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EAN : 9782221200810
400 pages
Robert Laffont (11/01/2018)
3.4/5   10 notes
Résumé :
Par son seul roman, L'Attrape-coeurs, Jerome David Salinger (1919- 2010) a fasciné – et fascine encore – des générations de lecteurs. Dès la parution du livre en juillet 1951, le succès est foudroyant. Cette " bonne fortune ", ainsi qu'il le confesse, lui permet de vivre reclus à Cornish, dans le New Hampshire. Ce choix de vie qu'il s'impose jusqu'à l'extrême a intrigué ses contemporains. Salinger voulait qu'on lui fiche la paix.
Sa vie fut pourtant très roma... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Denis Demonpion, son truc c'est la biographie, d'Arletty à Houellebecq, il semble (oui parce que j'avoue, j'ai pas lu) aimer chercher à connaître mieux ceux dont parfois l'estampe publique se substitue à la personne dissimulée derrière. Il cherche, il creuse, il enquête et il nous fait partager. Alors, quand Enthoven (père) lui fait part un jour comme ça, mine de rien, de son envie de lui confier la dure mission de réaliser une petite enquête sur J.D Salinger dont on sait si peu de choses, Denis Demonpion, malgré la certitude que ça ne va pas être du tout cuit, accepte de se prêter au jeu et, de Vienne à New York, le voilà parti sur les traces du reclus de Cornish.

Et ça en valait la peine, malgré les difficultés qu'on imagine, les portes qui se ferment et les refus de communication, Denis Demonpion nous livre une étude solide basée sur une enquête sérieuse. Entre anecdotes, morceaux d'Histoire et tranches de vie, on suit les pas d'un tout jeune Jerry Salinger new-yorkais tapant ses premiers mots d'auteur sur une Royal portative à son voyage à travers l'Europe, puis on l'accompagne (de loin) sur les plages du Débarquement (sa machine à écrire sous le bras) jusqu'à sa vie claustrée mais non ascétique comme on tient absolument à l'imaginer dès que quelqu'un trouve ce monde suffisamment perverti pour ne pas avoir envie d'y traîner ses guêtres plus que de raison. Surtout que se retirer du monde me parait au contraire une preuve de bonne santé mentale (clin d'oeil en passant à Thomas Pynchon, ça fait plaisir... Ce qui me fait d'ailleurs penser que dans les années 70 le Soho Weekly News avait clamé que Salinger et Pynchon = même personne. Intéressant. Mais je digresse...)

♪♫ Mais laissez-lui un peu, ses secrets à garder, son intimité
C'est pour se protéger, il est fatigué de toutes vos stupidités ♫ ♪

Une vie entière donc (91 ans) et toujours une seule aspiration : l'écriture. Partout, tout le temps, Salinger ne vit pratiquement que pour elle. de ses premières nouvelles publiées dans des magazines comme Story, le Saturday Evening Post ou le prestigieux New Yorker jusqu'à l'écriture du chef-d'oeuvre que l'on sait, puis d'autres nouvelles (assez conséquentes parfois, car je n'avais jusqu'ici jamais considéré Franny et Zooey comme telles mais plutôt comme un roman, voire deux grosses novellas).
Bref, encore quelques publications de ci de là, puis plus rien. Quand on sait que J.D Salinger n'a jamais, de toute sa vie, cessé d'écrire, on se demande si on aura un jour la chance de lire un peu de toute cette production confidentielle où si vraiment – et c'est le plus probable – il faut définitivement faire une croix dessus (quand on voit déjà le nombre de nouvelles publiées dans des magazines aux Zuesses et jamais parues ni même traduites en France... ça fout le vertige.)

En tout cas, une bien chouette biographie, on aurait parfois aimé s'attarder plus longuement sur certains sujets (son hospitalisation à Nuremberg post débarquement, sa rencontre avec Hemingway...) mais c'est déjà si rare pour ne pas dire miraculeux de trouver un livre sur celui qui se taille une bonne place dans le top 7 de mes écrivains favoris, et puis – "ouah, ça m'a tué" – on apprend deux ou trois choses intéressantes sur Holden Caulfield et plus spécialement sur sa genèse (par contre la question de savoir où vont les canards de Central Park quand le lac est gelé reste entière) et rien que ça, ça rend ce livre tout digne d'intérêt.

Aparté : Salinger l'avait refusé de son vivant, pourvu que personne ne profite maintenant de tenter une adaptation cinématographique forcément foireuse de L'Attrape-Coeurs. Holden ne mérite pas ça.
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La curiosité pour le repli littéraire de J. D. Salinger trouve une mince satisfaction dans ce paragraphe de l'unique biographie en français : "Les aventures de la famille Glass, Franny, Zooey, Seymour, etc., reflètent pleinement ses préoccupations à ce moment-là, sans atteindre à la drôlerie et à la liberté de ton qui ont fait sa singularité des débuts. Salinger a déserté l'adolescence, ses personnages ont pris de l'âge, quelques années supplémentaires en tout cas. La guerre n'est plus au centre de la création littéraire, la religion a pris la place et plus encore la quête mystique. Quelque chose s'est brisé. L'ampleur de la tâche qu'il s'est assignée serait-elle soudain devenue trop grande pour lui ? Pourtant, afin de se consacrer pleinement à l'écriture, il n'a conservé aucun de ses vieux amis, à l'exception de Donald Hartog. Il y a des années, l'idée était peu à peu venue à l'esprit que, tôt ou tard, une totale immersion lui serait nécessaire pour arriver à ce à quoi il voulait parvenir en tant qu'auteur de fiction. L'ambition lui a quelquefois été prêtée de vouloir bâtir, dans un registre personnel, une oeuvre dont l'impact serait de l'ordre de À la recherche du temps perdu. Seule l'ouverture du fonds littéraire qu'il a laissé dira s'il a ou non réussi son pari." (p.368).

Tout est dit, on n'en sait guère plus sur les intentions littéraires de l'écrivain vieilli et leur éventuelle matérialisation. le feu sacré a disparu; a-t-il encore écrit dans l'intention de publier ? On doute de jamais découvrir une quelconque "Recherche" posthume ou un travail de cette envergure. Retiré à Cornish (New Hampshire) depuis 1953, la fin de sa vie le voit faire quelques voyages, il a une compagne dévouée, des amis en nombre limité, s'occupe de sa maison, s'entend bien ou mal avec ses enfants, fuit les journalistes et gère ses contrats (traductions, refus d'adaptations, etc., peu de chose puisque l'oeuvre est limitée, mais lorsqu'on est pointilleux et méfiant, cela occupe). Bref, le Salinger assis sur une certaine réussite déçoit et l'on a, vers la fin du livre, de longs passages où l'homme, avant de regarder une série télé, bine son jardin, s'extasie devant les tiges volubiles de haricots et observe le manège d'un renard à l'orée d'un bois, comme vous et moi, alors qu'on allait, sans trop se l'avouer, à la rencontre d'un géant.

Ceci non pour blâmer la biographie réalisée par Denis Demonpion qui a fait un travail journalistique objectif et complet, quoiqu'il y soit trop peu question de littérature à mon goût. La tâche n'était pas facile, à l'instar de ceux qui se sont heurtés aux barrières de la vie privée de l'auteur (voir Ian Hamilton, 1988). Même chose pour le suédois Fredrik Colting qui écrivit une suite à "L'attrape-coeur" et n'imaginait pas les épreuves judiciaires que lui ferait subir le coriace Américain.

Lorsqu'en 2006, Jean-Paul Enthoven, chez Grasset, lui a suggéré de tenter ce travail, Demonpion est parti en reconnaissance et a vite compris, averti par le voisinage, qu'il serait impossible d'approcher le personnage ni même sa femme Colleen. le chemin fut long jusque 2018 et Robert Laffont, car la direction de Grasset s'opposait à ce livre, pour finir par éditer la semi-fiction "Oona & Salinger" (F. Beigbeder) en 2014, quatre ans après la mort de l'écrivain à 91 ans .

Les biographes étaient les bêtes noires de Salinger : "Selon lui, un auteur n'a pas à commenter l'oeuvre qu'il écrit. Sa force d'expression seule doit suffire à convaincre le lecteur de ses intentions. tout le reste ne relève que de l'exhibitionnisme, un travers qu'il abhorre.". Ceci explique peut-être en partie son retrait. Il avait aussi gardé des traces psychologiques de la guerre en Europe, il fut du débarquement et de la bataille des Ardennes. Demonpion note que, dans les années cinquante, "N'ayant par moments goût à rien, il n'aspire qu'à des instants de calme où on se sent si bien qu'on dirait du bonheur. Un bon moyen, selon lui, de se préserver du «comportement de l'être humain» consiste à se replonger dans l'écriture." Mais qu'écrivit-il après "Franny and Zooey" (1961) ?

"Salinger était très méticuleux, il avait tout supervisé de la couverture à la qualité du papier en passant par l'espacement entre les lignes, c'était incroyable." lit-on dans Le Figaro (2010). Salinger était dur en affaires et suspicieux sur le devenir de ses textes, ce qui explique peut-être qu'il n'existe, selon mes sources, aucune anthologie exhaustive de ses écrits. Ses nouvelles des débuts, publiées dans diverses revues, précisément notées dans la biographie, vaudraient une réédition. Elles sont pour la plupart non traduites à ce jour. La traduction française de "L'attrape-coeur" par Sébastien Japrisot fut jugée trop libre par l'auteur qui protesta chez Robert Laffont. Il préféra celle d'Annie Saumont, "moins échevelée".

Un récit journalistique qui vaut surtout par sa première partie où Jerome David Salinger, jeune écrivain ambitieux et tenace, accède à la notoriété, avant d'en mesurer l'incompatibilité avec un caractère authentique, altier et farouche.
Lien : https://christianwery.blogsp..
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SALINGER INTIME pourrait s'appeler SALINGER FOR EVER tant l'auteur-enquêteur, semble tomber en pamoison journalistique devant l'écrivain de l'Attrape-coeurs.
Certes il y a de quoi, la vie de Jérôme David SALINGER est un véritable roman. Bellâtre New-Yorkais ayant suivi un enseignement militaire, amoureux transi d'une belle Oona qui le quittera pour épouser Charlie Chaplin, J D devient G I à 24 ans, agent spécial des renseignements, participe au débarquement en 1944 sur les fameuses plages de Normandie, à la bataille des Ardennes, à la libération de Berlin et écrit toujours des nouvelles et des nouvelles même sous la mitraille. Cela dans l'optique d'un livre qui le taraude, avec un personnage de 17 ans qui le taraude, un certain Holden Caulfield qui lui ressemble sous bien des aspects.

Au sortir de la guerre, des mois entiers de dépression, de psychose traumatique traceront les contours de sa personnalité définitive, tranchée, hautaine, réservée, solitaire.

Le roman enfin écrit en 1951 s'appellera "The Catcher in the Rye", "l'Attrape-coeurs" en Français : le succès instantané qui suit la parution de l'unique roman de J d'procède à la légende romanesque SALINGER. La suite c'est la fuite de SALINGER, qui se cache dans ses montagnes du New Hampshire pour vivre une existence tout à fait normale et terriblement banale. Parce que pour lui "le visage d'un écrivain ne devrait jamais être connu", ainsi il s'efface de la scène publique pour mieux se transfigurer en figure romanesque.
De Sonny, en passant par Jerry, à J D SALINGER, l'écrivain est un être qui fascine car il ne se dévoile pas même quand il mute, change, grandit, vieillit. Avec cette enquête on comprend petit à petit ce qui fait sa force et son
génie, seul compte pour lui la "distanciation" nécessaire à l'acte d'écriture, "ce parfait degré intérieur de glace" qui permet à l'écriture de jaillir. Et même s'il ne publie pas cette « distanciation » est et reste sa respiration.
Denis DEMONPION nous attrape avec son livre qui n 'en finit pas, on veut lire ou relire l'Attrape-Coeurs à tout prix, on veut trouver l'édition des années cinquante avec le cartouche prophétique qui avertit le lecteur dans ces termes :" Ce livre inhabituel peut vous choquer; il vous fera rire, et peut vous briser le coeur - mais vous ne l'oublierez jamais".
Mais quelquefois on s'ennuie à lire ces chroniques d'un J D qui vieillit tranquillement, loin de tout, avec ses femmes, ses chiens et ses matchs de tennis à la télé et au terme du livre on se demande si l'auteur n'aurait pas pu faire plus concis, plus ramassé, plus percutant. Est-ce qu'il n'a pas voulu trop dire au risque de diluer l'énigmatique et légendaire fibre SALINGER romanesque?
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Si Denis Demonpion envisageait d'ajouter son nom à une longue liste, celle des auteurs, journalistes et amoureux des lettres ayant voulu un jour faire la biographie de Jerome David Salinger, il peut se dire que c'est désormais chose faite. le journaliste français publie Salinger intime : Enquête sur l'auteur de L'Attrape-coeurs chez Robert Laffont. Lettres it be vous livre son avis.


Tout d'abord, il est intéressant de noter que le genre biographique semble être celui dans lequel Denis Demonpion se régale : il publiait déjà Houellebecq non autorisé : Enquête sur le phénomène chez Libella en 2005 ou encore Arletty chez Flammarion en 1996. D'autres biographies ont suivi, toujours avec cette envie de percer le mystère des existences, de dénicher le fondamental dans le banal.


Dans ce Salinger intime, on se met donc dans les pas du jeune Jerome David, né d'un père juif et d'une mère catholique irlandaise (sans le savoir immédiatement). de cette enfance va naître un goût prononcé pour le voyage, d'abord en Pologne puis dans de nombreux pays, mais surtout un sérieux penchant pour l'écriture. Des petites histoires d'abord, des grandes un peu plus tard, Salinger a toujours fait traîner son stylo en se nourrissant de ses nombreuses aventures, à l'armée comme ailleurs. Jusqu'à donner le chef-d'oeuvre que l'on connaît tous.


Difficile de retracer le parcours de Salinger ici en quelques mots, c'est d'ailleurs là tout l'objet du dernier livre de Denis Demonpion. Même si la bibliographie de Salinger fait triste mine à côté de celles d'autres auteurs américains de son époque, sa vie n'en demeure pas moins dingue, mouvementée, romanesque. Avec toute la précision biographique qu'on lui reconnaît, le journaliste aujourd'hui en poste du côté du Nouvel Observateur délivre donc un ouvrage touffu, dense, rempli d'anecdotes et de petites histoires qui ont fait celle de J. D. Salinger. Et même s'il faut, avant même l'ouverture du livre, avoir un intérêt marqué pour l'auteur de L'Attrape-coeurs, force est de constater que ce livre n'en demeure pas moins intéressant pour tenter de percer les mystères de la genèse d'une oeuvre qui trouve encore aujourd'hui dans nos sociétés un écho tout particulier. A réserver aux amateurs, mais pas que !


Retrouvez la chronique en intégralité sur Lettres it be
Lien : https://www.lettres-it-be.fr..
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Une biographie surprenante à propos d'un écrivain qui ne voulait qu'écrire des livres et pas être connu finalement. Jérôme David Salinger est un auteur qui n'aimait pas la compagnie de ses semblables et préférait écrire dans sa maison isolée de Cornish, dont il protégeait soigneusement l'accès.C'est une longue silhouette toute en jambes.
Son livre le plus fameux est "l'attrape coeur" (en VO : "The catcher in the rye", une référence à un poème de R. BURNS, qui fait sens pour son héros, Holden Caufield, qui se voit comme celui qui dans les champs de seigle qui s'achèvent au bord d'une falaise, empêcherait les enfants de basculer dans le vide : l'attrapeur dans le seigle encore une fois de la difficulté de traduire les titres ...).
Demonpion se plonge dans le grand vide entourant l'écrivain reclus et compose une étonnante biographie, sensible, pointue, qui met en avant les contradictions d'un auteur (comment être un écrivain reconnu sans la célébrité qui va avec et le désir des lecteurs qui veulent vous connaître ?). On découvre un homme, qui peut être comme son héros, Holden Caufield, ne voulait pas devenir adulte et l'est devenu trop tôt sur les plages du débarquement et à cause de la seconde guerre mondiale. Un homme coincé entre les religions de ses parents et la gêne d'être le fils d'un riche importateur de viande, ses amours contrariées avec la belle Oona O'Neil, future épouse de C. CHAPLIN et sa recherche d'une sérénité par le biais de la méditation.
J'ai apprécié ce texte qui se lit comme un roman, mais j'avoue que j'ai été attiré par celui-ci grâce à un film de 2017 "Rebel in the rye" qui conte les débuts de la vie de Salinger et m'a ainsi amené à vouloir le découvrir. Ceci n'enlève rien à "SALINGER intime", que je n'ai pas lâché avant la fin (même si elle est connue, l'auteur est décédé en 2010).
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critiques presse (4)
LeMonde
30 mars 2018
Pour l’auteur de « L’Attrape-cœurs », mort en 2010, la vie privée n’était pas une vaine chose. Ce qui ne rend pas facile la tâche de ses biographes, dont Denis Demonpion.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeFigaro
19 mars 2018
Le journaliste Denis Demonpion mène l'enquête sur Jerome David Salinger, disparu il y a huit ans. Pas de révélations dans cette nouvelle biographie. La légende résiste.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Lexpress
09 mars 2018
Denis Demonpion a travaillé dix ans à reconstituer l'itinéraire de l'auteur de L'Attrape-coeurs, et a exhumé des correspondances inédites.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Bibliobs
07 mars 2018
Dans "Salinger intime", Denis Demonpion n'est pas loin de transformer le moine de Cornish en superhéros.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Salinger s'exaspère de l'attitude des États-Unis dans cette affaire*, pestant contre cette "nullité" de George Bush père, le président en exercice, qui a eu le culot de se prévaloir du changement en cours dans les pays de l'Est, comme l'aurait sûrement fait son prédécesseur le "stupide" Ronald Reagan. Aucun homme politique américain n'ayant eu l'honnêteté ou la décence de reconnaître à Mikhaïl Gorbatchev le courage et la perspicacité exceptionnels dont il a fait preuve en la circonstance – pas une goutte de sang n'ayant été versé, il en veut à cette "clique odieuse". D'où son souhait le plus cher : que d'est en ouest, les politiciens nous fichent la paix une partie de l'année afin que l'air soit plus respirable et qu'ils laissent la planète intacte. C'est là, la seule chose qu'il demande.

* L'effondrement de l'Union Soviétique
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[Salinger], plus difficile à bouger qu'une montagne, n'est jamais plus heureux que chez lui. C'est donc toujours à contrecoeur qu'il quitte sa maison, son bureau, les champs environnants, les bois, les sentiers, la grange, le tracteur, les chiens. Ses compatriotes peuvent bien célébrer chaque 4 juillet la fête de l'Indépendance, une cérémonie qu'il exècre comme toutes les autres, qu'elles soient locales, nationales ou cosmiques, il ronchonne. Les défilés lui paraissent d'une imbécilité sans nom. Aussi qu'on ne compte pas sur lui pour brandir la bannière étoilée. Un pique-nique occasionnel lui suffit. Il sait juste que ce jour-là, il ne recevra pas de courrier et ne pourra pas en poster.
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Ce soir-là, vers 22h50, après une journée d'enregistrement en studio, le Beatles regagne le Dakota Building, sa résidence luxueuse donnant sur Central Park, en compagnie de sa femme Yoko Ono [...] Tandis que Lennon s'engouffrait sous la porte cochère, Mark David Chapman, un gars de vingt-cinq ans complètement détraqué et qui se tenait à peu près à six mètres de distance, lui a déchargé son revolver dans le dos [...] Alors, très calmement, il enlève son manteau et son sweater, prend dans sa poche l'exemplaire de L'Attrape-Coeurs qu'il a acheté le matin même et, assis sur le trottoir, se plonge dans la lecture.
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Céder à la publicité, même pour accompagner la vente d'un ouvrage, pouvait provoquer la colère de Salinger, chatouilleux sur ce point jusqu'à l'obsession. Joyce Maynard, avec qui il allait vivre huit mois, n'avait pas encore écrit son premier roman qu'il lui confiait : "Le visage d'un écrivain ne devrait jamais être connu."
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Salinger appartient à ces écrivains incapables de se mettre à l'ouvrage s'ils ne se sentent pas dans un état d'absolu détachement par rapport à leurs personnages.
Imperméable à tout sentimentalisme, émotivité, et autres mièvreries, il lui faut atteindre à la complète maîtrise de soi. Car pour lui, seule compte la sincérité, un paramètre indépassable de son existence, comme, plus tard, de celle de son alter égo de papier, Holden Caulfield.
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Videos de Denis Demonpion (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Denis Demonpion
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