AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,99

sur 40 notes
5
13 avis
4
11 avis
3
4 avis
2
0 avis
1
0 avis
Un grand roman fleuve que je n'aurais probablement pas lu sans la proposition de Babelio dans le cadre de la masse critique privilégiée. Merci aux Editions de l'Aube de m'avoir envoyé ce livre et à Babelio de m'avoir offert l'opportunité de sa lecture.

C'est un roman de vie, de vies féminines, de vies tourmentées, d'héroïnes qui recherchent un bonheur inaccessible tant les freins sociétaux, les embûches et les douleurs de l'existence vont contrarier leur quête souvent incertaine.

La grande héroïne, c'est Patsy qui, à peine 25 années vécues sur sa terre natale de Jamaïque, veut la quitter pour les Etats-Unis pour y vivre son improbable rêve américain et y retrouver son amie d'enfance dont elle est restée amoureuse, Cicely.

La deuxième héroïne, c'est Tru, la fille de Patsy, âgée de seulement six ans lorsque sa mère l'abandonne pour son départ vers l'Amérique. Au fil du roman, qui s'étend sur une dizaine d'années, le lecteur peut suivre toutes les difficultés de Patsy à New-York, l'effondrement de ses rêves, mais aussi, parallèlement la croissance et l'évolution de Tru, accablée par l'abandon de sa mère.

Nicole Dennis-Benn trace une aventure humaine presque ordinaire, lui conférant une dimension psychologique intense, en explorant tous les tourments de ses deux personnages majeurs, détaillant leurs quotidiens, leurs souffrances, leurs joies, leurs attentes insatisfaites.

Pour Patsy, elle parvient à la rendre attachante dans ses errements, ses remords, son incapacité à faire marche arrière, allant toujours vers un avant incertain qui la détruit plus qu'il ne la porte vers le bonheur. Même si elle pense sans cesse à sa fille durant ces dix années, elle a l'impression de ne plus pouvoir faire un pas vers elle et se trouve enfermée dans un malheur qu'elle s'est forgé. Elle fait diverses rencontres en Amérique qui vont l'émouvoir, des plus malsaines aux plus généreuses et donc, les longueurs apparentes de ce roman travaillent parfaitement le chemin de Patsy, l'évolution de sa vie, de sa réflexion personnelle et le choc de cette maternité avec celui d'un amour perdu et d'un autre qui peut-être lui offrira la possibilité de sortir de ses dilemmes.

Pour Tru, c'est encore plus compliqué et, là encore, Nicole Dennis-Benn produit une héroïne éclatante, une enfant déjà battante qui deviendra une adolescente victorieuse, tout en traversant les affres de l'abandon, mais découvrant peu à peu la capacité qui est la sienne à devenir maîtresse de son destin.

Les autres personnages ne sont pas des satellites mais jouent un rôle déterminant dans la vie de Patsy et de Tru, qu'il s'agisse du père ou de la grand-mère de celle-ci, de ses camarades d'école, de quartier, de lycée et, pour Patsy, de tous ceux qui cheminent à ses côtés dans ce long rêve américain.

C'est aussi un roman où le racisme, celui de la couleur de peau, des différences sociétales, des orientations sexuelles est abordé par Nicole Dennis-Benn avec lucidité, certainement une grande connaissance de la société jamaïcaine dont elle est originaire et de la vie à Brooklyn où elle habite.

Donc, un beau roman où "Si le soleil se dérobe" bien souvent pour ses protagonistes, il peut quand même briller et leur apporter à tous les lueurs de l'espérance.
Commenter  J’apprécie          881
Dans ce second roman dont on doit la fidèle traduction à Benoîte Dauvergne, l'autrice jamaïcaine Nicole Dennis-Benn reprend ses thèmes favoris, à savoir l'homosexualité tabou, la prostitution et les mariages blancs ainsi que le quotidien des femmes qui élèvent seules leurs enfants et la violence des hommes. Son héroïne, Patsy, qui fantasme sur « l'American dream », finit par sauter le pas et tout quitter, laissant au père de sa fillette la charge de True. Elle se détourne aussi de sa mère, confite en religion. Elle tend vers un seul but : rejoindre son amie et ancienne amoureuse, Cicely, installée dans le quartier de Brooklyn à New-York.
Hélas ! La jeune femme va se cogner à une rude réalité. Entrée sur le sol américain avec un visa touristique, elle va être confrontée à la précarité et l'exploitation des sans -papiers. Elle ne trouvera que des travaux sous-payés où elle sera humiliée. Au final, elle aura abandonné sa fille pour s'occuper des enfants des autres, ces riches américaines qui se déchargent de leurs responsabilités maternelles sur le dos des nounous étrangères.
Le statut d'immigré clandestin rend les relations difficiles, la survie précaire et la violence se cache partout. Heureusement, Patsy croisera quelques personnes bienveillantes, comme Fiona ou Claudette.
Malgré l'absence de lettres, hormis une carte de voeux, True espère toujours des nouvelles de sa mère. Elle a du mal à s'intégrer à son nouveau foyer où les injonctions sont : « T'es plus une petite fi, Tu es en âge d'apprendre à être une fanm » Différente des filles de son âge, elle s'isole. Passionnée par le football, elle n'a que des copains garçons et s'habille comme eux. Elle essaie tant bien que mal de grandir sans sa mère et sans personne à qui raconter ses premiers émois sentimentaux.


Le lecteur suit en alternance l'histoire de Patsy à New-York et celle de sa fille True restée en Jamaïque. A travers leur histoire, l'auteure dénonce les conditions de vie des femmes jamaïcaines et des immigrés jamaïcains ainsi que l'homophobie.
J'ai apprécié les dialogues en langue locale très colorée où les hommes se nomment « bougs » et les femmes « fanms ».
L'écriture, très simple et très dialoguée, va à l'essentiel.
Si l'on peut éprouver de l'empathie pour Patsy et True, d'autres personnages sont trop caricaturaux pour être attachants.
J'ai trouvé qu'il y avait des longueurs dans le déroulement de l'histoire jusqu'à ce que tout s'accélère dans les derniers chapitres, comme si, arrivée à 500 pages, l'autrice voulait en finir avec ses héroïnes. Et la fin bâclée et en forme de happy-end ne m'a absolument pas convaincue.
Donc avis très mitigé pour cette lecture.
Je remercie les éditions L'aube et Babelio pour la découverte de ce roman


Commenter  J’apprécie          603
"Si le soleil se dérobe", c'est 570 pages bien remplies et captivantes. C'est un livre dont je n'ai en fait rien à reprocher, tellement chaque aspect est finement travaillé, que ce soit au niveau des personnages et du déroulement des événements, ou encore des lieux/décors et du contexte socio-économique.

Patsy, qui vient enfin de réussir à obtenir son visa, laisse tout derrière elle pour rejoindre son amie d'enfance à New York. Elle abandonne sa fillette, sa mère, son boulot, toute sa vie en Jamaïque. Elle part réaliser son rêve américain. Mais avec les difficultés d'intégration et d'adaptation, s'ajoutent désillusions et déceptions. La vie de sans-papiers qu'elle va mener est loin de celle qu'elle rêvait. C'est un long processus semés d'obstacles et de limites que cette ville, symbole de la liberté, va lui offrir.

Comme dit plus haut, nous avons là un roman archi complet. le contexte, aussi bien en Jamaïque qu'en Amérique, est sacrément bien dépeint. Il n'est pas difficile non plus d'imaginer les lieux, très bien décrits également et bien intégrés au déroulement des événements. L'histoire, quant à elle, est toujours bien menée, et prenante. Les chapitres, de plus en plus courts sur la fin, accélèrent la cadence, je me suis surprise à lire de plus en plus vite.

Les personnages en imposent. L'autrice ne lésine pas sur leur aspect psychologique, leur personnalité et leurs ressentiments. Je n'ai pas pu m'attacher à Patsy, mais à sa petite fille oui. J'ai d'ailleurs particulièrement apprécié qu'elle nous permette de suivre Tru, en parallèle de sa mère, qu'elle nous permette de voir comment elle évolue, grandit, se construit, s'affirme sans elle.

Quant à la fin, elle nous laisse sur une note d'espérance...

Nicole Dennis-Benn use d'une plume bien construite, élaborée, fluide et très plaisante. Je l'ai trouvée un peu détachée de ses personnages, mais ils sont si bien aboutis que je n'en ai pas du tout été gênée. On ressent, aussi, tout le travail effectué pour mener à bien ce roman, tant il est approfondi.

Lu dans le cadre de la masse critique privilégiée, je remercie Babelio et les éditions de l'Aube pour ce roman qui a su me séduire tant par le style d'écriture et de narration que par son contenu saisissant, enrichissant et approfondi.
Commenter  J’apprécie          439
Je remercie la Masse critique privilégiée ainsi que les éditions de l'aube pour la sélection et l'envoi du livre de Nicole Dennis-Benn, "Si le soleil se dérobe". Sans cela, je n'aurais pas eu l'occasion de faire la découverte de cette autrice, tout comme de la culture caribéenne et plus précisément jamaïcaine.

"Si le soleil se dérobe" est la chronique d'une jeune femme, Patsy, d'origine jamaïcaine et sans-papiers en Amérique où elle est allée tenter l'aventure et rejoindre son amour de jeunesse, Cicely. C'est aussi la confrontation de la réalité et de la dureté de la vie face au rêve américain, tant notre héroïne est confrontée à des désillusions à répétition. Son point d'ancrage en Amérique,son amie Cicely, se révèle être bien différente de celle qu'elle a connue autrefois et elle lui a caché bien des choses.

C'est encore le récit d'un parcours semé d'embuches pour une jeune femme tellement éprise de liberté qu'elle en vient à sacrifier l'éducation et l'amour qu'elle doit procurer sa propre fille, Trudy-Ann, en l'abandonnant pour satisfaire ses rêves et désirs personnels et qui se confronte au choc des cultures et des codes.

C'est également l'histoire d'un combat tant le roman fort en émotions que nous propose Nicole Dennis-Benn traite de problématiques sociétales contemporaines, telles que l'exil, la situation des sans-papiers face au monde du travail, la vie à New-York en général, la condition des femmes et des étrangers ou encore l'homosexualité.

"Si le soleil se dérobe", avec un texte puissant, parfois cru également mais aussi fastidieux ne laisse pas le lecteur indifférent face aux (més)aventures que connaît Patsy, l'(anti)héroïne de ce roman où l'ambiguïté de son personnage transparait. Une bonne lecture estivale qui permet de voyager et de faire une escale littéraire et culturelle au travers de la cuisine et du parler jamaïcains.
Commenter  J’apprécie          340
Patsy, jeune jamaïcaine coincée dans son quotidien répétitif, rêve d'Amérique. Entre son boulot au ministère, sa mère bigote et sa fille qu'elle peine à aimer son horizon lui apparaît bien sombre ; alors un jour elle fait la queue à l'ambassade et arrive à obtenir un visa de 6 mois pour les USA. L'occasion de prendre un nouveau départ et de renouer avec son amie d'enfance Cicely mais aussi de laisser sa fille Tru laissée de l'autre coté de l'Atlantique

Mais alors que Tru apprend à grandir sous le soleil de la Jamaïque selon ses propres codes, avec cette mère absente et la promesse d'un retour illusoire, pour Patsy, l'American dream va peu à peu virer au cauchemar. Et même Tru va se rendre compte que plus elle grandit, plus les étoiles finissent par s'éteindre une à une..Nicole Dennis-Benn est née et a grandi à Kingston, en Jamaïque et vit désormais à New York. Elle décrit avec des connais­sances solides l'expérience des sans-papiers en Amérique ainsi que le portrait d'une femme perdue et malheureuse, qui a cru à des promesses illusoires. ⁣

Elle livre un texte parfois doux amer qui nous transporte de part et d'autre de l'océan, sur les pas de nos la mère et la fille, dévoilant les conditions de vie des femmes qui de New-York à Pennyfield doivent sans cesse se battre pour survivre et pour exister.

Pauvreté, homosexualité, poids de la religion et des normes sociales, corruption, racisme : on retrouve un certain nombre de thématiques abordées dans ,Rends moi fière » son premier roman sorti l'an dernier en France.
Ce second roman écrit avec tendresse et sincérité est particulièrement touchant et sensible .
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          180
Ce doit être la première fois - ou l'une des premières - que j'ai l'honneur de chroniquer un ouvrage avant sa sortie en librairie (si j'ai bien compris ...). Un grand merci donc, avant tout, pour cette nouvelle Masse Critique (vivement septembre !!!).
Jamaïque, 1998. Alors que le pays se prépare à vivre au rythme de la Coupe du Monde de football à laquelle participe les Reggae Boyz, Patsy fait le choix de tout quitter, jusqu'à sa fille, pour migrer illégalement aux États-Unis, sans espoir de retour. Elle veut y retrouver la belle Cisely, son amour de jeunesse. Et puis il y a l'espoir d'envoyer de quoi améliorer le quotidien à sa famille et en particulier à sa fille, Tru. Mais la réalité va s'avérer bien loin de ce tableau idyllique et ...
Je n'en dirai pas plus pour éviter de divulguer trop d'éléments de l'intrigue. de ce long roman, je retiens le dialogue permanent quoique muet - il faudra lire pour comprendre le sens de cette expression - entre Patsy et sa fille Tru. Cet aller-retour permanent entre États-Unis et Jamaïque, entre rêve brisé et réalité des bidonvilles.
Nicolas Dennis-Benn délivre ici un roman puissant, sur le déracinement, sur la construction de soi, face au regard de l'autre. Un hymne à la différence aussi. Il y a des passages magnifiques, d'une grande sensualité. Des moments d'intense émotion. Quelques longueurs aussi, parfois, et à l'inverse quelques raccourcis un peu excessifs, surtout en début d'ouvrage. Peut-être pour installer l'intrigue plus rapidement ?
Une très belle lecture au final.
Commenter  J’apprécie          180
J'ai eu l'occasion de decouvrir Nicole Dennis-Benn avec "Rends moi fière" que j'ai beaucoup aimé déjà et ai eu l'opportunité de poursuivre grâce la Masse critique privilégiée et les Editions de l'Aube. Merci, merci, merci!
Ici, l'autrice continue d'explorer les thèmes de la pauvreté, du combat de femmes peu épargnées par la vie, le poids de la société et de nos proches sur nos actes et enfin l'homosexualité,
Ainsi, Patsy, jeune femme et déjà mère célibataire, décide de quitter la Jamaïque pour vivre son rêve américain, abandonnant sa fille, maus vers une vie meilleure auprès de Cicely, amie d'enfance dont elle est amoureuse.
Mais comme dans "Rends moi fière", c'est un roman réaliste, et Patsy va connaître le quotidien des immigrés sans papier à New York. Elle n'est donc pas grand chose dans cette ville qui a vu affluer des millions d'immigrés et cela est très bien décrit ici
Le second personnage principal, c'est Tru, sa fille, qui va peu à peu trouver son chemin et se construire, malgré l'absence de sa mère, pendant la dizaine d'années du roman.
D'un grand réalisme, l'autrice nous amène peu à peu à comprendre la psychologie, les choix, les peurs et l'évolution de chacun de ces personnages.
L'histoire se construit tranquillement, mais pour une pleine compréhension au fur et à mesure, Nicole David Benn distille peu à peu les clés de l'histoire, pour un final émouvant.
Une belle lecture pour moi que j'ai savouré et qui confirme mon intérêt pour l'oeuvre de l'autrice.
Commenter  J’apprécie          160

C'est l'histoire de Patsy, une jeune femme qui rêve d'Amérique depuis que sa meilleure amie a quitté leur île pour la Grosse Pomme.
C'est l'histoire d'un rêve américain qui ne tient pas toutes ses promesses.
C'est l'histoire d'une sans-papier au pays d'oncle Sam qui lui dévoile un New-York pas fort différent de Kingston.
C'est l'histoire d'un amour entre deux jeunes femmes qui restera contrarié pour permettre à l'une d'elle de se donner l'illusion d'avoir réussi.
C'est l'histoire d'une petite fille abandonnée par sa mère et qui peine à se sentir bien dans sa féminité.
C'est l'histoire d'une époque qui se dit libérée mais qui aime tant mettre toute le monde dans des petites cases.

C'est tout cela et c'est bien plus encore.

Si j'ai été au départ un peu déroutée par la plume de Nicole Denis-Benn parce qu'elle digresse beaucoup, me faisant parfois perdre le fil, j'ai très vite été embarquée dans le sillage de Patsy à la conquête de son rêve américain.
Patsy, personnage ambigu qu'on déteste parce qu'elle abandonne sa fille pour une chimère, qu'on admire parce qu'elle s'accroche à sa volonté de faire quelque chose de sa vie malgré les énormes embûches, qu'on plaint face aux conditions de travail et de vie qu'elle doit accepter, qu'on fustige quand elle se rend compte qu'elle a laissé sa propre gamine pour aller élever les enfants des autres pour trois fois rien,... Patsy, qu'on voudrait tour à tour consoler et secouer.
Cette anti-héroïne fait partie de ces personnages qui marquent un lecteur. Parce que l'autrice n'y va pas par quatre chemins et la ciselle d'une plume brute, sans fard, acérée, vraie.

Les personnages secondaires ne sont pas en reste et sont chacun particulièrement bien construits également; tout comme le contexte qu'il soit jamaïcain ou New-Yorkais. L'autrice ne tombe jamais dans la facilité et finalement l'intrigue ne se déroule pas comme un long fleuve tranquille. Sans qu'il n'y ait de réel ressort dramatique, le lecteur ne sait jamais vraiment vers quoi il se dirige. Rien n'est vraiment téléphoné parce qu'on est au coeur de la vie qui, toujours, réserve son lot de surprise.

Un roman fort, des personnages réalistes, des problématiques très modernes, une plume vive pour servir un récit qui restera gravé quelque part entre coeur et raison.
Commenter  J’apprécie          160
Dans une écriture simple et très dialoguée, empruntant quelques expressions au patois local, Nicole Dennis-Benn poursuit son portrait à charge contre la misère et les inégalités en Jamaïque.
Dans son deuxième roman, elle dresse le portrait de Patsy, une jeune femme qui a déjà beaucoup souffert : de la pauvreté, d'un viol, d'une mère intégriste, d'une enfant non-désirée et du départ de sa meilleure amie vers les Etats-Unis.
Le constat est terrible pour la Jamaïque qui ne laisse aucune opportunité aux femmes, et moins encore aux homosexuelles. Patsy sait que son épanouissement ne peut se faire dans la maternité et la recherche d'un mari et décide de demander un visa touristique pour s'installer à New-York et retrouver Cicely.
Le rêve américain sera rapidement fracassé lorsque Patsy comprendra les compromis et les sacrifices que son amie a consentis pour s'assurer une existence confortable. Les femmes immigrées , comme les femmes jamaïcaines, connaissent la pression du mariage imposé, comme si l'indépendance d'une femme était difficilement concevable dans un cas comme dans l'autre. Patsy va donc choisir un parcours difficile pour préserver son identité et elle qui a refusé de s'occuper de son propre enfant, exercera le métier de nourrice pour de riches américaines.
Parallèlement, le lecteur suivra le parcours de Tru, la fille de Patsy qui grandira avec la famille de son père en Jamaïque et qui souffrira beaucoup de l'absence de sa mère mais réussira malgré tout à tracer son propre chemin.
Avec ce roman très vivant et imagé, Nicole Denis-Benn, si elle décrit parfaitement le quotidien de ses femmes, aurait cependant gagné à étoffer la psychologie de ses personnages, en mettant notamment l'accent sur leur ressenti qui n'est finalement qu'esquissé.
Merci à Masse critique de Babelio et aux éditions de L'aube de m'avoir proposé cette lecture.
Commenter  J’apprécie          150
1998 : La décision de Patsy est prise : elle quitte la Jamaïque, son quartier pauvre de Kingston, sa mère bigote, et sa fille de 6 ans Tru, pour retrouver son amie Cicely en Amérique, à New York. Un double fantasme : une nouvelle vie libre et heureuse auprès de la belle Cicely, qu'elle a toujours secrètement aimée. La désillusion sera à la hauteur de l'espérance : énorme. Commence une vie de galère, de misère, de renoncements, d'abandons.
De son côté, Tru, qui vit désormais avec son père policier qu'elle ne connait que de loin et de réputation, dans une famille qui n'est parfaite et heureuse qu'en apparence, va longtemps espérer un signe et le retour promis de sa mère. Elle va également petit à petit découvrir sa différence, son identité, tout en étant oppressée une étrange masse sombre au-dessus d'elle, des souvenirs refoulés.
2008, dix ans après : Quasiment rien n'a changé, parce qu'aucune des deux ne s'appelle Alice et ne vit au pays des merveilles. Mais chacune fera des rencontres déterminantes pour faire des choix et avancer dans sa vie.
Ce roman prend son temps pour installer des personnages et une histoire hyper réaliste et extrêmement crédible. Il est probablement largement inspiré de la vie de l'autrice et de celle de ses connaissances. C'est de la dentelle. Tout y est subtil, dosé, sans pathos outrancier ni happy end improbable. Juste la vie, la vraie.
Une très belle ode au droit à la différence et au courage que cela demande. Magnifique roman.

Un immense merci à Babelio et aux éditions de l'aube pour cette belle découverte dans le cadre d'une masse critique privilégiée.
Commenter  J’apprécie          130




Lecteurs (103) Voir plus



Quiz Voir plus

Littérature LGBT Young Adult

Comment s'appelle le premier roman de Benjamin Alire Saenz !?

Aristote et Dante découvrent les secrets de l'univers
L'insaisissable logique de ma vie
Autoboyographie
Sous le même ciel

10 questions
39 lecteurs ont répondu
Thèmes : jeune adulte , lgbt , lgbtq+Créer un quiz sur ce livre

{* *}