Bleu Amer

L'Archipel des Chausey se situe au nord de la baie du Mont Saint-Michel, à une quinzaine de kilomètres au large de Granville (commune à laquelle elle sont rattachées). Grande Ile a une superficie de 45 hectares tandis que les autres parties émergées de l'archipel ne sont des îlots de moins de 2 hectares. Pendant la seconde guerre mondiale, après avoir pris possession des lieux, les allemands s'en retirèrent pour n'y effectuer que des visites bi-hebdomadaires, considérant que ces îles présentaient un faible intérêt militaire. le 8 juin 1944, 5 soldats américains échouent sur Grande Ile, suite à l'avarie de l'avion qui les transportait (5 de leurs camarades disparurent). Soignés par les autochtones, ils seront ensuite capturés par les allemands.

C'est le cadre de cette histoire. Les auteurs n'y font cependant apparaître qu'un seul soldat américain. Bien que les habitants de l'archipel soient relativement épargnés par le conflit, le huis-clos qu'il leur impose dans un contexte compliqué crée des tensions entre eux. Et l'arrivée de cet étranger n'arrange rien...

Cette bande-dessinée aura au moins eu le mérite de me faire connaitre l'existence des îles Chausey. J'y ai surtout été impressionné par l'originalité et le beauté du graphisme. Les traits des personnages y sont très réussis ; leurs visages et attitudes à la fois expressifs sans surcharges. Et les objets et paysages ne sont pas en reste.

Une bd qui permet de découvrir la dessinatrice Sophie Ladame. Son style de graphisme est réussi, ayant un bon coup de crayon et utilisant des couleurs poétiques s'accordant bien avec la mer et ses paysages. Certaines planches valent d'être agrandies pour décorations. le scénario de Sylvère Denné est bien moyen et mériterait plus d'inspiration pour mettre en valeurs les dessins.

De très belles esquisses, sur papier craft, au crayon rehaussé de gouache ou acrylique, représentant l'île Chausey. le trait est élégant, le ton est chargé de nostalgie, le rythme est mélancolique. L'histoire se passe à Chausey pendant la seconde guerre mondiale, occupée sporadiquement par les Allemands, un couple de pêcheurs recueille un aviateur américain. L'histoire n'est qu'un prétexte pour mettre en valeur les dessins, de beaux paysages maritimes, des portraits, des homards… C'est beau à regarder, mais l'histoire manque de consistance et n'a rien de bien passionnante.

Un album aux images assez contemplative qui raconte une histoire toute simple et cruelle: celle de français habitants l'archipel de Chaussey au large de la Normandie qui ont vendu un parachutiste américain à l'ennemi allemand en 1944.

C'est clair que ce n'est pas un acte de bravoure et cela caractérise un milieu d'îliens assez fermés et hostiles au changement des habitudes et aux étrangers. Oui, ce bleu océan laisse vraiment un goût amer.

Le dessin est sous forme de crayonnés brut du plus bel effet. Je ne suis pas adepte de ce genre de dessin mais je dois bien avouer que c'est plutôt magnifique avec ses quelques touches de couleurs marrons et bleus.

Sinon, le thème principal sera la lâcheté sous la forme le plus hideuse au-delà du charme océanique de ces îles.

« Printemps 1944, archipel de Chausey, au large de la côte normande. Depuis quatre ans, la France est occupée par l'Allemagne nazie. Les îles ne présentent pas d'intérêt stratégique pour l'occupant. Les Chausiais vivent hors la guerre. Seule une patrouille allemande surveille et ravitaille Grande Ile » … c'est sur ces mots que s'ouvre l'album.

Dans ce monde silencieux entouré d'eau, un homme est parti pêcher pendant que sa femme l'attend sur le rivage. Elle observe l'horizon, elle patiente et parvient difficilement à tromper l'ennui.

Un monde où les perspectives de chacun sont limitées, les semaines sont rythmées comme du papier à musique. Un monde en huis-clos et cet isolement-là rend les gens amers. Pêcher, retrouver les autres au bar du village, rentrer chez soi… puis retourner pêcher. Les hommes ont vite fait de s'emmurer dans leurs pensées. Les jours se suivent et se ressemblent et puis un jour, un soldat américain chute sur les rochers, non loin du rivage. Il parvient à s'enrouler dans son parachute avant de perdre connaissance. Nombreux sont ceux qui l'auraient laissé là mais en voyant son corps inerte, et malgré la présence des Allemands, Pierre décide de lui venir en aide. L'arrivée de cet Américain sous son toit va créer des tensions au village. Et son épouse, Suzanne, à qui il avait demandé de soigner l'Américain, n'est-elle pas plus souriante qu'à l'accoutumée ?

On dirait que Sophie Ladame a réalisé ses croquis pris sur le vif sur du papier craft, de vieilles cartes de navigation maritime ou des cartons. La trame du papier, sa couleur tabac qui s'impose est mêlée aux crayonnés qu'un coup de pinceau vient généreusement enrichir de bleus (bleu ciel le plus souvent) et aux légères touches de blanc. La veine graphique donne de suite une ambiance hors du temps dans laquelle on s'engouffre tête baissée. La mer, sa ligne d'horizon souvent cassée par les vagues et les mâts des bateaux font partie intégrante du paysage. Ils sont omniprésents. Çà et là les aspérités et les reliefs du carton (et notamment son cannelage) s'invitent dans la danse graphique … une touche d'originalité supplémentaire [la chronique continue sur le blog :https://chezmo.wordpress.com/2018/01/10/bleu-amer-denne-ladame/]
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