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Critique de labibliothequedurat


Un dur à cuire, ce Depardieu.
L'homme est un instinctif, un redoutable mais fragile instinctif. Un prédateur développant d'illusoires intuitions. Surgissant d'un écran de fumée, se croyant armé du verbe, sa gouaille douteuse couvrira les cris de détresse des fruits de ses propres entrailles. Aveuglé par l'irréel, incapable de lire dans le regard de l'autre, il désarmera ses petits «Icare».
L'être a la rage de vivre. Mais le coeur de ce buffle débonnaire saigne… Depuis plus de soixante ans, ses cauchemars sont hantés de ses premiers vagissements...
Apeurée par les cris de la foule, étourdie par le bruit du métal, la bête fuit les piques du picador. Sorti du ventre de sa génitrice, tel un capricorne blessé par les banderilles assassines…
La gadoue comme carapace. Chapardeur, voleur, la boxe pour seul langage primaire. Il ne comprend rien aux mots. La chrysalide déposera ce beau gosse sur une plage. Là, se découpant dans le soleil, une colossale statue de Rodin, cheveux fous et muscles saillants… Ce Triton fantasque balbutiait du Marivaux
Mais l'enfant sauvage du quartier de l'Omelon, étranger à ce qui se passe autour de lui, imperméable aux lois et aux règlements, incapable de s'intégrer dans un groupe, rigole du spectacle dérisoire des gosses de riches, des enfants de bourgeois. Et de se fondre parmi eux, la nuit, pour les dépouiller consciencieusement de leurs montres, colliers, broches…. Il se fait du pognon… tout en récitant d'une voix tranquille des mots, des phrases encore mémorisées. Les mots des autres, pour remplacer ceux qu'il n'a pas. Ce petit voyou traqué par les gendarmes, prenant Pyrrhus pour un nom de clébard et, à propos de chien, tout juste capable d'aboyer sur scène des onomatopées, à la façon du paternel…
Curieux comme un roquet de rue, parfumé des odeurs des caniveaux, il fait acteur pour sortir de l'analphabétisme. Il aurait pu faire autre chose, mais cela lui est tombé dessus par hasard, il n'a rien choisi. Reniflant à tout va. « Sous le soleil de Satan », il plonge sans difficulté… le spiritisme, la communion avec l'au-delà, la différence infime qui sépare la sainteté de la folie. Flairant ces hommes qui cheminent à travers la nature mystérieuse, et qui balancent entre sainteté et monstruosité.
Ebloui de l'aura qu'il dégage, l'irréfléchi nidifiera au sein de cette banlieue qu'il exècre, se frottant ainsi à cette rigidité hypocrite, à ses yeux, des familles de connards des quartiers chics, de ces bourgeois qu'il volait autrefois.
Cet homme au cou de taureau, parfumé de l'humus de ses terres, en impose. Il a ses propres normes. Les normes des autres, il les « conchie »… La baffe est foudroyante, le verbe est haut. Ses veaux d'aficionados diront qu‘il a du panache… du veau il dira : « Moi je dis que non seulement il faut le museler, mais lui donner des oeufs, alors là tu as une viande nacrée, magnifique ! ». Petit veau, petit veau, viens, je vais aussi… te plumer.
Ce qu'aime le plus cet ogre, c'est parler avec les gens sur les marchés, dans les halles où arrivent tous les légumes, les poissons, les viandes… En Europe… « va chier ! » avec leurs normes… Non. Ma ! Quoiqu'en Italie, là-bas ils savent encore travailler la terre. La bouffe, les pâtes, les tomates, tout çà, il aime bien. A sa mesure, il traîne aux halles de Tokyo, de Pékin, de Saint-Pétersbourg, de Moscou… Et toi lecteur, tape-toi le Picard, rue de la Roquette…
Dur à cuire, ce Gérard. Et il le sait. Une marmite ne suffisant pas, une cuisine ne suffisant pas, c'est par petits morceaux que la Russie va se le farcir. Alors l'homme invente des cuisines sur roulettes, des meubles sur rails…il aime faire bouger les choses, surtout de la tête… Il adore ça, il a des idées, et il dessine des cuisines et après ça, démerdez-vous. Ces cuisines, vante-t-il, elles vont de vingt mille euros tout compris jusqu'à cent mille euros. Dans des bois sublimes. Ils en fabriquent jusqu'à trois mille par jour…. Et maintenant il dessine des salles de bains… ! (Page 168)
Alors « l'acteur » comme ils disent, pour se donner bonne conscience, a une nouvelle idée… « Avec l'horloger Quinting, on fait des montres pour la paix. On a eu l'idée des colombes qui se rencontrent durant une minute toutes les douze heures- une minute pour la paix dans le monde. J'ai eu l'idée d'offrir cette montre à tous les prix Nobel de la paix… et à mon ami Poutine ».
Se pliant en deux, il se fendit d'un pet tonitruant, reniflant d'aise les effluves de sa jeunesse. Grand-mère serait heureuse. « Ma grand-mère habitait en bout de piste à Orly, elle était dame pipi à Orly où j'y passais mes vacances quand j'étais gamin. Dans les chiottes d'Orly – j'adorais ça ».
Ça s'est fait comme ça. En buvant de bonnes bouteilles avec Lionel Duroy.
Mais pousse-toi Lio… tu me fais de l'ombre… « Fais chier ». L'éditeur aussi. Ma gueule suffit…
Je vous ai pompé 16,90 euros les petits veaux.


Lien : http://lesplaisirsdemarcpage..
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