AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Louisiane, tome 1 (88)

Pour les acheteurs étrangers, la Louisiane paraissait figée dans l'attitude reconnaissante d'une demoiselle qu'on a ramassée dans le ruisseau et qui, devenue robuste paysanne, ne saurait refuser au vieux tuteur libidineux ses rustiques faveurs.

p. 38
Commenter  J’apprécie          230
- Quand on veut s’assurer la bienveillance du ciel et obtenir le beau temps pour un mariage ou une cérémonie, mademoiselle, il faut, disent les nègres, enterrer une pièce d'or, au moment où le soleil se couche, la veille du jour où l'on veut absolument convoquer le beau temps.
- Superstition, remarqua Virginie, un peu méprisante.
- Certes, car nos esclaves croient que l'or est la matière constitutive du soleil. Ils expliquent que ce dernier est attiré par la présence du métal jaune, qui lui aurait été dérobé par je ne sais quel dieu cupide. En enterrant une pièce en présence de l'astre, au moment précis où celui-ci est contraint de disparaître, on éveille son attention et l'on est sûr qu'il reviendra le lendemain, pour chercher l'or caché.
Commenter  J’apprécie          140
La contemplation et l'étude de la nature suffisent à démontrer l'existence de Dieu.
Commenter  J’apprécie          90
J'ai connu il y a quelques années quand j'étais avocat à Boston, un très jeune type nommé Henri David Thoreau, petit-fils d'un flibustier normand venu, on ne sait comment, en Amérique. Sa famille habitait Concord, une bourgade située à quelques miles au nord-ouest de la ville et que tous les Yankees connaissent, parce que c'est là que fut tiré, en avril 1775, le premier coup de fusil de la guerre d'Indépendance. J'appartenais à cette époque à la commission des bourses de l'université Harvard et j'avais eu connaissance d'une demande présentée par le père Thoreau, pour son fils. Le brave homme s'y était pris avec une bonne avance, certain que son rejeton serait un jour capable d'entrer à l'université. Je voulus voir ce phénomène, je le vis. C'était un garçon malingre, aux épaules basses, plutôt petit, avec une tête osseuse. Mais il avait le regard flamboyant d'un saint ou d'un fou. Il me posa une question, en tant que juriste, à laquelle j'ai mis longtemps à répondre : "Croyez-vous, monsieur, que toutes les lois soient bonnes et qu'un honnête homme ne doit pas parfois leur désobéir si sa conscience le lui commande ?" A mon avis, on entendra un jour parler de ce jeune type... de Concord.
Commenter  J’apprécie          80
Tout en ayant conscience d'être un élément du grand Tout, ainsi que la feuille appartient à l'arbre, il se sentait, par contre, étranger à la fourmilière humaine. Sans mépris, ni réel intérêt, il en observait l'évolution, convaincu de l'irrévocable solitude de tous et de chacun.
Individualiste, il estimait que chaque être doit vivre suivant sa nature, toutes les contraintes, acceptées ou imposées, ne pouvant que fausser le jeu des forces qui assurent l'équilibre du monde. C'est pourquoi il se méfiait des philosophies, des religions et des morales, carcans moraux et spirituels destinés, selon lui, à remplacer l'harmonie par l'ordre et l'incertain par le préconçu. En cataloguant le Bien et le Mal, comme on trie le coton, les chrétiens s'étaient enfermés dans un dualisme dont ils exceptaient Dieu par commodité. Seuls les contemplatifs lui paraissaient sincères, parce que, sereins et disponibles, ils guettaient les signes que les autres ne pouvaient voir. Tolérant, Clarence ne portait que rarement des jugements sur ses semblables, comme il s'interdisait de prononcer deux mots : "toujours" et "jamais" parce qu'ils contenaient pour lui toute l'outrecuidance du vocabulaire humain.
Un ancien pasteur unitarien, Ralph Waldo Emerson, qui était allé interroger en Europe les grands esprits de l'époque, commençait à prêcher une doctrine non conformiste se rapprochant des théories très personnelles de Dandrige :
Une chaîne subtile d'anneaux sans nombre, Du proche au lointain, relie toutes choses,
avait écrit ce Bostonien qui sentait passer en lui "les courants de l'Etre universel".
Commenter  J’apprécie          60
La seule notion d'éternité qu'il soit donné aux hommes d'apprécier, pensait Clarence, tient dans la contemplation du vide laissé par la mort, la sensation d'absence définitive. Ceux que dispersent les hasards de la vie ont toujours une chance, même si les océans ou les continents les séparent, même si l'immensité du monde les laisse dans l'ignorance de leurs destins réciproques, de se rencontrer. La mort les rend inaccessibles. Les êtres s'y dissolvent.
Commenter  J’apprécie          60
 Le soleil et la femme semblent s’être partagé l’empire du monde, l’un nous donne les jours, l’autre les embellit ! 
Commenter  J’apprécie          50
- J'ai su , docteur, ce que c'est que d'avoir soif !
- Moi pas, faisait le médecin en clignant de l’œil... J'ai toujours bu avant !
Commenter  J’apprécie          40
Voyez-vous, Mosley, nous sommes comme ce pays, apparemment nonchalant et serein. Ces grands espaces que nous habitons nous habitent aussi. Nos dimensions de référence sont celles de ces paysages où le regard se perd, celles de ce fleuve lent et sinueux, qu'on ne peut détourner de son cours. Comme aux bêtes sauvages, il faut à chacun de nous, pour subsister, un territoire autour de sa maison où il puisse chasser, galoper, humer les vents, s'abandonner aux exaltations soudaines de son être, isoler sa mélancolie. Nous ne pourrons jamais nous plaire dans un monde construit par les hommes, des usines et des bureaux, fondant une solidarité factice sur l'acceptation de toutes les promiscuités.
Commenter  J’apprécie          40
Alors que Virginie se trouvait à l'avant du bateau, sous la dunette, elle put elle-même apprécier la prudence du capitaine. Un marin, penché à la proue, maniait la sonde et transmettait au maître du bateau, debout sur la passerelle, hiératique comme un Neptune en charge d'âmes, le résultat de ses observations. C'était une sorte de chant, comme celui qui rythmait les enchères aux tabacs, qu'elle avait entendu petite fille. "Mark four, half four, mark four, mark three, half three, mark twain(1)", criait l'homme, ce qui signifiait que la profondeur du fleuve passait à cet endroit-là de vingt-quatre à douze pieds.

(1) Quelques années plus tard, sur le Mississippi, allait débuter un jeune pilote, ancien apprenti imprimeur, qui s'appelait Samuel Langhorne Clemens. Après avoir été l'élève du capitaine Horace Bixy, une figure légendaire du fleuve, il devait obtenir sa licence de pilote en 1859, à l'âge de vingt-trois ans. Pendant cinq ans, il allait conduire de grands bateaux de La Nouvelle-Orléans à Memphis ou à Pittsburgh. Renonçant à ce métier, qui lui donnait cependant bien des joies, après avoir vu son frère, Henry Clemens, périr à bord du vapeur Pennsylvania Princess dont les chaudières explosèrent, Samuel se fit journaliste et écrivain. Il choisit le pseudonyme de Mark Twain. Sans doute en se souvenant avec mélancolie du chant monotone des sondeurs !
Commenter  J’apprécie          40






    Lecteurs (602) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Quelle guerre ?

    Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

    la guerre hispano américaine
    la guerre d'indépendance américaine
    la guerre de sécession
    la guerre des pâtissiers

    12 questions
    3178 lecteurs ont répondu
    Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

    {* *}