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EAN : 9782207240373
320 pages
Denoël (07/09/1993)
3.14/5   11 notes
Résumé :
Les Koels commencèrent à appeler avant le lever du jour. Leurs voix résonnaient comme un carillon dans les arbres sombres, s'appelant et se faisant écho, s'imitant et s'encourageant mutuellement à lancer des cris de plus en plus aigus. Tara ne supportant plus leurs clameurs plaintives se leva et sortit sur la véranda où elle fut aveuglée par la lumière éblouissante du soleil. Faisant une grimace elle abrita ses yeux et aperçut la silhouette blanche de sa sœur qui ma... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
J'aime bien ces romans où des personnages d'un certain âge jettent un regard critique et nostalgique sur leur passé. Leurs expériences, bonnes ou mauvaises, leur vécu, leur permet l'apprécier à sa juste valeur, de reconnaître les occasions manquées et, à l'aube de la vieillesse, de comprendre ce qu'ils ne pourront rien et changer et essayer de profiter du moment présent. Même si leurs émotions (rancoeur, jalousie, etc.) sont difficiles à maitriser et qu'elles les amènent parfois à répéter les mêmes erreurs, la présence d'un être cher peut aider à les canaliser.

C'est un peu tout ce à quoi le lecteur assiste dans La claire lumière du jour.

Tara, une épouse de diplomate un peu désoeuvrée depuis que ses filles sont adultes, rend visite à sa soeur Bim. Cette dernière, une universitaire célibataire, vit avec leur jeune frère autiste Baba dans la maison de leur enfance tout près de Delhi. le Old Dehli, celui relégué au passé, calme, où il ne se passe plus rien, alors que la frénésie des affaires et de la politique a continué son chemin vers la nouvelle capitale.

Tara est contente de se retrouver dans la maison où elle a grandi, elle se promène dans le jardin, lit des poèmes. Et Bim semble tout aussi contente de l'accueillir. Toutefois, le lecteur attentif remarquera les signes, comme son « insouciance soigneusement étudiée », ou bien sa certitude que sa soeur la croit « que les vieilles filles deviennent gâteuses avec leurs animaux parce qu'elles n'ont pas d'enfants ». Mais Bim réserve son aigreur surtout pour leur autre frère, Raja, et Tara s'efforce de les réconcilier. En vain ?

Toutefois, au fil des jours, la relation entre les deux soeurs connaît des hauts et des bas. Cette proximité, après tant d'années de séparation, fait remonter à la surface des souvenirs. Certains joyeux, la plupart moins. Et Bim, qui paraissait se complaire dans cette vie qu'elle croyait avoir choisie, eh bien, on se rend compte que son abnégation était quasi-forcé. Plusieurs retours en arrière nous montre à quoi ressemblait leur existence pendant leur jeunesse, aux quatre enfants, et comment leur destin aurait pu être tout autre.

L'auteure Anita Desai m'a un peu surpris. J'ai lu et apprécié plusieurs de ses recueils de nouvelles mais ses romans, ses oeuvres un peu plus longues, un peu moins. Je les trouvais correctement écrits mais sans plus. Tout cet effort mis à décrire avec réalisme les traditions indiennes (trop, peut-être ?), à raconter es successions d'actions, ça en réduisait le charme. Mais, dans La claire lumière du jour, l'équilibre me convient : des personnages mélancoliques au passé un peu trouble et aux relations tendues, mêlés à l'histoire de leur grand pays.
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Deux soeurs que la vie a séparé, se retrouvent à Old Delhi, berceau de leur lointaine enfance. L'ainée, Bim, est restée dans la maisonnée familiale et s'est donnée pour ses proches malades et diminués, sacrifiant au devoir et payant le prix amer du célibat. Sa cadette Tara à quitté le pays, a fait un mariage convenable et profitable, et accompagné son mari dans sa vie de diplomate; le frère absent Raja, qui en son temps rêvait de poésie ordoue et brûlait d'un bel idéalisme, s'est mué en un capitaliste bon teint, moralisateur et bedonnant. Ainsi deux expériences de la vie se rencontrent en se confrontant, sous fond de rancoeurs familiales, de souvenirs émus, d'amour filial blessé d'amers reproches non formulés. Avec une prose sereine, la trame du récit, délicieusement mélancolique, aborde les termes éternels de l'humaine condition. Reprenons le vers d'Eliot cité à la fin du récit en une leçon sereine et sage : le Temps qui détruit tout est le Temps qui conserve. Les chapitres qui ouvrent et closent le récit se déroulent dans un même cadre temporel alors que le contenu des autres sections est abordé dans le sens anti chronologique, comme la bobine d'un film d'une vie qu'on aborderait à l'envers afin de saisir la signification que ce qu'on devine et qui se dérobe pourtant à notre complète compréhension. Émouvante, l'abnégation de Bim, ainsi que celle de la tante, parente pauvre, veuve prématurée, exploitée sans vergogne par une indélicate belle famille, puis recueillie à Old Delhi, industrieuse dans son humilité, entourant de sa prévenance ces enfants négligés par des parents distants et indifférents. Une belle oeuvre, mélancolique dans sa douceur et amère par la vérité du ton et des sujets abordés.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
«Old Delhi ne change pas, mais il sombre dans la décadence. Mes étudiantes me disent que c'est un immense cimetière, que chaque maison est une tombe, qu'il n'y a plus que des tombeaux endormis. D'après elles, New Delhi est différent. C'est là que les choses se passent. À la façon dont elles en parlent, on a l'impression que c'est un nid de puces, un endroit où tout l émonde s'agite. Je n'y vais jamais. Baba non plus. Et ici, c'est le calme plat. S'il s'est jamais passé quelque chose, c'était il y a longtemps - du temps des Tughlaks, des Khiljis, du Sultanat, des Mogols - tous ces gens-là...»
Elle faisait claquer ses doigts au rythme de ses paroles.
«Et puis les Anglais ont construits New Delhi et y ont tout déménagé. On nous a laissé ici flotter sur des eaux stagnantes, nous sommes devenus de plus en plus ternes et incolores. Ceux qui ne sont ni ternes ni incolores s'en vont à New Delhi, en Angleterre, au Canada, au Moyen-Orient. Et ils ne reviennent pas.»
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Video de Anita Desai (1) Voir plusAjouter une vidéo

Anita Desai : La claire lumière du jour
Olivier BARROT présente le livre d'Anita DESAI : "La claire lumière du jour": un roman sur l'Inde avec peu d'action : l'épouse d'un diplomate revient dans sa maison en Inde ; mais sa "maison" est aussi l'Inde tout entière, "veuve" du Pakistan après la partition de 1953.
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