Pourtant, César Franck, dès lors, était plus qu’un virtuose : le grand art l’attirait invinciblement. Il n’avait aucun goût pour les tours de force en faveur à cette époque. Déjà, comme il le restera toujours, modeste jusqu'à la timidité et d’un désintéressement absolu, les succès factices ne le tentaient en aucune façon.
Comment le grand public l’eût-il connu ? Ignorant lui-même d’une façon absolue les procédés de la réclame, il n’avait rien tenté pour attirer l’attention. Par son exemple, il imposait aux siens ses habitudes de modestie et de réserva. Pendant quinze mois, à Amiens, j’ai eu pour collègue son fils Georges. Il nous jouait très volontiers du Bach, du Beethoven, du Schumann, rarement des œuvres de son père. Jamais nous ne l’avons entendu le vanter ou le plaindre. Il ne fit rien pour nous apprendre qu’il était le fils d’un homme de génie. Il le savait pourtant ; il aimait et il admirait son père qui lui-même « avait modestement conscience de sa valeur. »