Lucy in my sky, tome 2

Sans réfléchir, prise en otage par une envie complètement irrépressible, j’approche mon visage un peu plus près du sien. À peine une demi-seconde plus tard, sa main se pose contre ma joue et sa bouche est sur la mienne. Ma surprise ne dure qu’un court instant et je ferme les yeux pour savourer ce contact tant espéré. J’ai peur de me réveiller et de réaliser que tout ça n’était qu’un rêve. Dans un soupir, Cameron vient frôler mes lèvres de sa langue. Sans me faire prier, et avec l’impression de défaillir, je lui offre la mienne.

Je l’attrape par la main, avec l’idée de l’obliger à se lever. Sa réaction est sans appel.
– Foutez-moi la paix ! s’emporte-t-il en se dégageant brusquement. Je ne veux pas danser avec vous, point final ! C’est assez clair comme ça, ou je dois vous faire un dessin ??
Quelques clients tournent la tête dans notre direction, interpellés par la véhémence de cette réplique. À côté, Lise et Joshua n’osent plus bouger. Tous deux fixent Cameron avec stupéfaction. Et moi je reste figée devant lui, aussi choquée que s’il venait de me frapper. J’ai l’impression atroce de sentir mon cœur se scinder dans ma poitrine.
La vérité est là, et elle fait horriblement mal.
J’étais l’unique raison de sa mauvaise humeur de ce soir.

La tête de Penny, Kelly et Shonda, à cette révélation, vaut franchement le détour. On croirait voir une bande de ménagères de moins de cinquante ans devant un épisode des Feux de l’amour. Si la situation n’était pas aussi critique, ça me ferait sans doute rire. Malheureusement, il n’y a rien de drôle dans le fait d’avoir blessé à mort un ami qui m’est cher. Ni dans le fait que ce dernier ait le pouvoir d’envoyer l’homme que j’aime en prison...
– Je suis navrée, je n’avais pas prévu que les choses se passeraient comme ça... dis-je, pleine de remords. Tu ne mérites pas tout ça...
Il a un petit rire désabusé. La douleur et la déception qui se dégagent de lui me font mal autant qu’elles m’effraient.

Toute mignonne et lisse au-dehors, mais méchante et sèche à l’intérieur. De la mort aux rats déguisée en sucre d’orge. 

Lorsque je rencontre ses yeux d’aquarelle, un peu rougis par le chagrin, elle me sourit et son visage s’éclaire. J’ai soudainement l’impression qu’il irradie d’elle une lumière et une chaleur capables de tout réchauffer sur leur passage. Capables, même, d’embraser le monde entier.

Elle me sourit doucement, mal à l’aise, et je me perds une seconde dans la contemplation de son visage. Ses joues sont toujours roses, ses yeux brillants et elle se mord la lèvre inférieure d’une façon tout à fait captivante. Je me dis que cette fille est certainement une très mauvaise menteuse. Ses émotions se lisent sur ses traits aussi facilement que les mots sur les pages d’un livre ouvert.

Il n’est peut-être pas trop moche, si on aime ce style basique, mais il n’a aucun charisme ! Je ne pensais vraiment pas que ce genre de mec pouvait intéresser une femme comme Lucy. Non pas que j’y aie réfléchi, cela dit. Sa vie privée ne me concerne en rien, et, d’ailleurs, je n’en ai strictement rien à foutre ! Sauf, bien sûr, si ça empiète sur son travail, ce qui est le cas ce matin.

Elle est si entière, si spontanée, si pleine de vie... Cette fille est une véritable tornade. Et... une bouffée d’air frais dans mon univers irrespirable.