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Critique de AlexianeTh


http://marmiteauxplumes.com/pour-lamour-dune-sasunnach-daurelie-depraz/

Pour l'amour d'une Sasunnach est un one-shot qui peut se suffire à lui-même, mais il se pourrait que de prochains opus voient le jour, consacrés aux autres « fiancées » envoyées par le roi Édouard III aux lairds écossais, ladies qui nous sont présentées au moins par leurs noms au cours de l'introduction.

La première à ouvrir le bal est Alannah d'Harcourt, jeune femme très belle, instruite, timide et altruiste. Elle n'est pas sans rappeler le caractère d'Aalissia, l'Anglo-Saxonne de L'amour, la mer, le fer et le sang à quelques détails près, bien sûr. Alannah est très attachée à son pays, l'Angleterre, ainsi qu'à sa famille. Totalement dépaysée et seule, hormis sa suivante Nellie, elle doit tout réapprendre et s'acclimater aux moeurs écossaises. C'est compliqué, parfois difficile même, et Ian MacAlistair ne lui facilite pas la tâche. Si elle est attachée à son pays natif, elle l'est d'autant plus à ses principes, les convenances, en outre, tout ce qui a constitué son éducation jusqu'à présent. Dans le lot, sa vertu qu'elle ne compte pas céder aussi facilement avant d'être mariée. Alannah n'a pas un très fort caractère, il s'aiguise plutôt sur le temps et s'affirme surtout sous le coup de la colère. Nous en apprenons peu sur elle et sur sa famille, quelques informations données de-ci, de-là, mais moins comparées au background de MacAlistair qui s'avère plus développé.

Ian est le seigneur d'Argyll, apprécié de son roi d'Écosse, et respecté par la plupart de ses lairds. Très riche et puissant, il n'en a pourtant pas l'allure ni les manières que l'on attendrait plutôt d'un noble anglais. Soucieux de ses gens et du bon fonctionnement de son Clan, il est quelqu'un de loyal et sait affirmer son autorité, remettant les médisants à leur place lorsque cela s'impose. de tendance malicieuse, rustre parfois aux yeux d'Alannah, il n'est pas pour autant un mâle dominant et machiste. Respectueux des dames, au plaisir de les taquiner, il abhorre toutefois le mariage. Il ne donne pas envie de le gifler à chacune des pages. Beau, bien sûr, séduisant, il va dans le sens du « fantasme Highlander ».

Ces deux héros entrent dans le carcan que l'on connait bien en termes de romance historique : la jeune demoiselle noble, très prude, et le Highlander viril et puissant, obligés de se rencontrer, puis de cohabiter en raison d'un mariage de convenance qu'ils ne désirent pas. C'est en revanche ce qui plait, une recette qui fonctionne depuis maintenant plusieurs années. Savourer les confrontations, altercations, les dialogues, la tension, et même si l'on connait la fin, savoir par quels chemins les deux protagonistes passeront pour y arriver.

Cela n'empêche pas les actions qui permettent de dynamiser l'intrigue, passant alors sur une autre tension que celle amoureuse et érotique. Elles brisent la cadence de prime abord tranquille et nous offrent un shoot d'adrénaline, suffisante pour réveiller notre imagination.

La signature d'Aurélie Depraz se retrouve, entre autres, dans ses qualités descriptives et ses connaissances tirées de très nombreuses recherches. le roman est assez court, mais il est un condensé d'informations et de détails historiques qui enrubannent l'histoire d'amour. Nous en apprenons beaucoup sur le système clanique de l'époque, les enjeux politiques, des fonctions d'un(e) châtelain(e), la mode jusqu'aux plats présents à la table des lairds, à la race de la jument d'Alannah. Cette énumération est encore assez vague, au vu de tout ce qui nous est transmis. de quoi penser que l'on « se couchera moins bête » en refermant le livre. Il se pourrait cependant que ce ne soit pas au goût de tout le monde, certains plus portés sur la romance plutôt que sur l'Écosse du XIVe siècle. Pour les autres, les plus friands d'Histoire et de fiction ancrée dans un contexte authentique, seront ravis de se plonger dans ces nombreuses descriptions, quitte à avoir l'estomac qui gargouille lors des repas gargantuesques.

Mais vous plongerez aussi au coeur des paysages des Highlands, partirez en balade à cheval arpenter les sentiers qui bordent les lochs. Tout comme Alannah, vous découvriez l'Écosse sous son ciel gris, ses terres boueuses, mais aussi sous le soleil, la floraison et son charme unique.

La narration est « classique » pour ce genre : point de vue externe au récit, elle bascule d'un personnage à un autre.

Quant à l'écriture, elle est délicate, précise et conforme à ce que l'on attend d'une romance historique, avec néanmoins cette patte particulière qui nous rappelle le puits de connaissances d'Aurélie Depraz. Les notes en bas de page sont très intéressantes et nous permettent de ne pas nous perdre ou de bloquer sur un terme spécifique, quand ce dernier n'est pas expliqué par le biais du récit.

Pour l'amour d'une Sasunnach reprend un schéma populaire tant dans ses personnages que dans son intrigue, mais il est ludique et contentera les passionnés de l'Écosse comme les amoureux de l'amour. Il est aussi fort probable qu'il soit tout indiqué pour initier les lecteurs qui n'ont jamais mis les pieds dans la romance historique : il rassemble tous les ingrédients et se lit très vite, de quoi passer un très agréable moment au château de Kilchurn.

Enfilez votre kilt, armez-vous de votre claymore, révisez votre gaélique écossais et partez à la conquête de la belle Alannah.

[Blog : Marmite aux Plumes]
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