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Raymond Depardon (Illustrateur)
EAN : 9782020654074
96 pages
Seuil (16/04/2004)
3.71/5   7 notes
Résumé :

Il se compose d’un récit de Jean-Noël Pancrazi sur la mort de son père dans une clinique d’Ajaccio puis sur son enterrement dans un village Corse.

C’est un texte poignant et discret qui constitue la suite de Long Séjour. Les photographies de Depardon représentent exclusivement des paysages et des monuments, très loin des images pittoresques et habituelles.

Les deux œuvres n’ont pas de correspondance directe mais sont unies pa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Encore un tout petit livre...très, très dense.

Une acquisition faite à Ajaccio, en août 2006. Mon compagnon était vivant, nous profitions de son île ensemble, avec bonheur...

J'avais choisi ce livre à la librairie de la Marge, à Ajaccio, subjuguée par la beauté des clichés noir et blanc de Raymond Depardon rendant à la fois la beauté de l'île, ainsi que ses mystères et sa sauvage âpreté... En ce 2 juillet ( période anniversaire du décès de Xavieru, mon compagnon, il y a juste 2 années), j'ai ressenti la nécessité de reprendre ce petit volume sur mes rayonnages... Pour retrouver et Xavieru et La Corse...

Quelle ne fut pas ma surprise en débutant le texte, dans le train, vers mon travail... de lire des noms très familiers, liés à Ajaccio, jusqu'à un mot redouté , le "V 240" (établissement très connu pour "la fin de vie")

Le récit personnel de Jean-Noël Pancrazi ne possède pas de lien direct avec les photographies, si ce n'est l'excellent "rendu" d'une atmosphère, de paysages corses où est ancré l'hommage de l'auteur à son papa affaibli, qui a perdu la mémoire. Mort de ce "papa" bienveillant, gentil et avenant... au parcours ardu, entre l'Algérie et la Corse...

Très beau texte qui exprime fort bien les rites, usages, comportements des gens du village pour accompagner "le mort", et apporter réconfort et condoléances respectueuses aux "vivants" éprouvés:

"Le glas sonnait dans le village. le corbillard s'arrêtait sur l'esplanade devant l'église Saint-Antoine. Alors, leur chapeau à la main, les yeux pleins de larmes, les lèvres et les rides aussi sèches que les pierres des murets sur lesquels ils étaient assis, où ils m'attendaient, ils venaient vers moi, les anciens d'Ucciani, en courant presque, comme des bergers affolés dévalant la montagne à la recherche d'un animal blessé ou perdu, dans une ruée d'amour, un monôme de tristesse, m'embrassaient tour à tour dans leur élan de fraternité gauche, de solidarité bouleversée... (p.42)"

Un peu de mal au départ avec les "phrases-accordéon" de l'auteur... mettant à mal mon impatience chronique... Toutefois, le style est extraordinairement poétique... et je suis heureuse d'avoir malmené mon impatience naturelle.

ce texte décrit aussi avec beaucoup d'émotion et de finesse l'amour de cette Corse avec toutes les ambivalences existantes...
"J'avais soudain- moi qui prétendais n'avoir jamais eu besoin de racines- le désir de cette terre, l'envie d'être enseveli, un jour, là où il y avait encore une place, près de lui, au bout du terrain, sous le dernier châtaignier" (p.49)

Ce récit par son style,sa poésie, les photographies en noir et blanc qui l'accompagnent avec beaucoup de sobriété, les lieux, les noms qui me sont familiers ont rendu cette lecture doublement "émotionnante"

je suis , en dépit de la peine "réactivée"... heureuse d'avoir lu cet écrit. Je tenterai d'autres découvertes de cet auteur, dans des thématiques différentes...moins intimes.

Pour moi cet ouvrage est comme une bougie... que je dépose ,en pensée sur la sépulture de Xavier, dans le petit cimetière de montagne de Bocognano... en ce 2 juillet 2014...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Elle ne serait plus, la maison, pensais-je en partant, qu'un lieu de passage où l'on viendrait, seul, chercher ou vérifier un souvenir avant qu'elle ne disparût sous les herbes, les lauriers sauvages, aussi hauts que des arbres, les troupeaux perdus, les neiges, la rouille, les orages de septembre, les boules de pins incendiées et projetées par le vent: les pierres aussi demandaient de temps en temps à être regardées et aimées. (p.52)
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Le glas sonnait dans le village. Le corbillard s'arrêtait sur l'esplanade devant l'église Saint-Antoine. Alors, leur chapeau à la main, les yeux pleins de larmes, les lèvres et les rides aussi sèches que les pierres des murets sur lesquels ils étaient assis, où ils m'attendaient, ils venaient vers moi, les anciens d'Ucciani, en courant presque, comme des bergers affolés dévalant la montagne à la recherche d'un animal blessé ou perdu, dans une ruée d'amour, un monôme de tristesse, m'embrassaient tour à tour dans leur élan de fraternité gauche, de solidarité bouleversée, pour me prouver que - même si on ne l'avait aperçu que quelquefois à la fête du 2 septembre, même s'il ne buvait une anisette à la terrasse de chez Pierrot qu'à Pâques ou à la Toussaint - il faisait partie du village, qu'il était pareil à eux, que c'était un ami qui partait.
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Quand tout s'éteignait, que tous étaient rentrés dans leurs chambres, il n'y avait plus que les pas des infirmières qui venaient changer la poche d'eau, inspecter l'intérieur de sa bouche en me disant, dans la pénombre, qu'il pourrait encore vivre cette nuit. "On ne sait jamais..." murmuraient-elles en se retirant. J'entendais à peine la rumeur d'Ajaccio: une voiture qui roulait à toute allure vers les Sanguinaires; l'écho d'un chant brumeux dans un café de bord de mer, un souffle soudain - de vent ou d'explosion - qui faisait crépiter les branches des palmiers.
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Il sortait, en tremblant, de la poche de sa veste sans couleur, une feuille, lisait un texte qu'il avait écrit. Il évoquait la vie , le parcours de papa (...)

Je l'aurais pris contre moi, cet homme qui donnait ce qui lui restait de souffle pour m'aider et m'apporter la paix; et je voudrais que toutes les étoiles du ciel de Corse, toutes les âmes de la Gravone et les papillons des fées de la vallée descendent vers lui et l'accompagnent au dernier moment. (p.46)
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Videos de Jean-Noël Pancrazi (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Noël Pancrazi
« Cela faisait plus de cinquante ans que je n'étais pas revenu en Algérie où j'étais né, d'où nous étions partis sans rien. J'avais si souvent répété que je n'y retournerais jamais. Et puis une occasion s'est présentée : un festival de cinéma méditerranéen auquel j'étais invité comme juré à Annaba, une ville de l'Est algérien, ma région d'origine. J'ai pris en décembre l'avion pour Annaba, j'ai participé au festival, je m'y suis senti bien, j'ai eu l'impression d'une fraternité nouvelle avec eux tous. Mais au moment où, le festival fini, je m'apprêtais à prendre comme convenu la route des Aurès pour revoir la ville et la maison de mon enfance, un événement est survenu, qui a tout arrêté, tout bouleversé C'est le récit de ce retour cassé que je fais ici. » J.-N. P. Jean-Noël Pancrazi est l?auteur de nombreux romans et récits, parmi lesquels "Les quartiers d?hiver", "Tout est passé si vite", "Madame Arnoul" et "La montagne".
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