Je continue l'exploration des différentes adaptations graphiques du roman de George Orwell. Il y en a cinq au total. Celle de Jean-Christophe Derrien et de Rémi Torregrossa est la quatrième que je découvre. Elle aussi se démarque, tant par les textes que par les graphismes.
Commençons par ce qui m'a un peu déçu : les dessins. Non pas dans la qualité des traits, fins et précis. Mais plutôt par l'absence ou la pauvreté dans les couleurs. Quasiment tout est représenté dans des nuances de gris. Il y a certes quelques touches de couleurs de temps à autre, pour marquer notamment l'événement le plus heureux, sans contrainte et sans surveillance, ou encore pour démarquer un objet bien précis ou bien un visage. Mais globalement, tout se déroule dans la grisaille. Alors oui, voilà qui dépeint bien l'ambiance générale, souvent oppressante, dominée par la peur, mais j'ai trouvé quand même l'ensemble plutôt fade, terne.
Quant à l'histoire, je suis étonnée qu'elle soit aussi fidèle au roman malgré le nombre de pages (124) et le peu de texte. Pas de narration, uniquement des dialogues et des extraits du journal de Winston, la lecture est donc très dynamique, bien plus facile que dans certaines adaptations que j'ai lues auparavant, bien plus rapide également. Il est vrai que l'ensemble se déroule assez vite, on s'attache peut-être moins aux personnages aussi, mais j'ai trouvé que c'était tout de même bien rendu. Il faut en fait savoir observer chacune des vignettes, qui en disent aussi long que les parties à textes.
Globalement, bien que je déplore un peu les dessins monocordes, ce roman graphique est tout de même appréciable, facile d'accès, un peu léger ou plutôt qui va droit à l'essentiel, très rythmé également.
Je le trouve également plus adapté et donc plus accessible à un plus jeune public, la violence (et notamment les scènes de tortures des derniers chapitres) n'étant pas (ou très très peu) représentée, rien de choquant en tout cas (on voit tout de même la poitrine dénudée de Julia à deux ou trois reprises). Ce pourrait être l'occasion pour les jeunes lecteurs, qui ne seraient pas encore en âge ou peu motivés de lire le roman, de découvrir cette oeuvre classique d'une autre manière.
L'oeuvre de George Orwell est tombé dans le domaine public ce qui a eu pour conséquence la sortie presque simultanée de 5 BD traitant de 1984. du jamais vu dans le monde de l'édition !
C'est ma troisième découverte de ce titre après avoir avisé l'adaptation de Fido Nesti et de Sybille Titeux de la Croix que je n'ai pas su départager malgré leur différence graphique.
D'emblée, je constate que le récit adapté par Jean-Christophe Derrien va plus vite alors que les autres prenaient le temps d'installer une certaine ambiance assez pesante. Là, on passe directement à l'essentiel.
Je dois dire que le dessin me convient le mieux parmi les oeuvres que j'ai lu portant sur le même sujet, la même histoire. Bref, je commence à connaître cette oeuvre par coeur. Il y a un effet lassitude que je ressens malgré tout. Cependant, si j'avais commencé par cette lecture, j'aurais sans doute une autre impression. du coup, il faut rester objectif.
1984, c'est un monde dictatorial où les parents ont peur de leur propres enfants qui pourraient très bien les dénoncer au Parti. le crime de penser ne provoque pas la mort. Il est la mort. C'est assez terrible d'en arriver à de telles extrémités.
Cependant, une telle société où l'on révisait systématiquement le passé a bel et bien existé sous le règne de Staline qui a par ailleurs occasionné la mort de dizaines de millions de ses propres compatriotes révolutionnaires. Evidemment, Georges Orwell pratique une dénonciation déguisée de ces abominations. On ne peut que le féliciter car non ne le dira jamais assez.
J'ai bien aimé l'histoire d'amour entre Winston et cette femme qu'il pensait être à la solde de la police de la pensée. Leur relation est déjà en soi un acte de résistance contre ce parti qui écrase les individus les laissant dans la misère et l'ignorance afin de pouvoir mieux les manipuler.
Cette version m'a éclairé sur un doute que j'avais. J'ignorais que c'était bien O'Brien qui avait dénoncé notre héros et sa complice. Ce n'était pas explicitement montré dans les oeuvres précédentes. Au moins, cette lecture m'a apporté un éclaircissement assez utile. Je trouve que Winston aurait pu être plus prudent sachant que c'était quand même un haut cadre du Parti. Il s'est livré beaucoup trop facilement alors que la confiance semble dure à acquérir dans une telle configuration de société paranoïaque.
Et puis, il y a cette fin où notre héros se prend à aimer son tortionnaire. C'est une triste finalité de la condition humaine. Bref, une lecture qui ne nous laissera pas indemne.
Formidable adaptation en BD du roman de George Orwell.
Jean-Christophe Derrien au scénario réussit un tour de force, c'est clair, limpide, d'une grande finesse.
Et que dire des sublimes dessins de Remi Torregrossa! Je n'aurais pas pu imaginer de graphisme plus adapté pour la mise en images du roman d'Orwell.
Il y a des planches magnifiques, notamment celles en couleurs sur la rencontre entre Julia et Winston, et plein de petites trouvailles, parmi lesquelles je citerai plus particulièrement les bulles en forme de pages de cahier déchiré.
C'est un album qui prend aux tripes et dont je recommande vivement la lecture.
Depuis le 1er janvier 2021, les oeuvres de George Orwell, mort il y a 70 ans , sont entrés dans le domaine public.
Son célébrissime roman d'anticipation "1984" connaît du coup quelques adaptations en bande dessinée dont la meilleure est sans doute celle signée, Jean-Christophe Derrin et Remi Torregrossa, parue aux éditions Soleil .
"1984" est entré dans la culture populaire et il est régulièrement convoqué dès que libertés individuelles se rétrécissent.
Ce modèle de dystopie dénonce un totalitarisme universel résumé dans une phrase devenue culte depuis: "Big Brother is watching you" , avec tout ce que cela implique de restrictions de liberté individuelle et d'opinion, mais aussi de privation d'intimité.
Cette belle adaptation, sombre dans la tonalité et jouant la carte du thriller rythmé et inquiétant, permet aux jeunes lecteurs de trouver une résonnance avec notre époque actuelle, et qu'on pourra compléter en lisant 1984 mais aussi les Georges Orwell paru à un prix modique chez Folio.
C'est l'adaptation en B.D. que je note ici, pas l'oeuvre d'origine qui n'est plus à présenter.
J'aime beaucoup le choix graphique qui a été fait dans cet album ainsi que le traitement des couleurs: l'ensemble est tout en nuances de gris et quelques couleurs pales sont ajoutées sur des éléments ou à des moments clés.
Une certaine humanité ressort dans ces choix, des lignes courbes, des visages assez doux et expressifs.
Du côté de la narration, elle me semble très rapide, presque résumée à l'essentiel mais j'ai apprécié l'alternance des passages à la première personne (extraits du journal de Winston sur du papier écolier) avec les passages en direct. Les personnages principaux sont touchants et crédibles.
Une adaptation agréable pour saisir l'essentiel.
Le crime de penser ne provoque pas la mort.
Il est la mort.
"Ne voyez-vous pas que le véritable but du novlangue est de restreindre les limites de la pensée ? A la fin, nous rendrons littéralement impossible le crime par la pensée car il n'y aura plus de mot pour l'exprimer."
Vous semblez réticent à utiliser la novlangue dans vos écrits Winston?
Et pourtant c’est la seule langue dont le vocabulaire diminue chaque année.
Le but de Big Brother est tellement simple
Il veut restreindre les limites de la pensée. Le crime de la pensée ne pourra plus s’exprimer ainsi.
Pour briser la grande règle, il fallait respecter les petites.
-Nous n’inventons pas de nouveaux mots
Nous en détruisons chaque jour
À quoi sert un antonyme?
Si nous avons « bon » quel intérêt à garder mauvais?
Autant utiliser « inbon » et si on veut signifier meilleur ou excellent, conservons « plusbon »
Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.