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sur 637 notes

Critiques filtrées sur 1 étoiles  
De Céline Denjean, j'ai lu le Cheptel, en 2019. J'y ai trouvé du bon, du potentiel, du prometteur pour la suite, mais ce fut une lecture en demi-teinte tout de même. D'ailleurs, je n'ai jamais relu l'autrice alors même que j'en avais le projet : preuve que quelque chose coinçait de mon côté. Et puis j'ai vu Matrices en magasin, et je me suis dit qu'il était temps de redonner une chance à Céline Denjean.
Plusieurs années se sont écoulées entre l'écriture et la sortie des deux romans – quatre ans – et surtout plusieurs romans ont été publiés entre les deux, ce qui est normalement une bonne chose. Les petits défauts auxquels on pouvait facilement remédier (et concernant la correction, c'était une nécessité) dans le premier roman que j'ai lu, ont forcément été gommés quatre ans plus tard, n'est-ce pas ?

L'avantage avec cette lecture est que je n'ai pas été dépaysée. Savoir si cela est positif ou non est une autre chose.
Autant je peux très vite me lasser d'un auteur qui use du même univers, de la même construction, des mêmes personnages, d'un bouquin à un autre – c'est ce qui s'est malheureusement passé avec Alia Cardyn – ; autant, je me méfie des auteurs touche-à-tout qui donnent l'impression extérieure de ne pas savoir quoi faire de leur plume, de chercher à tout prix un public, ou de répondre aux demandes de ce dernier plutôt que d'écouter ses propres désirs d'écriture. Heureusement, il y a un un juste-milieu entre ces deux opposés, et le premier exemple qui me vient en tête est Céline Saint-Charle, qui touche à beaucoup de genres, dans un univers qui lui est propre, mais qui sait parfaitement se renouveler et surprendre son lectorat.

Le truc de Céline Denjean, je crois, c'est de proposer des intrigues riches. Les deux romans que j'ai lus ont en commun de proposer plusieurs histoires en une, procédé très à la mode et que j'apprécie particulièrement quand c'est bien fait. Pour ça, la littérature américaine régale. Si l'intrigue est réussie, elle donne l'impression en fin de lecture d'avoir vécu plusieurs vies en quelques heures.
Céline Denjean a donc choisi de garder la même construction utilisée dans le Cheptel (difficile de dire si elle l'utilise toujours puisque je n'ai rien lu d'autres d'elle), et si j'avais totalement aimé le Cheptel, j'aurais été enthousiasmée par cette nouvelle. Or, dès le départ, lorsque je me suis rendu compte qu'une fois de plus on avait mêlé une enquête policière à d'autres intrigues (ou l'inverse, je ne saurais dire quelle partie de l'histoire est le fil conducteur – et oui, c'est un problème !), j'ai commencé à me dire que ça sentait le roussi. La suite est arrivée et je vous l'annonce dès maintenant : cet avis ne sera pas positif.

On remarquera en premier lieu que l'autrice n'a toujours pas abandonné son précieux “monter crescendo” (insupportable pléonasme qui s'est fait une confortable place dans le paysage littéraire français), et que la maison d'édition n'a en rien évolué concernant la correction des bouquins qu'elle publie – mais ça, je le savais déjà – puisque les “monter crescendo” sont toujours là, les “au final” et les répétitions aussi, ainsi que les fautes de frappe : “de” qui se transforme en “se” déjà vu dans le Cheptel ; “2019” en “2029”, ou comment créer une incohérence ; etc. Sur la forme, il y encore des couacs, et le souci n'est pas tant leur présence en 2022, que leur présence, déjà, quatre ans auparavant ! Personne n'a donc appris quoi que ce soit ? Je veux bien qu'on me reproche d'être trop pointilleuse sur la forme alors que je ne suis moi-même pas irréprochable. Je veux bien entendre qu'on doit laisser une chance aux auteurs et aux maisons d'édition (même si je suis loin d'appliquer ce principe-là, dès lors que je paie mon produit que j'attends fini), et oui personne n'est infaillible. Mais les mêmes erreurs, à plusieurs années d'intervalles, alors que lecteurs et auteurs tentent de dénoncer depuis plusieurs années les erreurs de français et le manque de correction chez certaines maisons ? C'est inacceptable. Et si on s'était contenté de ça…

Comme dit plus haut, l'autrice a fait le choix d'une construction similaire au Cheptel, à savoir une enquête qui piétine et n'avance pas d'un pouce, noyée dans diverses autres intrigues qui divulgâchent complètement l'enquête policière et la rendent totalement inutile ; sorte de roman fourre-tout dans lequel on a glissé plusieurs intrigues censées n'en former qu'une. Sauf qu'en définitive, on ne sait plus quelle intrigue est la principale, quel genre est le fil conducteur, quel personnage est le plus essentiel. C'est en réalité un petit peu de tout mélangé, sans que rien ni personne ne sorte du lot, comme si l'autrice avait eu plusieurs idées d'histoires et avait essayé de les lier ensemble (je ne dis pas que c'est le cas, simplement que c'est l'impression que j'ai eu). Et si seulement c'était pour le meilleur, ça passerait, le problème est que chaque pan, chaque histoire, chaque personnage est linéaire, dans le sens où rien n'est réellement approfondi. Et bien sûr, on n'échappe pas à l'abus de clichés inhérents aux genres thriller et policier : tout va bien dans la littérature française, le bateau chavire. le pire cliché étant le gendarme principal, à l'âme torturée et au passé dramatique (bien sûr) dont on entretient le suspense quant à la teneur (et en fait, ce n'est pas ouf) ; seule avec son chat, qui ne veut personne dans sa vie (mais finit par pécho) et qui est donc cynique et désagréable ! Oh bah tiens, ça me rappelle quelque chose ça, genre des dizaines de flics dans les romans policiers 🙄 En 2022, sérieusement ?
Heureusement, Matrices a un argument de taille : un grand thème. Oui, finalement, ce roman n'est peut-être qu'une excuse pour traiter la Gestation Pour Autrui (forcée) et plus largement l'esclavage moderne des femmes. Alors qu'on se le dise, l'angle choisi dans ce roman pour traiter le sujet ne m'a pas du tout convaincu (il m'aurait plus intéressé en littérature générale, je pense), mais ça n'empêche pas que l'autrice aurait pu réussir à me captiver ou à rendre le sujet intéressant, ou du moins instructif. Vous l'aurez compris, peut-être, mais ça n'a pas été le cas du tout, parce qu'une fois de plus, le thème est survolé et qu'il y avait tant à dire à ce sujet !

Je me suis ennuyée avec ce roman cousu de fil en blanc, dans lequel les intrigues parallèles ont un coup d'avance sur l'enquête qui n'a plus aucune utilité. L'on tente de mettre en place du suspense et des révélations qui ont été amorcées (et bien comme il faut) en amont et qui ne suscitent alors plus aucune surprise. le thème général aurait pu être intéressant, apporter un plus au roman, et même le pimenter, mais il a été un poil survolé à mon goût et pas forcément bien amené, puisqu'il tombe du ciel en s'imposant dès le départ sans vraiment être légitime. J'ai retenté de lire l'autrice, à plusieurs années d'intervalle, mais il faut se rendre à l'évidence : ça ne passe toujours pas.
Lien : https://aufildelhistoire.com..
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