Il y a des auteurs , comme ça , l'air de rien , qui vous ramènent à une période bénie de votre vie . Celle de l'insouciance où chaque mercredi , vous reveniez de la bibli les bras et le sac à dos blindés de BD ! Habitant à l'époque à 24,78 m du paradis , l'effort se révélait supportable , difficile , mais supportable...
Derib , de son vrai nom Claude de Ribaupierre , était de ceux-là .
Qu'est-ce que j'ai adoré traquer le renard argenté et le bison – rien de perso - aux côtés de Buddy , ouais , entre potes , on s'appelait par nos prénoms . Parcourir ces grands espaces verdoyants avides de liberté et de rencontres qui vous laissaient à des degrés divers une marque indélébile et vous forgeaient en temps qu'humain .
Buddy naquit en 1972 dans le journal Tintin pour s'émanciper au travers d'une franchise dès 1974 . Fauché dans la fleur de l'âge , il disparaîtra en 2011 , nous léguant une vingtaine d'aventures incontournables dans le genre .
Narrant la vie d'une famille de trappeurs dans le Midwest sauvage du 19e siècle , cette série humaniste est un hymne à la tolérance un brin écolo avant l'heure .
Chinook est fondateur . Il évoque la rencontre . Celle , délicate , de deux mondes antagonistes qui vont se trouver pour ne plus se quitter .
Le trait est encore imprécis et le récit contemplatif mais tous deux prendront une réelle épaisseur au fil des albums .
A noter l'originalité de ce cycle qui verra ses héros prendre de l'âge avec le lecteur pour disparaître bien avant lui , fort heureusement .
Avec ses faux airs de Jeremiah Johnson , Buddy m'aura marqué dans ma prime jeunesse et j'aime encore à reprendre les rênes pour chevaucher à ses côtés...