Encore un sujet qui me passionne, l'Opus Dei. Désireuse d'en savoir plus, j'ai lu cette enquête passionnante, qui tente de répondre à un certain nombre de questions sans se préoccuper des idées toutes faites.
Édifiant !
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Mais là, l'ambiance change. Durant sa deuxième et troisième année d'études, de fil en aiguille, la jeune fille assiste à la méditation du mercredi (une demi-heure dans l'oratoire avec les volets fermés, une bougie de chaque côté et un thème de méditation), et finit par se confesser toutes les semaines. Sa préceptrice se transforme en directrice de conscience et établit avec elle un "plan de vie" dont l'austérité a de quoi faire pâlir un ascète : prières à horaires fixes dont la première démarre à 6h30 le matin, dix chapelets par jour, messe quotidienne, lecture spirituelle, examen de conscience chaque soir à l'oratoire, etc., jusqu'à 22 heures, puis, plus tard, retraite annuelle de cinq jours de silence absolu.
Depuis la canonisation d'Escrivá de Balaguer, on aurait pu penser que la prélature avait changé, mais notre enquête montre qu'il n'en est rien. Ce qui a changé, c'est uniquement l'image que l'Opus Dei renvoie : un visage bienséant. Grâce à ce vernis de respectabilité, l'Oeuvre renforce ses positions en France comme au Vatican. Pire, confrontée à une crise de vocation, l'Eglise semble s'accomoder de ces nouveaux croisés qui veulent reconquérir les âmes, même si, pour cela, elle doit renouer avec certains pans d'un catholicisme pour le moins intransigeant.
Très vite, je me suis sentie enfermée, comme en cage. La nuit, la porte d'entrée était fermée à clef, et la clef cachée. Le jour, dès que je sortais, il fallait que je prévienne quelqu'un et que je lui dise ce que je comptais faire. Il fallait que je leur donne mon itinéraire. Je ne pouvais pas faire un pas dehors sans être accompagnée d'au moins deux personnes.
Se mortifier et faire preuve d'humilité devant Dieu est la plus petite des nécessités pour un Homo Opus qui n'a rien de grand, bien au contraire.
Bénédicte des Mazery nous présente l'Intrus, aux éditions Plon.