26 décembre 2014
Sonali Deraniyagala passe quelques jours de vacances en famille dans un complexe hôtelier de Yala au Sri Lanka. D'origine Sri Lankaise, c'est régulièrement qu'elle va se ressourcer auprès des siens accompagnée de son mari Steve et de ses deux fils Vikram et Malli.
Ce jour-là, tout est paisible, quand elle remarque que la mer se rapproche. Très vite l'intrigue fait place à la panique. Il faut s'enfuir immédiatement. Sonali et Steve emmènent les enfants sans prendre le temps de prévenir les parents de la jeune femme, qui occupent la chambre à côté de la leur. Ils ne peuvent pas se permettre de prendre du retard, ils courent pour échapper au mur d'eau qui se dresse derrière eux. Ils montent dans un 4x4, mais leur tentative d'évasion est veine, l'eau les entoure déjà, le véhicule se retourne, ils sont séparés, seule Sonali survivra.
Ce témoignage est d'une extrême pudeur, ses souvenirs sont de petits moments de sa vie de famille qu'elle partage dans ce livre avec nous.
Tout d'abord, elle explique comment elle tentait de ne pas penser à eux pour garder l'illusion d'un cauchemar qui ne serait pas réel. Elle évoque aussi son envie de mourir et ses doutes.
Était-elle à ce point une mauvaise mère pour que Dieu la punisse de la sorte ? Entourée de sa famille, qui fait le maximum pour l'aider, elle se laissera dépérir avant de remonter doucement la pente.
Les années passent et chaque jour lui rappelle une anecdote sur un être aimé disparu. Sa maison de Londres, remplie de souvenirs, dont le lit a gardé l'odeur de son mari, le paillasson où l'on peut encore voir les traces de pieds de ses deux fils, les enfants de ses amies qui jouent dans les jardins environnants et dont les rires lui rappellent que Vikram et Malli devraient avoir le même âge maintenant.
C'est avec beaucoup de tendresse qu'elle parle de sa famille et qu'elle se souvient que quelques jours avant le drame, un de ses amis lui disait combien il la trouvait idéale. Était-ce trop de bonheur ? Lui avait-il porté la poisse en évoquant la chance qu'ils avaient d'être si unis ?
Ce récit n'est pas du tout un documentaire sur le Tsunami et ses conséquences. Il s'agit juste des souvenirs d'une survivante qui doit apprendre à se reconstruire après un tel choc. À aucun moment on ne sombre dans le pathos ou le voyeurisme. Il n'y a aucune haine, juste de la souffrance.
Sonali Deraniyagala nous livre avec beaucoup de pudeur ses souvenirs, son chagrin, l'amour qu'elle porte malgré tout au Sri Lanka. On ressent dans ses propos et dans la façon qu'elle a d'aborder cette situation, qu'elle et son mari étaient tous deux érudits.
C'est un témoignage qui me touche énormément tant ça doit être difficile d'être la seule survivante d'un tel drame. En quelques minutes, elle, mais aussi des milliers d'autres personnes, sont passées du rire aux larmes.
À lire, pour se remémorer cette catastrophe, mais aussi pour se rendre compte qu'une fois les dégâts matériels réparés, les dégâts moraux subsistent toujours, et ce plus de dix ans après cette catastrophe naturelle.
Je vous conseille de regarder au moins deux des trois vidéos que j'ai publiées ci-dessous. Celle de Sonali où elle parle de sa triste expérience et celle sur le Tsunami en lui-même dans laquelle on peut se rendre compte de combien il devait être difficile de se sortir de ces eaux qui charriaient tant de déchets.
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