Kaléidoscope de scènes contées par les principaux protagonistes, ce roman expérimental d'une des personnalités importantes - quoique secrète - de la vie littéraire française au XXème siècle sacrifie aux travers de l'époque (1943): le Nouveau Roman réunirait bientôt, dans cette veine, audaces narratives et ennui, hélas, de la lecture. Louis-René des Forêts échappe heureusement (mais de justesse) à ce dernier écueil. Il faut néanmoins traverser nombre de chapitres où s'exerce une volonté affirmée de nous égarer, exploitant toutes les ressources du monologue à la Joyce, du pathétique déconstruit de
Faulkner, et, semble-t-il, des récits dostoïevskiens où les motivations du personnage se dérobent sous la retranscription aveugle et angoissante de ses seuls actes, pour aborder une seconde partie où commence à se former l'image d'ensemble, et avec elle l'intérêt du lecteur. Avant cela, le courage de poursuivre ne se soutient que par le style, une prose sombre, somptueuse, et des chapitres courts aux bribes de récit intrigants. L'ambiance est très datée, on se croirait dans un film de
Jean Renoir, ou dans certains romans de
Queneau - dont des Forêts fut d'ailleurs un ami ; elle ressuscite une France oubliée, intime, poussiéreuse. (la suite de la critique sur mon blog)
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