Beauregard

Samson vivait, dit-on, douze siècles avant la naissance du Christ. C’était un juge d’Israël, sage et écouté, car il avait reçu de Dieu une force prodigieuse, qu’il conserverait tant qu’il ne couperait pas ses cheveux, très longs comme tu vois, et qu’il ne boirait que de l’eau. On raconte qu’il captura trois cents renards, leur attacha des torches à la queue et les lâcha dans les champs de blé des Philistins, ennemis d’Israël, pour incendier leur récolte. On dit aussi qu’ayant rencontré un lion en colère, il lui écarta les mâchoires de ses mains et le déchira en morceaux, comme s’il se fût agi d’une pièce d’étoffe.

Le peuple ! le peuple ! Les radicaux, souvent avides de pouvoir personnel, n’ont que ce mot à la bouche. Jamais le peuple, en tant qu’entité floue, n’a joui d’autant de considération verbale. Masse molle et donc malléable, communauté composite, versatile, innombrable, le peuple n’a « de poli que la surface », comme dit Rivarol ! Tu sais bien que le peuple anonyme a toujours servi de référence civique aux futurs dictateurs.

Ce n’est pas un jeu, c’est un symbole, mes enfants. Vous le savez, un arbre vit et grandit librement. Eh bien, les hommes, tous les hommes, doivent aussi avoir la possibilité de vivre et grandir librement. Il faut entendre grandir au sens de développer leurs facultés, leurs talents, leur bonheur, sans entraves injustes. Cette liberté, seule la démocratie peut l’assurer à tous les citoyens.

Une femme vraiment amoureuse ne voit pas plus loin que son amour. Elle n’interdit pas son lit à son mari sous prétexte qu’une grossesse pourrait mettre sa vie en danger. On prend des précautions, mais on ne se refuse pas quand on aime.

— ... La torture, c’est quand on fait du mal aux gens pour leur faire dire les vilaines choses qu’ils ont faites.
— Ou pas faites ! Car la souffrance oblige parfois des innocents à se déclarer coupables