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EAN : 978B07FZP19LZ
124 pages
(28/07/2018)
3.83/5   3 notes
Résumé :
Ludovic, trentenaire avancé, ronronne dans son quotidien bien rodé sous le soleil arlésien. Il vit en couple avec Louise, une infirmière admirable de gentillesse. La vie de Ludovic va lentement basculer à la suite d'une rencontre avec une femme mystérieuse et fascinante qui va l'entraîner beaucoup plus loin qu'il ne l'imaginait.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Arles, en plein tourisme d'été, sous une canicule qui étouffe, assomme nuit et jour depuis deux mois.

Sortez les bières fraîches, passez sous la douche froide, les nuits sont moites, les auréoles sous les bras, la sueur le long des dos. Oubliez l'hiver, la fournaise règne, la ville chauffe, les esprits aussi.

Ludovic et Louise, un jeune couple dans un petit appart du centre-ville, fenêtres ouvertes sur la nuit qui bout.

Une vieille dame est morte il y a peu dans l'appartement voisin, on l'a retrouvée longtemps après: ses chats ont fait bamboche.

Lui, Ludovic, trentenaire bien avancé, agent de voie ferrée SNCF. Elle, Louise, infirmière aux Urgences (elle va en raconter de belles..!).

De nouveaux voisins se sont installés dans le F3 désormais vide du palier d'étage; il a été lessivé, récuré, désinfecté, désodorisé. Il est comme neuf mais Ludo y sent encore l'Odeur.

Ludo et Louise. Tout pour être heureux. Si ce n'est que...
Leur relation conjugale s'est érodée au fil des ans sous la pression d'une routine quotidienne qui rogne l'élan amoureux. Leur passion commune d'antan s'est rétrécie comme peau de chagrin de plus en plus étriquée. Les jours heureux des premiers temps: un déjà lointain souvenir. le ronron monotone des jours qui défilent a émoussé le désir, rogné le plaisir des tendres et complices instants partagés.
Rien ne se crée, rien ne meurt (et encore, va savoir..!), tout se transforme.

Ludo et Louise. Presque un vieux couple, l'un lassé de l'autre, agacé par ses petits travers jadis perçus comme charmants, et dorénavant jugés presque rédhibitoires.
La rupture n'est pas loin, le lien fragile ne demande qu'à casser. Un noeud s'est dénoué, celui d'une vieille idylle qui se délite peu à peu.

Arles, canicule aidant est en surchauffe; deux coeurs presque en froid s'espèrent encore mais ne se cherchent plus. L'amour s'est envolé sur les ailes d'un mistral brûlant.

Il suffirait d'une tierce personne, d'un espoir de paradis retrouvé pour que tout éclate. Que passe un jupon et Ludo se sent prêt à toutes les folies pour qu'enfin tout soit à reprendre à zéro, à espérer, à vivre à pleines dents. Une nouvelle vie, un horizon tout neuf, vierge, à reconstruire.

Tiens, prenez Aline, par exemple, cette belle fleur brune vénéneuse et peu farouche qui affleure soudain à la périphérie de la vie de Ludo, comme une tentation faite chair, comme une promesse de renouveau. Il ne lui suffirait que de vouloir pour qu'elle ne soit pas un mirage inaccessible. Tant pis pour Louise..!

Rôde le souvenir de la vieille morte parmi ses chats,. Qui sont ces nouveaux locataires qui ne savent pas ... du moins pas encore ?

Ecrit comme çà, le scénario dépeint n'est pas de première fraîcheur. le trio amoureux infernal classique est t'il une nouvelle fois mis à contribution...? Oui et non. Nicolas Derder y met de la peinture toute neuve, de celle qui cache les fêlures de l'âme et masque les précipices psychologiques. du "Nous Deux" ce roman? de la chamallow-romance ? Vous n'y êtes pas du tout; mais alors là, pas du tout. Vous comprendrez trop tard la fausse route empruntée quand hameçonnés, ferrés vous serez, volés de toute certitude, de toute stabilité, de toute vérité et équilibre par une mise en abîme finale qui désarçonne totalement, qui laisse baba, rond de flanc, médusé.
Et au-delà même de l'épilogue, dans le non écrit qui succède au mot fin, livre fermé, le lecteur trouvera dans ses propres scories de réflexions des révélations qui lui feront dire "Mon Dieu, çà veut dire aussi que..". Mais là Derder ne vous dira plus rien, il vous a tout mis en mains, il a fait le job. "Débrouillez-vous avec çà" rigole t'il en tournant le dos.

Perso j'ai aimé. Et comment..! L'auteur m'a embarqué via un ton et une situation sociale que j'ai perçu d'emblée vecteurs de noirceur policière. "Espace Negatif" m'est polar noir, néo-polar, thriller, mais aussi roman contemporain. C'est lent, c'est rapide, c'est doux, c'est violent, c'est humour, c'est auto-dérision, c'est tristesse, c'est critique sociétale acide. Tout çà à la fois. Mais c'est aussi un premier roman, un auteur tout neuf, des lenteurs, des faiblesses et des maladresses. Mais çà laisse tant espérer pour la suite. La prose est atypique, rapide, concise, serrée au ras du propos, acide, souvent drôle.

Avez-vous vu "La mort aux trousses" d' Hitchcock..? Vous souvenez-vous de la scène finale au sommet du Mont Rushmore..? Derder la transpose au sommet de la Tour Ghery à Arles pour un final dantesque. Sacrée référence..! Et quand vous aurez lu et digéré l'épilogue, revenez me voir et nous parlerons d'un autre film d'Hitchcock et pas des moindres.

PS: Un petit coucou amical à Cheyenne-Tala de Babelio et du "Bouddha de Jade" avec qui j'ai partagé en mp de longues discussions passionnantes, à postériori, autour d'un "Espace Negatif" qui mérite le détour et qu'on se retourne sur lui.
Lien : https://laconvergenceparalle..
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En cette période de rentrée littéraire, il est bon de sortir des sentiers balisés pour découvrir de nouveaux horizons.

Espace négatif est le premier roman de Nicolas Derder, sorti il y a un peu plus d'un an.

Ludovic et Louise vivent ensemble, mais le quotidien et la routine ont eu raison de la passion amoureuse et ils sont devenus plus colocataires qu'amoureux. Jusqu'au jour où Ludovic succombe à la passion pour une autre femme.

Sur cette trame assez convenue, Nicolas Derder semble dresser le portrait de trentenaires en quête d'eux-mêmes, happés par la vie, les réseaux sociaux et le souci du paraître, qui oublient tout simplement de se consacrer à ce qu'ils ont déjà et aux personnes qu'ils aiment. Mais ils nous lance surtout sur quelques fausses pistes pour en arriver à un final totalement inattendu. Car cette histoire va bien au-delà d'une histoire d'adultère.

Raconté du point de vue de Ludovic, qui jette sur le monde, son travail et sa propre vie un regard désabusé, ce récit nous entraîne dans une histoire qui tient à la fois du roman dramatique et du thriller.
Car Ludovic se laisse peu à peu entraîner par sa mystérieuse Aline sur des chemins tortueux.

Si on sent très vite des fêlures chez Ludovic, la fin du livre est totalement surprenante. Et l'ensemble du roman si bien maîtrisé qu'on ne voit pas du tout arriver ce dénouement.

Ce récit, qui paraît simple de prime abord, est en fait un récit autour des faux-semblants, des interprétations hâtives, de la part d'ombre de chacun. Il faut être attentif aux petits détails que l'auteur distille pour bien saisir tous les aspects des personnages et percevoir les indices qui peuvent mettre le lecteur sur la voie.

Mais il me semble que je commence à en dire trop. Je m'arrête donc là.

Un mot encore sur le style de l'auteur qui est vif, fait de phrase courte. Pas de fioritures stylistiques, on va à l'essentiel et c'est percutant.
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Nicolas Derder est un jeune auteur indépendant qui signe ici son premier roman.

Il est bon quelques fois de sortir des sentiers battus du monde de l'édition et de tourner son regard vers d'autres horizons. On peut en effet avoir la surprise de capter le potentiel naissant d'un auteur anonyme, comme c'est le cas ici.

L'auteur dresse le portrait de Ludovic, un homme à l'existence banale, qui s'embourbe dans un quotidien sans couleurs et qui n'en peut plus de ce glissement inexorable vers un ennui de mort vivant. le récit va ensuite connaitre tout un tas de bouleversements jusqu'au dénouement final, totalement inattendu.

J'ai apprécié la plume de l'auteur, sa capacité à décortiquer les émotions et sentiments du héros et à faire entrer le lecteur dans sa tête. Et puis il installe une ambiance très imagée.

Dans mes lectures, j'attache beaucoup d'importance au côté psychologique des personnages, cela donne de la profondeur au récit et crée une relation d'empathie (ou d'antipathie) avec les protagonistes. Dans « Espace négatif », j'ai été satisfaite !

Dans ce récit, le titre prend toute son importance. Espace Négatif évoque pour moi les négatifs des pellicules photos d’antan. Les couleurs sombres paraissent claires et vice versa.

Tout dans ce roman noir est en négatif, les situations que Ludovic va vivre, son manière d’être et de penser, l’image qu’il veut renvoyer au monde et ses peurs cachées… etc

Pour bien cerner l’écrit de Nicolas Derder, le lecteur doit toujours garder en tête que toute médaille a un revers, qu’un train peut en cacher un autre, que l’ombre n’existe que parce qu’il y a de la lumière, bref, qu’il n’y a pas qu’une réalité.

Une lecture trop superficielle pourrait laisser penser que ce roman se fond dans la banalité, alors qu’il est beaucoup plus que ça, il cache au contraire (encore un négatif !) une construction complexe et travaillée en profondeur.

Ce premier roman laisse transparaître un réel potentiel et une promesse de mûrissement dans l'écriture pour d'autres publications qui, j'en suis sure, seront encore meilleures.

Lien : https://lebouddhadejade.blog..
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Plonger dans la tête de Ludovic, c'est assister à une vie morne et sans relief. Une vie qui a renoncé à l'éclat de la passion. C'est pour cela que le début du roman est assez triste.

Et puis… il fait la rencontre du couple qui vient de s'installer dans son immeuble et revoit une ancienne connaissance. A partir de là, on peut dire que les choses deviennent intéressantes. C'est même un euphémisme. Ludovic n'est plus un témoin passif de sa vie. Il prend véritablement les choses en main. Il retrouve l'étincelle qui lui manquait jusque-là.

Le récit de ce que cette étincelle engendre nous tient captifs parce qu'on se demande où elle va nous mener. On voit Ludovic se réveiller de son marasme et en même temps, s'enfoncer dans un sacré bourbier. C'est comme voir un camion foncer à toute allure dans la direction d'un arbre. On sait qu'une catastrophe va arriver mais on la regarde tout de même.

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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Lorsque j’entre dans l’appartement, Louise tourne un regard indifférent vers moi, un regard qui ne dure pas plus d’une seconde et retourne vers son programme télé. J’ai envie de me doucher. Je lui jette un salut le plus neutre possible, le moins coupable. 
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