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3,37

sur 234 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Rose, fillette négligée d'une aristocrate Danoise nymphomane, Kristina, éblouissante de beauté, à la chevelure flamboyante et d'un officier français, gauche et sans charme, obsédé par Spinoza , débarque seule à Paris, à l'âge de dix- sept ans, décidée coûte que coûte à rester dans cette ville.....

Immédiatement livrée à la pauvreté et à l'exploitation, courageuse, elle s'adapte, retombe....elle devient femme de ménage dans un "café"pour lesbiennes. Elle fume de l'opium à en perdre les dents et les cheveux, est sauvée un temps par la passion qui la lie à Louise qui lui trouve un emploi d'habilleuse à l'opéra comique, puis par l'amour qu'elle découvre auprès d'un nourrisson abandonné....
Multiples visages de mére, de fille, d'amante.En compagnie de Rose, nous traversons la politique, les époques, la société, l'affaire Dreyfus, les Années folles, la grande guerre, la vie d'artiste, les bonheurs fugaces, la solitude, la misére, les bas- fonds, les rêves scintillants, les ruptures amoureuses......
Une existence virevoltante, un récit original, un peu baroque, aux rebondissements feuilletonesques, et cœurs " changeants ".
L'auteur décrit une héroïne et ses aventures contradictoires et mystérieuses dans les années 1900- 1930, bohème et bourgeoisie mêléés.
L'écriture, légère, ciselée, gracieuse, attachante, mêle habilement l'épaisseur du roman historique à l'aisance d'un feuilleton que l'on dirait tout droit sorti des contes scandinaves couplés aux romans réalistes français...
Une œuvre d'apprentissage féministe envoûtante diablement moderne où les époques et les identités successives de Rose alimentent une narration subtilement enchevêtrée.
Entre intime murmuré à l'oreille et souffle de l'histoire, entre vaudeville et mélodrame : voilà une existence " incroyable" pour une femme " singulière".
Agnès Desarthe porte un regard insolent et narquois sur la société française du début du siècle. On ne s'ennuie pas une seconde, tandis que l'auteur convoque avec fantaisie, poésie, volupté et gravité délicieuse "les miséres de Zola",Apollinaire et Dickens, Paris et le Danemark...
Un bien bel ouvrage !
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"Le haut, le bas, murmure Rose en suivant d'un doigt le mouvement naturel des cheveux de sa fille qui s'enroulent hypnotiquement. Comment savoir? A droite,à gauche? Où aller? Car tout n'est qu' un cercle. Et toujours celle qui m'abandonne me sauve, ma mère d'abord,puis Zélada, et Louise enfin." (p 336)
Quelques mots et tout est dit. le destin, le parcours de vie de Rose est tracé. Née au Danemark d'une femme aussi belle que nymphomane, Kristina, d'un père militaire de carrière René de Maisonneuve,grand adepte de Spinoza, Rose choyée par sa nounou Zélada, découvre très vite le monde.Elle revient à Paris toute jeune, sûre que sa connaissance des langues, son admiration pour Alexandre Dumas lui permettront de vivre ou du moins de survivre. de rencontres en rencontres, elle descend progressivement les échelons de la société et est sauvée in-extremis par Louise, avec elle Rose découvre la vie amoureuse , la ronde des artistes, le monde des années d'avant la grande guerre. Elle ne se pose pas de questions, elle se laisse porter par Louise et l'adoration qu'elle lui voue.
Roman romanesque qui traverse le début du 20ème siècle secoué par l'affaire Dreyfus, la guerre , le monde de la nuit, la féminité ,les moeurs qui se libèrent, les choix de vie qui s'affirment . Agnès Desarthe à travers la vie de Rose nous offre un texte à clef , un roman où choix et déterminisme politique ont leur mot à dire ! Ne vous fiez pas aux apparences, cette l'écriture légère, ces dialogues qui fusent et qui pétillent cachent, derrière une histoire de vie, des tiroirs à ouvrir pour découvrir la vie .
Un régal à lire voir même à relire .
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Ce cœur changeant est le douzième romans d'Agnès Desarthe et le premier de ma bibliothèque - Cette lecture fût un moment passionnant, une découverte, un tsunami littéraire.L 'histoire de ce roman est magnifié par une écriture aérienne, légère, multiple. fusionnelle, riche, épaisse, soyeuse, diamantée de perle et de trésor caché...Nous nous évaporons dans le style pour fondre dans les tableaux de cette histoire. Agnès Desarthe explore le choix et ses conséquences ou le leitmotiv est cette pensée -
"- Si je pense blanc, je dis noir, mais au moment de dire noir, je bégaie et je finis par dire blanc.
- Et donc vous gagnez à tous les coups.
- Non, non, non. Je perds. C'était noir."
L'héroïne Rose découvrit des univers, sombres, malsains, lugubres, luxueux, riche, de l'art, de la poésie, lesbien, aristocratique. Elle vivra le luxe, le dépaysement entre le Danemark, l'Afrique et la France, la misère, l'opium, l'amour, la solitude, la joie, le deuil, l'amitié, la mort. La guerre 14-18 frisonne certains moments de vie de Rose. l'affaire Dreyfus caresse la folie Antisémite de son Père René philosophiquement adepte de Spinoza ...
Je pourrais continuer ma logorrhée sur ce roman incroyable .
Il est une pépite et sera la surprise de cette rentrée littéraire 2015.
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L'écriture d'Agnès Desarthe c'est l'alliance du charme et de l'intelligence. Des personnages bien charpentés, originaux, nourris par leur environnement, leurs ascendances et qui donnent à entendre leur petite musique intérieure. Une intrigue qui enjambe les époques et les pays, tisse ensemble les fils des destins personnels et ceux de la Grande Histoire. Surtout, une héroïne forte, singulière, inoubliable. Avec Ce coeur changeant, Agnès Desarthe joue à fond la partition du romanesque, plongeant sa courageuse Rose dans les pires situations dramatiques, empruntant à des héroïnes qui nous ont déjà fait pleurer telles La petite fille aux Allumettes, Cosette ou La porteuse de pain, dans la grande tradition feuilletonnesque.

Rose débarque donc à Paris en 1909. Elle a vingt ans, elle ne connaît rien à la vie mais elle est pleine d'espoir, de confiance et de courage. Fille d'une beauté aristocrate danoise et d'un militaire français incapable de prendre les bonnes décisions, elle a grandi dans une sorte de cocon entre le Danemark, la France et l'Afrique, veillée par sa gouvernante qui, faute de remplacer la tendresse que sa mère est incapable de lui donner lui aura au moins appris deux ou trois choses qui lui serviront plus tard. Paris pour une jeune femme naïve et trop confiante est un véritable piège. Rose va y connaître la misère et l'exploitation, puis la vie de bohème, la tendresse et l'amour avant la déchéance et la résurrection. Sans que rien n'ébranle sa confiance. Sans qu'elle ne cesse de puiser dans les romans qui l'ont nourrie des ressorts pour comprendre et pour avancer. Toujours fidèle à sa vérité même sans forcément bien la cerner.

"Elle quitta la poste insouciante et joyeuse, car elle possédait encore, étant si près de l'enfance, ce ressort, aussi puissant que minuscule, qui, profitant de la souplesse des jeunes coeurs, leur fait aisément faire la culbute, jusqu'au jour où rouillé, voilé, il n'y parvient plus".

Ce coeur changeant est un roman de femmes. Les hommes y sont peu présents et le cas échéant, pour le moins falots. Ce sont les femmes qui décident, qui imposent, qui s'émancipent et font tourner le monde. La scène d'ouverture entre Kristina et René, les parents de Rose est en cela tout à fait explicite. Pour autant, ces femmes n'ont rien d'uniforme. On croise des mères dont le sentiment maternel s'exprime de manières bien différentes. Des femmes qui ont traversé la Grande Guerre et se sont habituées à être en surnombre, des femmes qui entendent mener leur vie et un jour, bientôt, gagner le droit de voter. Parmi elles, le personnage de Rose est lumineux, malmené par la vie, ne connaissant des sentiments que ce qu'il en a lu, confronté soudain à la dure réalité des ruptures et des abandons.

Agnès Desarthe nous offre un roman d'une densité remarquable, aux multiples influences et pourtant totalement unique. D'une écriture fine, gaie presque primesautière, elle confère à son personnage tous les attributs d'une grande héroïne dramatique. Et parvient à toucher au coeur.

Une grande et belle réussite !
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Un beau roman d’évocation, qui parvient sans peine à ressusciter le début du XXe siècle. Je garde un souvenir saisissant d’une scène de retrouvailles au cours de la guerre 14-18 – peut-être l’une des plus poignantes que j’ai pu lire. Je regrette néanmoins la fin, que j’ai trouvé un ton en-dessous du reste : cette grande fresque ne manquerait-elle pas d’un point d’orgue ? La demie-teinte convient certes très bien au personnage de Rose, et le roman se termine sur une boucle plutôt bien pensée, mais j’ai eu le sentiment qu’il manquait quelque chose… Mais cela ne doit pas vous empêcher cependant de vous tourner vers ce beau roman, écrit dans une langue tour à tour simple et sophistiquée, mais qui saisit très bien les petites errances de la pensée et les illusions qu’on se construit pour vivre.

(Version longue sur le blog)
Lien : https://gnossiennes.wordpres..
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Rose, petite fille rejetée par une mère atypique, élevée par une nounou attentive et fantasque, débarque à Paris alors qu'elle a 20 ans, après avoir vécu au Danemark.
Elle ressemble à une enfant, avec des illusions plein la tête et pas un sou en poche.
Son parcours de vie ne ressemble pas à une ligne droite, c'est le moins qu'on puisse dire: servante dans un bistrot, vie de bohème avec son amante, amour , morts, souffrances.
Agnès Desarthe possède à mes yeux l'art de conter sans fards. Rose se laisse porter pas son coeur: ce qu'elle n'a pas reçu de la mère, elle le donne sans compter.
Un très beau roman, qui parle des femmes, et des détours de la société mondaine parisienne.
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Les multiples vies d’une Rose candide, dans le grand lac d’un monde changeant, au tournant du XXème siècle.

Dans une famille danoise ravagée par une tragédie intime, entre un futur beau-père déjà transformé en fantôme ivre et une future belle-mère enfermée dans un corps devenu montagne de chair, René de Maisonneuve, militaire sans défense féru de Spinoza, vient en 1887 rencontrer la belle Kristina, qui se donnera sans séduire, ou sans être séduite, au milieu du lac du manoir de famille.

«René tentait de ne pas trop la regarder, mais sa peau au grain si serré qu’elle semblait avoir la texture d’un abricot captait habilement la lumière et créait un pôle de clarté dans la pièce, une sombre salle à manger toute en panneaux de bois sculptés et en voix tonitruantes des frères, deux basses profondes qui s’efforçaient de masquer le silence alcoolisé de leur père (yeux bleus, injectés de sang sous un voile nacré), l’appétit effroyable de leur mère (à peine le temps de respirer entre deux bouchées, les joues encore pleines, que déjà la fourchette s’abat dans l’assiette et harponne à tout-va), la virginité bientôt mise aux enchères de leur sœur (apparente candeur d’enfant, infinie, magnifique, mariée à une pudeur de fillette, inexistante).»

Cette introduction, d’une magnificence délétère, se conclut sur la naissance de Rose, enfant délaissée par une mère nymphomane d’une beauté lumineuse et d’une froideur de glace, incapable d’aimer sa fille et apaisée seulement par son propre reflet. L’amour de son père, René de Maisonneuve, ne sera pas moins encombrant que le rejet de cette mère, tant cet homme à la logique tortueuse et toujours défaillante, accablé par les tromperies de sa femme, manque de clairvoyance et de sens pratique.

Elevée au Danemark, à Saint-Germain-en-Laye puis en Afrique loin de la société française, de ses règles et de ses classes, Rose est éduquée par Zelada, une nounou plus chérie qu’une mère ou qu’une déesse, qui lui apprend surtout le ménage et les tâches domestiques. En 1909, désireuse de prendre son envol elle débarque à Paris, ignorante des hommes et de la dureté du monde, mais naïvement confiante.

«Le dehors, le dedans, cela importait peu tant que qu’on était en sécurité, qu’on pouvait lire, jouer, entendre de la musique et regarder Zelada faire la poussière et repasser les draps. Aujourd’hui, les choses étaient différentes : Rose cherchait un travail. Elle aimait prononcer cette phrase pour elle-même, «Je cherche un travail», cela lui donnait l’impression d’être à la fois adulte et pauvre, deux états qu’elle n’avait encore jamais connus et qui lui paraissaient particulièrement intéressants.»

Même si on découvre à Paris, en même temps que l’héroïne, qu’elle sait faire des milliers de choses apprises empiriquement, avec sa nounou et au fil des expériences, Rose est abattue par l’exil tel une purge fatale, chutant rapidement vers un fond qui semble sans issue. De l’affaire Dreyfus et l’antisémitisme, des fumeries d’opium, de la tragédie de la première guerre mondiale à la libération des femmes qui osent afficher leur premiers amours, Rose va traverser de multiples vies, du confort de Jane Austen à la misère de Dickens, absorbant comme un buvard crédule et bienveillant les turbulences de l’époque. Et en toile de fond, semblant plus éclatants que ces événements de la grande Histoire, les scènes magnifiques de la nymphomanie et de la solitude tragique de Kristina reviennent en écho premier chapitre, épisodes délétères qui semblent menacer de leur flétrissement les relations d’amour et la maternité hasardeuse de Rose.

«Quand elle était enfant, les catastrophes s’abattaient sur elle sans qu’elle s’y attende et c’était tellement préférable. Elle était noyée, terrassée, anéantie. C’était douloureux, mais tellement moins que l’étau de l’anticipation. En grandissant, elle était devenue, sans le vouloir, une experte de la météorologie maternelle. Elle savait, à l’odeur que dégageait Kristina, à la façon dont l’un de ses yeux s’inclinait parfois vers sa mâchoire, à son sourire – particulièrement lorsqu’il découvrait ses dents -, à l’agitation de ses mains, au son produit par ses expirations, que l’ouragan se levait.»

Le dixième roman (hors livres pour la jeunesse, également très nombreux) d’Agnès Desarthe, paru en août 2015 aux éditions de l’Olivier, fascine par cette superbe lignée de femmes, dérangées et sensuelles, obstinées ou candide comme son héroïne. Il permet grâce à cette folie et cette écriture superbe qui conduit le lecteur en lisière de la fable d’oublier la question accessoire de la crédibilité, et de tomber sous le charme de Rose et de toutes les femmes de «Ce cœur changeant».

Retrouvez cette note de lecture, et toutes celles de Charybde 2 et 7 sur leur blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2015/08/31/note-de-lecture-ce-coeur-changeant-agnes-desarthe/
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Août 2015. Grâce à cette sélection je replonge dans un ouvrage d'Agnès Desarthes que j'avais rencontrée à Nice dans un cadre de travail pour la présentation de ses ouvrages de littérature de jeunesse. Ce livre m'a soufflée ! Je ne m'attendais pas à ça, une grande histoire romanesque et fluide avec un style indissociable de l'aventure, la grande aventure de Rose et de sa famille.

On a l'impression qu'il s'agit de la découverte de Paris, de la vie en autonomie par une jeune femme naïve (et pourtant elle connait tant de choses que les autres ignorent, tant d'expériences belles et inutiles quand on continue d'espérer et de croire en l'humain sans se méfier) et, en réalité, Agnès Desarthe nous raconte le Paris du début du siècle, la misère côtoyant l'opulence, les débuts du féminisme, les désastres de la première guerre, le courant intellectuel de cette période balbutiante (entre le romantisme et les atrocités des guerres qui vont tout changer) et surtout elle nous livre des personnages attachants, à fleur de peau, capables de traverser les épreuves et de renaître. C'est beau vraiment...

J'ai souri, pleuré et espéré au cours de cette lecture, je me suis révoltée aussi, il y a tous les ingrédients pour un livre qui restera en mémoire. Souvent, c'est le style d'écriture qui me fascine et m'émeut, mais ici c'est l'histoire. On dirait une fresque familiale de Troyat. Les lieux sont décrits avec justesse et détails ; on s'y croirait.

Bravo Madame Desarthe. Un livre et des personnages qui feront date dans mon esprit.
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prix littéraire du Monde : une merveille ! A lire absolument!
C.Meaudre
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Le personnage principal de ce roman c'est Rose , une jeune fille de vingt ans au début du XX eme siècle . Son histoire est aussi celle de sa famille essentiellement les femmes , sa mère , personnage étrange au comportement fantasque , sa grand - mère détruite par la mort de plusieurs de ses enfants mais dont la mort ne veut pas , sa nounou qui est la personne à laquelle elle est le plus attachée et le pilier de son enfance .
Son père , militaire peu fiable , perdu dans ses idées philosophiques , est un modèle d'inconsistance .
A son arrivée dans la capitale , sans argent et en rupture avec sa famillle , elle va dériver au gré des rencontres et pour supporter les moments difficiles se replonger dans ses souvenirs .
Au travers de sa vie parisienne , l'histoire des années folles et du milieu artistique et bohème se dessine .
Le lecteur est plongé à la fois dans les méandres des rapports familiaux complexes , et dans la candeur , la simplicité des émotions de Rose .
Le roman est riche , magnifiquement écrit , une merveille .
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