Il est dit que le foetus,dans le corps de la mère,connait tous les mystères du monde. Lorsqu'il naît,un ange lui pose un doigt sur la bouche. Le visage de l'enfant en porte la trace,c'est un léger sillon entre la lèvre supérieure et le nez.
( d'après une légende juive)
Lorsqu'elle entra dans la boutique - Chez Myrène prêt à porter -, elle se sentit aussi intimidée qu'un touriste pénétrant en maillot de bain dans la chapelle Sixtine.
Le regard que lui jeta la vendeuse n'était pas différent, pensa-t-elle, de celui que le pape aurait porté sur le vacancier égaré.
Il faut toujours aller au café en sortant d'un cimetière.
Il ne faut pas que la semelle de vos chaussures rapporte chez vous la poussière de la mort.
Elle ne pensa pas un instant à se pomponner; quand on aime une femme - elle en était convaincue -, on l'aime aussi en tablier, les cheveux en bataille et les pieds nus dans ses savates.
Sonia léchait souvent le visage de ses enfants quand ils étaient petits, mais Dan, qui, pour une raison mystérieuse, n'appréciait pas cette pratique, avait convaincu son épouse d'y renoncer. Les enfants avaient continué de guérir et Dan avait triomphé. "Tu vois", lui avait-il dit, "le rationalisme existe aussi chez nous. Les antibiotiques, c'est pas fait pour les chiens. Laisse les animaux se lécher, nous on a les grands moyens." Quand les enfants avaient grandi et qu'ils étaient passés aux gélules, elle s'arrangeait pour lécher le verre. Qui léchait les médicaments de ses enfants maintenant ?
Il entre dans toutes les actions humaines plus de hasard que de décision .
C’était devenu si familier à présent, cette souffrance qui la prenait par surprise en se logeant à chaque nouvelle crise dans une partie différente de son corps. Elle n’avait pas peur d’avoir mal. Elle n’avait pas peur de mourir. Ce qui la chagrinait surtout, c’étaient les yeux de Dan. Il n’avait plus le même regard qu’avant ; quand il s’approchait d’elle, les sourcils levés, la bouche légèrement ouverte, il semblait toujours sur le point de lui poser une question. Sonia savait que c’était toujours la même question : « Comment te sens-tu ? »