L'auteure est connue pour dénoncer dans ses romans la condition faite aux femmes en Inde. Ici, le thème porte sur le viol.
Simram Singh débarque avec sa fille à Goa, au moment des vacances de Noël, pour y passer une semaine de vacances. Las, son ami Amarjit, fonctionnaire de police haut gradé de Delhi, la retrouve à son hôtel et lui demande d'enquêter sur la disparition d'une jeune Anglaise, Liza. Tout d'abord réticente à se laisser gâcher ses vacances, Simram accepte l'offre après avoir visionné sur son téléphone des vidéos qui lui sont adressées anonymement. Il ne fait aucun doute que la jeune touriste a été violée sur la plage par deux hommes. Elle rencontre alors Marian, la soeur de Liza, qui doit lui fournir des informations sur le séjour de l'adolescente, plutôt délurée à Goa. Mais Marian esquive sans cesse les questions et se fait insaisissable. Bientôt, Simram fait l'objet de menaces à peine voilées puis, droguée par des individus, elle manque de tomber à la mer. Quand les amies de sa fille Durga sont à leur tour inquiétées et que le danger s'approche de celle-ci, elle décide de rester seule à Goa pour se lancer complètement dans la recherche de Liza.
J'ai trouvé cette histoire très maladroite dans sa construction, lente dans sa progression et pleine d'invraisemblances.
Goa, tout d'abord. On dirait que l'auteure n'y a jamais mis les pieds. L'atmosphère qu'elle suggère, décontraction bon enfant, vie de patachon, drogue à tous les coins de paillote, semble assez artificielle. Elle parle des fêtes organisées dans les cabanons sur la plage, des vendeuses de colifichets, des touristes qui envahissent les lieux sans qu'on retrouve cette touche d'étrangeté qu'on ressent dans ce lieu du tourisme de masse. Cet endroit enclavé, bondé, à la circulation trépidante, plein de magasins et de restaurants, pourrait être à n'importe quel autre endroit de la planète où il y a un littoral, du soleil et une mer tiède. L'exotisme s'est déplacé du côté indien, c'est le touriste occidental qui est une attraction à Goa. Or, Simram n'a pas l'air de trouver cette faune plus particulière qu'une autre. Elle évoque à plusieurs reprises les Goanais de souche qui ont perdu leur culture traditionnelle au profit de retombées économiques juteuses, mais à aucun moment elle ne nous montre ce que serait l'identité goanaise, peut-être le glacis du christianisme sur le vieux fond hindouiste, les influences portugaises diffuses, les coutumes spécifiques des habitants ?
Quant à l'intrigue, elle est tellement tarabiscotée dans son exposé si bien qu'on s'égare. Pour une enquêtrice du dimanche, Simram se pose là. Maladroite, aveugle, naïve, on se demande pourquoi un fonctionnaire de police ferait appel à elle. le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle manque de subtilité !
Suffit-il de bonnes intentions pour faire un bon roman ? Sans doute pas.
Kishwar Desai dénonce la corruption de la police, les arrestations arbitraires, la torture des inculpés, les trafics en tous genres, l'impunité des politiciens affairistes ET le sort des femmes sous la coupe de prédateurs machistes, non pas avec des sandalettes de plage, mais des semelles de plomb.