons, entre les quelques toiles d'araignées, le papier peint usé, les murs jaunis et le bois vieilli. La demeure regorge d'objets talismans, de boîtes secrètes. Elle arpente les pièces et les murs s'avèrent être bavards tout comme les meubles. Ils lui rappelle ses parents, ses grands parents et ses frères et soeurs. Ceux qui ont vécu l'horreur et l'impensable dans les années 1915 en Arménie, ceux qui ont tout fait pour s'affranchir d'un Pays, s'émanciper de leurs enfances douloureuses.

Lorsqu'elle prononce ne serait-ce que le prénom de sa soeur, c'est tout un pan de l'histoire arménienne qui en découle. Quand elle effleure de sa main, sa jambe dans un bain brulant semblable au Hammam, c'est sa grand mère Mayram qui s'invite dans ses souvenirs. Et quand la faim se manifeste au creux de son ventre, c'est au « tacht hantess », pique nique champêtre en arménien, quelle se plaît à repenser, aux côtés de ses cousins. Un patrimoine de réminiscences entier est présent dans ce manoir obscur.

Dans un contexte historique douloureux, les souvenirs heureux sont présents, Anaïd Demir rend magnifiquement hommage à sa famille, avec une plume d'une poésie profonde. En a peine 206 pages, l'auteure nous offre un patrimoine entier, son histoire à elle en toute intimité. Nous sommes faits de notre histoire familiale, ancrée en nous, dans les gênes. Faut-il se défaire complètement ou partiellement de son histoire pour se réaliser pleinement?

« Une langue, plus encore qu'un nom et un prénom, raconte l'histoire d'un peuple et porté en elle les stigmates de son histoire »
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s'intégrer sans accepter l'assimilation...c'est le problème de beaucoup de ceux qui ont du fuir leur pays: pratiquer la langue en famille et entre amis, sauvegarder les traditions, la cuisine etc. Anaïd , issue de rescapés du génocide arménien, se penche sur son histoire personnelle et celle de son peuple à travers sa famille:paradoxalement, certains ont vécu en Turquie, pays de leur malheur; d'autres ont rejoint la France. A la suite d'un héritage, elle redécouvre la maison-mère qu'elle explore et ses souvenirs remontent ainsi que l'histoire de l'Arménie qui remonte à six siècles avant JC.
Ce n'est pas un coup de coeur pour moi, un récit trop auto-centré et une glorification de l'Arménie bien avant 1915 qui m'a lassée. Une quête d'identité intéressante cependant. Il m'a manqué d'être émue.
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Quel livre ! Quand j'ai refermé ce livre de souvenirs, j'ai eu un besoin d'un moment de silence avant de rédiger mon billet. le silence qui a essayé d'étouffer les cris de ces Arméniens spoliés de tous leurs biens, torturés, abandonnés dans le désert, assassinés puis turquifiés et oubliés.

Pourtant tous les 24 avril les Arméniens de la diaspora française défilent devant les ambassades turques pour que ce génocide soit enfin reconnu.
Le livre est un retour dans la mémoire d'une jeune femme née en France d'une famille arménienne qui s'est exilée de Turquie en 1960 . Cette plongée dans le passé se fait à travers les pièces de la maison familiale qui, à travers un objet ou une photo, lui permettent d'évoquer son enfance et la vie des membres de sa famille. Toute la difficulté de cet exercice est de confronter ses expériences personnelles suffisamment douloureuses puisqu'elle a voulu fuir à tout jamais cette maison, à celles autrement plus tragiques de la destinée des Arméniens en Turquie .
C'est un récit parfois très vivant et très gai, on aimerait participer aux réunions de famille autour de plats qui semblent si savoureux, les grand mères et les tantes qui ne parlent que le turc sont des femmes qui n'ont peur de rien. Et pourtant d'où viennent-elles ? le blanc total de la génération d'avant 1915 plane sur toutes les mémoires. le récit devient plus triste quand l'auteur évoque son père. Sa compréhension d'adulte n'empêche pas sa souffrance d'enfant de remonter à la surface. Cet homme a été brisé par l'exil auquel il a consenti pour assurer à ses enfants un meilleur avenir mais d'une position d'orfèvre à son compte en Turquie il est devenu employé en France. Est ce cela qui a aigri son caractère et rendu sa position de pater familias insupportable aux yeux de sa fille ?
À travers toutes les pièces de cette maison, Annaïs Demir recherche une photo de sa mère. Une photo où on la verrait dans toute sa beauté de jeune femme libre avant un mariage qui l'enfermera dans une vie faite de contraintes. Son amour pour son mari est, sans aucun doute, plus le fruit d'une obligation due aux liens combien sacrés du mariage que d'une attirance vers cet homme .
À partir de chaque détail de la vie des membres de cette grande famille, on imagine peu à peu le destin de la petite fille puis de la jeune fille qui est devenue cette écrivaine, mais on comprend surtout la tragédie du peuple Arménien qui apparaît dans toute sa violence absolument insupportable et si longtemps niée.
Un livre que je n'oublierai jamais et j'espère vous avoir donné envie de le lire.
Lien : https://luocine.fr/?p=15047
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A travers chacune des pièces de cette maison héritée, l'auteure nous livre ses souvenirs d'enfance, nous parle de ses racines, ses origines, sa famille, ses ancêtres et la culture arménienne.
Je me suis sentie bien dans ce récit reposant à l'écriture magnifique et je me suis laissée transportée au coeur de l'histoire du peuple arménien.
Cette lecture a été pour moi une très belle découverte ! On ressent vraiment les valeurs profondes et sincères d'Anaïd Demir et ça touchera inévitablement tous ceux qui liront ce livre !
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Au départ, la narratrice revient dans cette maison familiale située à 20 km de Paris. Ses déambulations au travers les pièces nous plonge dans son histoire personnelle et celle de sa famille Arménienne de Turquie arrivée en France dans les années 60. Ce récit de voyages entre le passé et le présent, l'Orient et l'Occident, montre toute la richesse culturelle, historique, patrimoniale et les us et coutumes des Arméniens. L'autrice interroge les notions d'intégration, d'assimilation, de transmission, d'identité, de mémoire et de déterminisme social. Ce roman est une émouvante chasse aux trésors !
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critiques presse (3)
Maison-mère, le premier roman d'Anaïd Demir est un retour aux sources familiales et culturelles. Après 20 ans de vie trépidante à Paris de critique d'art et commissaire d'exposition, la romancière en herbe revient dans la maison de son enfance en région parisienne où elle a grandi au sein d'une famille d'origine arménienne. Une famille où s'entrechoquent les langues et cultures.
Lire la critique sur le site : RadioFranceInternationale
LeMonde
04 mai 2022
Faisant de chaque pièce de la demeure l’occasion de retrouver une pièce de son propre puzzle identitaire, la narratrice redécouvre l’histoire de sa famille, marquée par le génocide perpétré dans l’Empire ottoman en 1915 et par les migrations successives des survivants. Un retour aux sources qui lui permet de quitter définitivement l’emprise familiale sans plus avoir à la fuir.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeFigaro
02 mai 2022
L'histoire d'une famille arménienne implantée en France qui veut s'acculturer sans se renier.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
À leur arrivée en France, dans les années 60, ils ont pu respirer, n’ayant plus à dissimuler leur identité culturelle et cultuelle, ni passer leur langue sous silence comme s’il s’agissait d’une pratique honteuse. Ils n’étaient plus ces « infidèles » suspects, ces « gavours », contre lesquels on pouvait se retourner en temps voulu. Ils ne craignaient plus rien. Ils avaient le droit d’exister en tant qu’Arméniens nés en Turquie sans subir le racisme antichrétien dont ils avaient fait l’objet dans leur pays. Ils allaient devenir des citoyens français et moi, qui venais de naître en France, avant eux. Sept ans après leur départ d’Istanbul, je symbolisais le passage à une ère nouvelle. À leurs yeux, je n’avais donc pas besoin de pratiquer le turc, la langue de nos ennemis ancestraux. La langue du pays dont mes parents s’affranchissaient enfin. Un divorce tant désiré que le turc devenait automatiquement pour moi, l’enfant d’un monde libre, la langue interdite. c’était le passé. Ils avaient décidé de tout changer. Vivre en version originale. Sous-titrée dans la langue du pays qu’il s’était choisi. Ils ne s’adressaient donc à moi qu’en arménien depuis ma naissance. parce que ce que j’étais leur dernier enfant, le seul né ailleurs qu’en Turquie. Sur le territoire français et, de fait, par le droit du sol, de nationalité française. Née dans un pays où nous étions libres de vivre en paix notre vie de français d’origine arménienne. Notre culte ne regardait que nous et ne figurait pas sur nos papiers d’identité.
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On jalousait leurs biens on en voulait à leurs maisons, à leur terre et à l’or que les Turcs imaginaient qu’ils détenaient. Par conséquent, on les avait désarmés et délestés de ce qu’ils avaient de plus précieux. On les menait maintenant en troupeaux aux abattoirs. Pour procéder à leur lente mises à mort en toute impunité. Certains à pieds, d’autres entassés dans des wagons à bestiaux. Destination le désert de Syrie au plus fort des températures de l’Orient. Il était bien assez vaste pour étouffer leurs pleurs, leurs cris et jusqu’à leur râle ultime. Tortures, viols, assassinats, pillages, déportations et autres humiliations. des morts par centaines de milliers. Des charniers. Une déferlante de l’horreur et de sadisme s’était abattue sur les maisons arméniennes.
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Un jour on naît. Arraché dans un cri au néant, on atterri quelque part avec un baluchon entier de données à découvrir au fil du temps. Une identité. Des besoins. Des émotions. Une famille. Une langue, parfois plusieurs. une culture. Des traditions. Une religion. Une histoire d’un peuple suit, se déroule ; on tire sur un fil et la pelote vient. Une civilisation entière se dessine. On découvre des rites, des us, des coutumes qui deviennent des normes et auxquelles on s’astreint sans se poser lac oindre question.
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Mais lorsqu’il s’agissait de faire ses besoins, cela devenait plus compliquée. Tout se passait hors de l’appartement. Pas sur le palier mais au fond de la cour, été comme hiver. Dans des cabanons qu’on fermait avec un frêle crochet. Des toilettes « à la tourka », comme disait tante Arsiné en roulant le « r ». N’est-ce pas le summum de la tragédie que de continuer à entendre parler quotidiennement de l’ennemi ancestral, même dans les lieux d’aisances de son pays d’exil, en plein Paris ? Ironie du sort, les turcs s’illustraient là sans le moindre panache autour d’une invention aussi primitive et putride qu’un pauvre trou dans lequel le toute un chacun venait vider ses entrailles.
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Je sens que je dois mettre entre parenthèses ma vie de critique d’art, mon cercle d’amis, les vernissages, les premières de ciné, les concerts, les cafés en terrasse, mes habitudes et mes passions. Renoncer à tout ce que j’ai construit seule ces dernières années pour entrer dans une antique pelisse plein d’accrocs. Une vieille peau de bête, éliminée par endroits et rugueuse à d’autres, qui me retombe sur les épaules jusqu’à m’étouffer.
À moins qu’il ne s’agisse finalement d’une Gorgone cherchant à me pétrifier. Intense et glaçante, elle m’agrippe du regard. imperturbable, elle a déjà englouti la plupart de ceux qui l’ont habitée. Et maintenant ce serait mon tour ?
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Vidéo de Anaïd Demir
Les Voix du livre, une source incontournable d'informations et d'inspiration pour vous, oreilles passionnées par le monde du Livre et professionnels qui le faites rayonner chaque jour.Animé par Lauren Malka, journaliste indépendante et podcasteuse, ce podcast est une invitation dans l'univers de Livres Hebdo en plusieurs séquences.Dans cet extrait de l'épisode 6 : En Haut de la pile, la 3ème partie du podcast, l'éclairage et coups de coeur de la rédaction de Livres Hebdo. Nos 2 journalistes dévoilent non seulement leurs coups de coeur mais aussi les livres qui, à leur avis, reflètent comme des miroirs l'horizon littéraire du printemps 2024 : Les Olympes, publié aux éditions Albin Michel Jeunesse, sous la direction de Carole Trébor ; Un choix d'amour, de Valérie Forgues, publié aux éditions Triptyque ; Julia, de Sandra Newman, publié chez Robert Laffont et Les suffragettes de l'art, d'Anaïd Demir publié chez Beaux-Arts éditions.Un podcast réalisé en partenariat avec les Éditions Dunod, l'éditeur de la transmission de tous les savoirs.  Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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