à l’envers de la peau
si l’écrivain inscrit le stigmate
comme une passion pour les langues
lointaines
en ce corps désormais vide la blessure
qu’à mon insu
les mots fêlés le ciel sans voix
ai-je vu ouvert en son mitan
l’âcre miroitement de l,air enfin visible
le silence l’abandon
le cordon resserré autour
du cou
surface de la page les mots sont
peau
en mon spasme tu perds la parole
oripeau d’ombres disparues dans l’énamoration
le poème mis à mort peu à peu
dans la lumière de Sumatra
qui sommes-nous dans ce lit
les livres les herbes s’étendent
à nos pieds
ton corps que je reconnais endolori
infiniment
de quel amour si pur que le jouir
quand le jouir est pur
peut-être
ne restera-t-il que fragments
des traces soulevées en langueur grave douce
l’entaille en ton corps est une consolation
buvons
l’eau qu’il a dans le corps des amants
nos peaux s’emparent de la lumière
la couleur du monde sourd de nos pores
s’incline le soleil en ses branches
les plus hautes
les mornes de schiste sont presque des temples
il y eut
d’un corps l’octroi des mains pures
les mots des arbres jamais ne jaillissent
ce qui de la promesse point ne se donne
préférant s’entrebaiser à lire et d’une fille
la robe flétrie d’un fol émoi l’ôter
saintement
à coup d’ahan déferle l’encre amarile
il y eut
le lecteur à ensevelir dans le livre
à mi-voix *
nous fermons les issues et nous fermons
la phrase coule comme ne coule
que la phrase
c’est le Niger sur nos peaux nues
nous portons le nom des eaux
qui frayent dans les sables
savanes enfin
JOËL DES ROSIERS à propos des Rencontres québécoises en Haïti
Joël Des Rosiers à propos des Rencontres québécoises en Haïti, qui se tiendront du 1er au 8 mai 2013 dans le cadre du 10e anniversaire de Mémoire d'encrier.